RDC – Pas d’enquête internationale : comment sous la pression des dictatures africaines, l’Onu cautionne le massacre des populations du Kasai par Kabila

 

 
Joseph Kabila : le fils du “sauveur” est passé maître dans l’art de régner par la terreur

 

Kinshasa peut désormais respirer à grands poumons. Il n’y aura pas d’enquête de l’Onu au sujet de la tragédie que vit depuis un an le courageux peuple du Kasai, pris dans les tenailles d’une armée congolaise constituée pour la plupart de mercenaires tutsis rwandais. Un ponce-pilatisme onusien qui n’est ni plus ni moins qu’une caution apportée aux tyrans qui peuvent désormais massacrer impunément leurs peuples, en comptant sur la levée de boucliers “souverainiste” de leurs homologues quand les défenseurs des droits de l’homme oseront élever la voix. 

L’ONU ne devrait finalement pas lancer d’enquête internationale sur les tueries dans le Kasaï. Selon l’hebdomadaire jeune Afrique, « Le projet de résolution qui doit être débattu ce jour-même à la 35ème  session du Conseil des droits de l’Homme, à Genève, n’en fait en tout cas pas mention ».

C’est le résultat d’un compromis (d’une compromission ?)  entre l’ONU et des dictateurs africains, qui, par solidarité avec leur homologue congolais, Joseph Kabila Kabangue, alias “Le Pol Pot congolais”, n’ont pas voulu d’une enquête onusienne pouvant  révéler la face noire des pratiques sanguinaires des satrapes qui dirigent la plupart des Etats africains. Un document confidentiel des Nations unies consulté hier par Jeune Afrique laisse déduire clairement que l’ONU ne lancera pas de mission d’enquête internationale sur les violences au Kasaï en RDC, même si les discussions se poursuivent à Genève, pour déjouer la vigilance de l’opinion internationale sur de prétendus débats pour le vote  d’une résolution sur la RDC prévoyant  « l’envoi d’une équipe d’experts, incluant des experts de la région, (…) pour l’établissement de faits et de circonstances au sujet des allégations d’abus et de violations des droits de l’homme et des lois internationales dans les provinces des Kasaï, en accord avec les pratiques et les standards internationaux et en assurant la protection de toutes les personnes coopérant avec l’équipe, mais aussi en coopération avec le gouvernement de la RDC, ce qui inclue la facilitation des visites et des accès au pays, aux sites et aux personnes concernées ».

Les experts, a appris Jeune Afrique, « devront remettre leurs conclusions aux autorités judiciaires congolaises », et « le Haut Commissaire aux droits de l’homme devra présenter un rapport » dans un an au 38e Conseil des droits de l’Homme. « Le groupe Afrique formé du Burundi, du Togo, du Botswana, du Soudan, du Mozambique, de l’Algérie et de l’Égypte semble donc avoir eu gain de cause », écrit Jeune Afrique, qui rappelle que ledit “groupe Afrique” « soutenait la position de Kinshasa face aux Européens qui plaidaient eux, comme le mouvement citoyen Lucha, pour la création d’une enquête internationale indépendante des autorités congolaises, ce que ces dernières refusaient catégoriquement pour des questions de souveraineté et de refus de toute ingérence étrangère. Le texte qui devrait être soumis au vote du Conseil vendredi devrait donc s’aligner sur les propositions des États africains ».

Ces erreurs du passé dont la conséquence logique est  la situation dans laquelle survivent (!) aujourd’hui des pays comme Haïti, la République Démocratique du Congo, la Libye… devrait pourtant inviter la soi-disant communauté internationale, à ne pas laisser les Maduro, Kagame, Biya, Bongo, Ouattara, Salmane, Sassou, Deby, Erdogan, Berdimuhamedow, Bouteflika, Nkurunziza, Karimov … verser en toute tranquillité le sang de leurs peuples, tout en se faisant « élire » par ces mêmes peuples miraculeusement atteints d’amnésie ou souffrant du syndrome de Stockholm, à des scores « indiscutables » . Pas forcément en les tuant comme cela a été fait avec Kadhafi, ou en déversant des tonnes de bombes sur les pays déjà martyrisés par des dictateurs ou encore en suscitant des rébellions qu’il est toujours difficile d’enrayer une fois qu’on a réussi à faire partir ces tortionnaires, mais en leur suspendant la moindre aide financière ou militaire, en les isolant du reste du monde, et en se disposant à les arrêter ou à arrêter n’importe lequel de leurs collaborateurs au cas où ils enfreindraient cette mesure.

Comme on peut le deviner aisément, ces pays qui ont ainsi agi sans la moindre honte, ont dû mettre en avant le « souci  d’une Afrique qui tient à son indépendance » et qui « dit résolument non à sa recolonisation par les puissances occidentales ». Même s’il est vrai qu’une fois que les régimes qui avancent de telles arguties sont renversés à la suite des mouvements populaires et que leurs dirigeants sont malmenés, ils n’hésitent pas à invoquer le respect des droits humains qui sont les leurs, tels qu’édictés par la charte des droits de l’homme de l’ONU.

