Accusations de viols d’enfants en Centrafrique: le ministère public français exige un non-lieu

Il appartient maintenant aux juges d’instruction d’ordonner un procès ou de confirmer ce non-lieu, l’hypothèse la plus probable puisqu’aucune inculpation n’a été prononcée.

Les accusations avaient ébranlé l’armée française, présente en Centrafrique pour restaurer la sécurité après des mois de violences entre rebelles musulmans, les Séléka, et miliciens chrétiens, les anti-Balaka.

Pour le parquet, «il ne peut être affirmé à l’issue de l’information qu’aucun abus sexuel n’a été commis sur ces mineurs», mais les éléments recueillis et «la variation des témoignages ne permettent pas d’établir des faits circonstanciés et étayés à l’encontre des militaires qui ont pu être entendus comme mis en cause dans ce dossier», a indiqué à l’AFP la source proche du dossier.

 

L’affaire avait été révélée fin avril 2015 quand le quotidien britannique The Guardian avait fait état d’une note interne de l’ONU relatant les auditions de six enfants, âgés de 9 à 13 ans, qui dénonçaient des abus sexuels imputés à des militaires dans le camp de déplacés de l’aéroport M’Poko de Bangui, en échange de rations de nourriture, entre décembre 2013 et juin 2014.

Saisi par le ministère de la Défense, le parquet de Paris avait ouvert dès juillet 2014 une enquête préliminaire mais son existence était restée secrète et les autorités françaises ainsi que l’ONU avaient été accusées d’étouffer l’affaire. Le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire.

Parole de l’enfant 

Dans leurs témoignages, les enfants avaient donné des détails comme des surnoms ou des caractéristiques physiques des militaires, permettant de compter 14 possibles agresseurs. Les juges et la gendarmerie prévôtale, chargée d’enquêter sur les militaires en opération extérieure, se sont rendus à Bangui en 2015 et 2016 pour entendre de nouveau les enfants.

Ces auditions, menées longtemps après les faits, ont soulevé de nouvelles questions. Face à des photos, un enfant a dit reconnaître son agresseur mais il ne s’agissait pas d’un militaire. Un autre a concédé avoir menti. Un autre disait avoir lu le nom d’un soldat sur son uniforme, mais un test a montré qu’il ne savait pas déchiffrer le mot «maman», précise à l’AFP une source proche du dossier.

Partie civile, l’association Ecpat, qui lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants, a demandé une expertise pour s’assurer que la parole des garçons a bien été prise en compte et que les discordances dans les récits ne puissent provenir de leur traumatisme.

«Le parquet n’a même pas attendu que les juges se prononcent sur cette demande», regrette l’avocat de l’association, Me Emmanuel Daoud. «C’est la manifestation d’un manque de considération pour les parties civiles et cela alimente le soupçon de vouloir en terminer au plus vite avec ce dossier».

Entendue par les enquêteurs, la fonctionnaire onusienne qui a recueilli les premiers témoignages s’est dite convaincue de la sincérité du discours des enfants.

Six militaires désignés comme pouvant être des agresseurs ont été identifiés, puis entendus, dont l’un en garde à vue.

Certains ont affirmé avoir donné des rations alimentaires, dans un contexte de grande pauvreté, mais ils ont nié tout abus sexuel. Leur placement sur écoutes n’a pas permis d’étayer les soupçons. Sur le téléphone de l’un d’eux, des dizaines de vidéos pornographiques ont été retrouvées, dont huit à caractère pédopornographique, un nombre de fichiers trop faible pour caractériser un profil de pédophile, selon une source proche de l’enquête.

Une autre enquête judiciaire, toujours en cours, porte sur des faits similaires visant des soldats de Sangaris, de 2013 à 2015, dans l’est du pays.

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