En mars dernier, ce jeune homme d’environ 18 ans, soupçonné de vol, avait été torturé et laissé pour mort par des policiers en service dans la localité d’Ombessa au Cameroun, qui avaient même poussé le bouchon du sadisme en le transportant hors de leurs services pour le déposer, agonisant, au bord de la route, après lui avoir infligé des sévices innomables (graves plaies et brûlures de second degré sur l'un des bras et sur les deux jambes).
Il n’eut la vie sauve que grâce à un bon samaritain qui le prit en pitié et le fit transporter dans un centre médical. Le concours de quelques bonnes volontés avaien permis de collecter de l’argent pour lui prodiguer des soins qui déboucheront d’ailleurs sur l’amputation de ses jambes et de l’un de ses bras.
Le tollé soulevé par cette affaire avait fait croire que le gouvernement camerounais ferait amende honorable, ne serait-ce qu’en asurant à cette victime de ses agents, un traitement allant dans le sens de sa resocialisation, étant entendu que depuis sa rencontre avec les nervis de la police camerounaise, il est devenu handicapé à vie. Que non, car le ministère des Affaires Sociales auquel incombe cette tâche s’en fout comme d’une guigne du sort de ce garçon qui est devenu malgré lui une charge pour la société.
C’est ce que vient de révéler, le Mandela Center, une ONG locale qui se veut un Centre d’Assistance pour les Victimes d’Injustices Sociales, de Violations des Droits de l’Homme et de Torture, à travers un communiqué que nous publions ci-dessous.
“Affaire Ibrahim Bello : Le MINASopte pour la confrontation”Le Mandela Center, porte à l’attention de la communauté nationale et internationale, Qu'en date du 19 juillet dernier, une forte délégation du Consortium des Ongs des droits de l'Homme mobilisées autour de l'affaire Ibrahim Bello, sous la houlette de Mandela Center, s'est rendue au Cabinet de Mme le Ministre des Affaires Sociales (Minas);
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Ce qu’il s’était rééllement passé: la version de Ibrahim Bello
«Quand je suis arrivé là-bas, un policier m'a demandé de m'asseoir et il a commencé à me taper violemment avec la machette, sans même me demander ce qui s'est passé. On ne m'a pas permis de dire ce que je faisais à côté de cette voiture. Ensuite, on m'a mis en cellule où il y avait quelques personnes.
La nuit, un autre policier a menotté ma main gauche sur la fenêtre et par la suite on a cherché deux grosses chaines avec les cadenas pour attacher mes deux bras sur la fenêtre. Quelques minutes après, alors que les menottes creusaient déjà mon bras, parce que trop serrées, on a attaché mes pieds avec une longue fronde en caoutchouc.
J'ai vu trois personnes à côté de moi dont une, de courte taille et l'autre, de taille élancée. Ils m'ont placé en balançoire. Mes bras étaient attachés sur la fenêtre et les gens ont arrêté mes pieds ligotés et je regardais vers le sol. Ils ont commencé à me taper avec la machette et un morceau de planche plusieurs fois en me versant de l'eau. Le policier a pris le gros bout du long fusil qu'il avait sur lui pour cogner violemment mes doigts et ma main gauche au point où le sang sortait partout. Ensuite, par plusieurs fois, ils ont branché le courant électrique sur moi. J'ai crié pendant longtemps mais personne ne m'a laissé. Pour la suite, je ne sais plus ce qui s'est passé»
Bien sûr, nos lecteurs seront deçus de ne pas lire ici la version de la police camerounaise. Mais cela tient d’une chose : Au Cameroun, même si la loi en dispose autrement, ils ont le droit de vie et de mort sur les citoyens, et ne trouvent par conséquent pas de raison de justifier ou d’expliquer quoi que ce soit. Seules les autorités, pour ne pas se faire taper sur les doigts par l’opinion internationale, peuvent annoncer des “enquêtes approfondies” sur une ou des affaire(s) de sévices infligés aux citoyens par des policiers, militaires ou gendarmes. Mais sauf cas de force majeure, ces enquêtes ne vont généralement jamais plus loin que leur annonce.