Le comble c’est que l’Onu qui n’est plus décidément que ce grand machin dont parlait le général de Gaulle, souscrit à ce gros exercice d’hypocrisie, en laissant des centaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants, à la merci de petits tyranneaux assoiffés de sang et de pouvoir. Au nom de la « souveraineté des Etats indépendants ». Or il n’y a pas vérité plus indiscutable que le fait que les dirigeants passent tandis que les peuples qui constituent les Etats dits « indépendants » sont appelés, eux à rester. 

Les Lénine, Bokassa, Roosevelt, Gbagbo, Lincoln, Pol Pot, Mobutu, Castro, Chavez, Compaoré, Marcos, Houphouet, Duvalier, Ahidjo, Mao, Kadhafi, Sankara, Nasser, Franco, Habyarimana, Kabila (Laurent Désiré), Saddam, … qui, tous autant qu’ils sont, se prenaient pour des messies ou étaient considérés comme tels par leurs compatriotes,  ne sont plus de ce monde depuis belle lurette. Cela n’empêche pas que les peuples qu’ils ont ou traumatisés, massacrés et affaiblis –pour certains- ou édifiés, relevés et développés –pour d’autres- continuent bon an, mal an, leur petit bonhomme de chemin, vers l’accomplissement de leurs destins. Mais ce qui est indiscutable, c’est le retard pris en matière de développement par les peuples jadis opprimés et massacrés, et qui fait qu’aujourd’hui, ils continuent d’être à la charge de la communauté internationale, obligée -par acquit de conscience et non par générosité- de leur venir en aide financièrement et matériellement, voire alimentairement. 

Ces erreurs du passé, dont la conséquence logique est  la situation dans laquelle survivent (!) aujourd’hui des pays comme Haïti, la République Démocratique du Congo, la Libye… devrait pourtant inviter la soi-disant communauté internationale, à ne pas laisser les Maduro, Kagame, Biya, Bongo, Ouattara, Salmane, Sassou, Deby, Erdogan, Berdimuhamedow, Bouteflika, Nkurunziza, Karimov … verser en toute tranquillité le sang de leurs peuples, tout en se faisant « élire » par ces mêmes peuples (miraculeusement atteints d’amnésie ou souffrant du syndrome de Stockholm) à des scores « indiscutables » . Pas forcément en les tuant comme cela a été fait avec Kadhafi, ou en déversant des tonnes de bombes sur les pays déjà martyrisés par des dictateurs ou encore en suscitant des rébellions qu’il est toujours difficile d’enrayer une fois qu’on a réussi à faire partir ces tortionnaires, mais en les privant de la moindre aide financière ou militaire, en les isolant du reste du monde, et en se disposant à les arrêter ou à arrêter n’importe lequel de leurs collaborateurs au cas où ils enfreindraient cette mesure. Ils n’iraient plus couler des jours heureux à la Baulle ou dans les pays Nordiques en négligeant le développement du tourisme dans leurs pays. Ils n’iraient plus se soigner en Suisse ou au Val de Grâce, en laissant les hôpitaux de leurs pays dans un état de délabrement structurel, infrastructurel et moral tel que des visiteurs et des gardes malades y soient obligés de s’improviser chirurgiens pour opérer à la “lame de rasoir” des femmes enceintes à terme. Ce sera déjà ça de gagné, et in fine, ils seront obligés de démocratiser vraiment la vie, pour avoir droit de cité dans les “pays des Blancs” qu’ils affectionnent tant, tellement ils sont snobs et inconséquents pour se contenter  de ne tourner en rond que dans les pays à régimes dictatoriaux qui ressemblent aux leurs, qu’ils s’y ennuiraient très vite.

 
Quand des dictateurs comme “KabHitler” et leurs armées passent, les vies humaines s’éffacent 

Pour mieux comprendre combien il est choquant de laisser des dictateurs prospérer dans leurs inhumaines entreprises, il n’y a qu’à prendre tout son temps pour revisiter le reportage d’anthologie de la journaliste Sonia Roley de RFI intitulé « RDC : violences au Kasai. La réaction de l’armée, des preuves en images » (voir les liens en fin de page). Tout le monde comprendra que dans un Etat démocratique  où les droits humains sont respectés, aucun homme d’Etat n’aurait pris le risque de faire assassiner un leader populaire auprès des siens, devant épouses et enfants, fut-il un meurtrier, ne serait-ce que pour ne pas provoquer des mouvements de rébellion incontrôlables.  Car le principe qui veut que force revienne à la loi ne vaut plus rien si son application doit charrier sur son passage  des centaines de milliers de vies humaines comme c’est le cas en RDC. Même l’infernal couple Sarkozy-Ouattara n’a pas osé faire cela en Côte d’Ivoire, et ce n’est pas que l’envie de le faire ait manqué à des gens qui venaient de massacrer dans la localité de Duekoué -coupable de sympathie pour Gbagbo, deux semaines auparavant, environ 3000 personnes. Ils étaient simplement conséquents, si on peut le dire ainsi, une atteinte à la vie de Laurent Gbagbo pouvant être la cause d’un brasier inextinguible.

Liens vers le reportage de Sonia Roley 

http://webdoc.rfi.fr/rdc-kasai-violences-crimes-kamuina-nsapu/chap-01/ 

http://webdoc.rfi.fr/rdc-kasai-violences-crimes-kamuina-nsapu/chap-02/

http://webdoc.rfi.fr/rdc-kasai-violences-crimes-kamuina-nsapu/chap-03/ 

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