L’escalade de la violence se poursuit à Bamenda, une nouvelle vague d’affrontements entre les forces de l’ordre et la communauté anglophone a émaillé le chef lieu du département du Nord-Ouest (Mezam) ce jeudi 8 décembre.
Un bilan encore provisoire fait état de 5 morts et de plusieurs dizaines de blessés. “Il nous a été rapporté qu’il y a des morts mais nous recoupons encore”, a affirmé à l’AFP, ce porte-parole du Social Democratic Front (SDF), Denis Nkemlemo.
Parmi les cinq victimes, au moins trois ont été tuées par balles, selon une source proche.
Tôt ce jeudi matin, des dizaines de jeunes auraient dressé des barricades sur les principales artères de la ville, frontalière avec le Nigéria, mettant symboliquement le feu à des tenues du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, parti au pouvoir).
Les manifestants aurait battu le pavé en masse pour empêcher un rassemblement du RDPC. La situation aurait dégénéré lorsque les policiers ont tenté de disperser la foule en tirant à balles réelles.
Depuis le 21 novembre, la région est sujette à de vives tensions à la suite d’une grève des enseignants et avocats anglophones. Ces derniers dénoncent la « francophonisation » et la « marginalisation » de leur communauté dans le partage des pouvoirs, des postes et des richesses.
Le rassemblement, dénommé « Meeting de la paix » qui devait se tenir ce jeudi, avait pour vocation de leur donner la parole mais aussi de mettre un terme à toutes velléités de fédéralisme.
Philémon Yang, le Premier Ministre et Jean Nkuete, le Secrétaire général du RDPC, devaient également s’adresser à la population locale comme ils l’ont fait mercredi à Buea, dans la Région du Sud-ouest, lors d’une réunion similaire.
Le pays cultive cette double identité depuis la fin de la première guerre mondiale. Cette ex-colonie allemande avait été partagée entre la France et la Grande-Bretagne par la Société des Nations.
En 1960, le Cameroun sous tutelle français accède à l’indépendance. Un an plus tard, il est rejoint par la partie anglophone, qui insiste toutefois pour conserver les systèmes juridiques et éducatifs hérités de la Grande-Bretagne.
Le fédéralisme est alors instauré entre 1961 et 1972, mais le premier président Ahmadou Ahidjo proclame la « République Unie » en 1972.