Cet incroyable plan B a été dévoilé dimanche 26 juillet dans la matinée par le quotidien grec I Kathimerini qui rapporte des propos attribués à Yanis Varoufakis lors d’une conférence téléphonique organisée à Londres par des fonds souverains et fonds de pensions principalement asiatiques jeudi 16 juillet.
Au menu de ces révélations: groupe de travail secret en comité très restreint, piratage de la plateforme de l’administration fiscale grecque, possibilité de revenir à la drachme d’un instant à l’autre.
Le journal grec assure que Yanis Varoufakis a raconté avoir été chargé par Alexis Tsipras en décembre 2014, avant l’élection de Syriza, de se pencher sur une plan de secours en cas d’échec des négociation avec l’UE.
L’objectif? Trouver un moyen de transférer des fonds directement des contribuables aux organisations sans avoir à passer par les banques, au cas où ces dernières aient à fermer faute de liquidités fournies par la BCE. “Nous voulions créer, discrètement, des comptes de réserve rattachés à chaque numéro fiscal, et permettre ensuite à chacun d’y accéder facilement avec un code”.
Si l’accès aux bâtiments et machines qui auraient permis la manipulation a été possible une fois Varoufakis devenu ministre des Finances, le quotidien cite ce dernier expliquant que la mission est devenue bien plus compliquée quand il s’est aperçu que la direction générale des impôts était en fait sous le contrôle d’un représentant de la troïka.
Pour ne pas éveiller les soupçons de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, Varoufakis aurait alors recruté un ami d’enfance, expert informatique et devenu professeur d’IT (technologie de l’information) à l’Université Columbia, pour pirater la plateforme fiscale.
I Kathimerini écrit que le projet est même arrivé à un stade très développé et cite Varoufakis assurant que le système aurait pu rapidement être très étendu avec des applications sur smartphones. “Bien évidemment, il aurait été calibré en euros mais aurait pu être changé en drachmes nouvelles en un instant”.
“Alors comme ça, j’allais prendre en otage les numéros fiscaux des contribuables? Je suis impressionné par l’imagination de mes diffamateurs”, a réagi Yanis Varoufakis sur Twitter en début de soirée.
Interrogé par le quotidien britannique le Telegraph, Varoufakis a dénoncé plusieurs articles dans la presse grecque dont celui d’I Kathimerini qui déformaient ses propos pour donner l’impression qu’il souhaitait depuis toujours un retour à la drachme mais a reconnu que les citations retranscrites étaient bien vraies.
“Ils veulent me présenter comme un ministre des finances qui s’est rebellé et veulent me faire tomber pour trahison, mettre à la poubelle de l’Histoire les cinq derniers mois de ce gouvernement. [Le retour de la drachme] n’a jamais été mon but en travaillant sur ce système bancaire parallèle. J’ai toujours été contre détruire l’euro car nous ne savons pas les forces obscures que cela pourrait faire déferler sur l’Europe”, assure-t-il.
“J”ai toujours dit à Tsipras que ce ne serait pas une partie de plaisir mais que c’était le prix à payer pour la liberté. Mais quand le moment fatidique est arrivé, il s’est rendu compte que ce serait trop compliqué à mettre en place. Je ne sais pas exactement quand il est arrivé à cette conclusion mais je l’ai su explicitement le soir du référendum et c’est pourquoi j’ai présenté ma démission”, conclut-il auprès du Telegraph.
Le quotidien britannique confirme de son côté les propos tels qu’ils ont été rapportés par I Kathimerini. Sur Twitter, le journaliste du Telegraph Ambrose Evans-Pritchard assure avoir parlé à deux personnes qui étaient présentes lors de la conférence téléphonique à laquelle participait Varoufakis et que ces dernières ont entendu ces mêmes paroles.