Présidentielles (suite…) Odinga “libère” les Kényans en consentant à l’arbitrage judiciaire du différend électoral

Enfin ! La parole qui libère le peuple kényan –enserré de puis le 09 août dernier dans les griffes de la violence postélectorale- a été dite mercredi par le candidat de l’opposition, présumé battu à l’issue de l’élection présidentielle du 08 août 2017.

“Nous avons décidé de saisir la Cour et de montrer au monde la fabrication d’un pouvoir généré par ordinateur”, a fait savoir mercredi Raila Odinga.

Dans un premier temps, et ce en dépit des pressions internationales (ONU, Union Africaine, Union Européenne) manifestement motivées par les recommandations des observateurs internationaux qui ont adoubé sans autre forme de procès son adversaire donné vainqueur avec 54,27%, monsieur Odinga et la coalition d’opposition Nasa dont il défendait les couleurs, avaient refusé tout recours à la Cour suprême “inféodé” au régime Kenyatta.

Un refus expliqué par le précédent de 2013, quand ladite Cour Suprême, saisie par Raila Odinga en contestation des résultats de l’élection de cette année, avait simplement validé ceux-ci.

Raila Odinga a justifié ce revirement par les menaces gouvernementales de fermeture de deux organisations non gouvernementales, à savoir la Commission kényane des droits de l’homme (KHRC) et Africa Centre for Open Governance (AfriCOG), qui envisageaient la saisine de la Cour suprême sur le processus électoral, Nous avons été contraints de réviser nos positions et de déposer nous-mêmes le recours, a déclaré un membre de la coalition de l’opposition.

En effet, dans le feu des représailles engagées contre les voix discordantes contestant la victoire du président sortant Uhuru Kenyatta, le bureau de coordination des ONG (ONG Borad) du ministère de l’Intérieur Kényan a annoncé lundi, le retrait de la licence ainsi que le gel des comptes de l’ONG KHRC, pour « Possession de comptes illégaux », « perception irrégulière » de dix millions d’euros, « emploi illégal d’étrangers » et 800 000 euros de dette au Trésor public.  Dans la foulée, hier mardi, le bureau des ONG a demandé la dissolution de l’ONG AfriCog (Africa Centre for Open Governance), le gel de ses comptes et l’arrestation de ses dirigeants, pour “activités illégales”.

Cependant, la hiérarchie du ONG Board, à savoir le ministre de l’intérieur, lui a enjoint ce mercredi de surseoir à toutes les mesures prises contre ces deux organisations dans un délai de 90 jours, le temps qu’une enquête plus approfondie soit menée.  

Selon la radio française RFI, « La KHRC avait notamment été à l’origine d’une marche, le 1er août, au lendemain de la découverte du corps de Chris Msando, un responsable de la Commission électorale indépendante (IEBC) en charge du système informatique tué dans des circonstances troubles. La KHRC envisageait, avec notamment l’Africa Centre for Open Governance (AfriCOG), de saisir la Cour suprême kényane sur le déroulement du processus électoral avant la date butoir de ce vendredi 18 août. ».

Si le challenger de Uhuru Kenyatta continue d’imputer la victoire du président sortant à la fraude électronique dont il accuse la commission électorale, la seule annonce de la saisine prochaine de la Cour Suprême pour arbitrer le différend né du scrutin est perçue par plusieurs observateurs comme une sage et salutaire décision qui va permettre à son peuple de sortir du cycle infernal de violence dans lequel il s’est engouffré une semaine durant, et qui a fait environ une vingtaine de morts -dont un bébé âgé seulement de six mois, frappé par la police lors de l’assaut lancé par celle-ci contre le domicile de ses parents- et quelque 180 blessés.

Il faut cependant noter que la saisine de la Cour Suprême ne signifie pas forcément la fin des manifestations. Mais celles auxquelles les leaders de l’opposition entendent appeler désormais appeler leurs militants, se voudront “pacifiques” selon les indications de Raila Odinga, qui a tenu à rappeler à ses partisans que la Constitution de 2010, dont il fut l’un des grands artisans, protège  le droit de manifester, de faire grève et de recourir à la désobéissance civile : “Nous prêcherons la paix (…) nous défendrons nos droits de se rassembler et de manifester. Nous organiserons des veillées, des minutes de silence, nous battrons le tambour et ferons tout ce qui est possible pour attirer pacifiquement l’attention sur ces injustices électorales flagrantes”.

La balle est maintenant dans le camp de la plus haute institution judiciaire qui sera saisie au plus tard vendredi, et qui devra avoir vidé le contentieux au plus tard 14 jours après sa saisine. Cet arbitre électoral de dernier ressort ou recours doit montrer patte blanche en matière d’équité, pour qu’il n’y ait pas de raisons de faire resurgir les vieux démons de l’instabilité.

Notamment quand on sait que l’opposition exige à raison que soient rendus publics les formulaires 34a portant les résultats de chaque bureau de vote, et les formulaires 34b portant les résultats des circonscriptions.

Ces formulaires auraient dû être mis en ligne sur le site de la Commission électorale indépendante (IEBC) immédiatement après le scrutin, mais jusqu’au 14 août, soit six jours après, une vingtaine de formulaires 34a manquaient, et pas un seul formulaire 34b n’était visible en ligne. Ce qui conforte  dans sa posture soupçonneuse, le camp Odinga dont on attend qu’il prouve justement que les élections ont été truquées comme allégué, et qui ne va pas manquer de trouver en cette occurrence une sorte de pain béni.

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