Le Tchad au coeur du nouveau dispositif militaire français

Idriss Deby et François Hollande

Le président français François Hollande a présenté samedi à son homologue tchadien Idriss Déby Itno le nouveau dispositif militaire français dans la bande sahélo-saharienne, baptisé “Barkhane” et dont l’épicentre sera la capitale tchadienne, N’Djamena.

N’Djaména sera le centre névralgique de Barkhane (un nom de dunes mobiles, symbolique de la liberté de circulation et d’intervention que l’armée française entend instaurer au Sahel).

Si Niamey, la capitale nigérienne, abrite un détachement français de 300 hommes qui s’occupera uniquement des informations, la capitale tchadienne sera, elle, le poste de commandement interarmées de théâtre.

La base aérienne Adji Kossei, qu’occupe l’opération française Epervier à N’Djaména depuis le milieu des années 1980, sera désormais le site où les décisions stratégiques seront prises concernant toutes les autres bases françaises de la région rattachées à Barkhane et installées au Niger, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Mali.

C’est de là que décollent déjà les avions de chasse français vers le Sahel et les avions de renseignement français, américains et britanniques en direction du Nigeria, dans le cadre de la traque des lycéennes enlevées par Boko Haram.

Le millier de soldats de l’opération Epervier passe sous la bannière de Barkhane, ainsi que tout le matériel: la base Adji Kosséi, mais également les bases d’Abéché et de Faya-Largeau ( proche de la poudrière libyenne), des Rafales, des Mirages 2000, des hélicoptères Puma et des avions pour les transports et le ravitaillement en vol.

Les forces de Barkhane (3.000 hommes dont 1.300 seront stationnés au Tchad) seront présentes dans les cinq pays précités, et avec une capacité de vouloir réagir, être le plus efficace possible face aux menaces. Elles travailleront en collaboration avec deux unités, l’une basée en Côte d’Ivoire et l’autre à Djibouti.

Grâce à ce dispositif, l’opération Barkhane va pouvoir, selon le président Hollande, non seulement sécuriser la région ou les pays dans lesquels elle sera installée, mais va pouvoir être beaucoup plus efficace dans l’accompagnement des armées africaines. Elle sera “beaucoup plus mobile, plus rapide et plus efficace face aux menaces”, a-t-il précisé.

Les deux chefs d’Etat ont évoqué les menaces autour du Tchad qui se trouve au centre de l’échiquier sahélien: au nord la Libye où existe des foyers terroristes, au sud la Centrafrique en butte à des violences ethniques depuis plusieurs, à l’ouest le Nigeria où la secte islamique Boko Haram sème la terreur, et à l’est le Soudan avec le Darfour et ses rébellions.

“L’une nous a particulièrement préoccupé, même si je ne veux pas faire de hiérarchie, c’est ce qui se passe au sud de la Libye. Et nous avons tous les éléments d’information qui nous parviennent pour être en activité”, a rassuré Hollande.

L’opération Barkhane se substitue aux opérations “temporaires” Licorne (Côte d’Ivoire), Serval (Mali), Sabre (Niger) et Epervier (Tchad) dont le prolongement n’est plus justifié, selon Hollande.

Le président Déby Itno a salué cette réorganisation des forces françaises en Afrique qu’il a jugée “essentielle pour accompagner les armées africaines à prendre en charge leur propre sécurité, faire face aux menaces terroristes ou autres crises”. Il a invité son homologue français à être le porte-parole du continent pour sensibiliser les partenaires à cet effet.

Par ailleurs, le chef de l’Etat tchadien a exhorté les pays africains à se prendre en charge, à assurer eux-mêmes leur sécurité et ne pas continuer à être “un poids pour la France qui a perdu déjà tant d’hommes pour la cause de la paix en Afrique”.

Le président français a enfin loué les efforts du Tchad dans la résolution des crises, notamment au Mali et en Centrafrique. Il a admis que les charges des pays africains, et surtout du Tchad, dans leurs responsabilités internationales doivent être légitimement remboursées par la communauté internationale.

Pour M. Hollande et la France, le Tchad a un rôle particulier dans la sécurisation du Sahel. “Il n’y aura pas de sécurité en Afrique sans un Tchad capable d’être fort, responsable”, a conclu le chef de l’Etat français.

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