Crise anglophone: Le maire de Buea accuse des commerçants de menées “sécessionnistes”

Face à la presse hier, le maire de la Commune de Buea, chef-lieu de la région du Sud-ouest, Patrick Ekema, ne s'est pas embarrassé de circonlocutions à l'endroit des commerçants de sa ville qui continuent de garder leurs boutiques fermées les lundis et mardi, conformément au mot d'ordre lancé en décembre 2016 par le Consortium de la Société Civile, à l'origine des protestations dans les régions anglophones. « Les villes mortes n'ont pas été beaucoup suivies ces jours-ci, mais certains sécessionnistes à Molyko y adhèrent encore, et nous ne pouvons pas les forcer à ouvrir leurs commerces », a-t-il répondu à un journaliste qui lui demandait les raisons de la persistance du respect du mot d'ordre de « villes mortes » par les commerçants, nonobstant la marche qu'il a récemment organisée pour les inciter à reprendre leurs activités.

Par le passé, ce jeune maire d'obédience Rdpc (parti au pouvoir) a très souvent été écouté par ses administrés, quand il les appelait au calme et leur promettait de relayer leurs aspirations auprès des autorités compétentes, voire du président de la République. Par la suite, ils se sont rendus compte que soit c'était du bluff, soit leurs problèmes n'étaient pas à son niveau : le cas par exemple de la libération des leaders anglophones qui reste attendue et qui ne peut émaner que du chef de l'Etat, ou de l'Internet dont la coupure a duré 93 jours, jusqu'à ce que le président Biya décide de le rétablir dans les zones anglophones. Selon un commerçant de Buea, le maire qui est un chaud partisan de Paul Biya tient absolument à faire croire à celui-ci qu'il est une élite très écoutée et sur laquelle on peut compter, beaucoup plus même que son frère ennemi de prédécesseur, Charles Mbella Moki, aujourd'hui sénateur, avec lequel il est toujours en guerre. « mais de là à ce qu'il nous traite de sécessionnistes parce que nous attendons que soient libérés ceux qui se sont battus pour nous et qui ont été déportés pour être emprisonnés à Yaoundé, avec le risque que le pouvoir nous renvoie de nouveau son armée pour nous réprimer, il y a un pas de trop que ce maire zélé est en train de franchir ». Pour un natif de Buea, résidant à Douala, “Ce sont des élites comme Ekema Esunge dans le sud-ouest ou Atanga Nji dans le Nord-ouest, qui, pour garder leurs positions au sein de la mangeoire, font croire au chef de l’Etat que tout va bien, et que des gens qui ont pourtant très mal ne sont que de simples agitateurs… Si un jour le président se trouve confronté à une situation comme Laurent Gbagbo à la Cour Pénale Internationale, ils vont le renier et jouer les innocents qui subissaient seulement les ordres, alors que ce sont eux qui tuent leurs propres frères pour la nourriture…”

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