“Nous devons abandonner cette mentalité d’assistés”: face à Macron, Nana Akufo-Addo du Ghana, nouveau héraut d’une AFrique libre et fière

Face à son homologue français Emmanuel Macron, début décembre, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a plaidé pour une Afrique autonome et non en quête de charité. Et cela régale les réseaux sociaux.

Un discours aux relents “sankaristes”, prônant une Afrique forte, autonome et non assujettie à l’aide occidentale. En conférence de presse conjointe la semaine dernière avec le président français Emmanuel Macron qui effectuait sa première visite au Ghana, Nana Akufo-Addo n’y est pas allé de main morte pour dénoncer ce qui peut être qualifié de “mendicité” africaine à la France.

A la question d’un journaliste ghanéen de savoir si la France allait renforcer son “soutien” à d’autres pays africains hormis ses anciennes colonies, la réponse du dirigeant ghanéen a été sans équivoque. “J’espère que le commentaire que je m’apprête a faire ne vas pas offenser la personne qui a posé la question ainsi que les gens présents dans cette salle. Je pense que l’on fait une erreur fondamentale sur cette question”, a lancé d’entrée M. Addo, sachant que probablement que ses propos pourraient créer la controverse.

“On ne peut pas continuer à faire des politiques pour nous, dans nos pays, dans nos régions, sur notre continent sur la base du soutien que le monde occidental, la France ou l’UE voudrait bien nous donner. Ça ne va pas marcher, ça n’a pas marché hier et ça ne marchera pas demain, a-t-il amorcé, insistant sur la responsabilité de l’Afrique de tracer sa propre voie.”.

“Nous voulons que les jeunes Africains restent en Afrique. Et cela veut dire que nous devons nous débarrasser de cette mentalité de dépendance, cette mentalité qui nous emmène à nous demander ce que la France peut faire pour nous. La France fera ce qu’elle a à faire pour son propre bien et si cela coïncide avec nos intérêts…”

Une introduction qui a visiblement troublé Emmanuel Macron, qui ne savait plus de quel côté de la pièce poser son regard, tantôt gêné, tantôt admiratif de son homologue ghanéen. Mais cela n’a pas freiné ce dernier dans son élan. Loin de là.

“Ce n’est pas correct pour un pays comme le Ghana, 60 ans après les indépendances, d’avoir encore son budget de la santé et de l’éducation financé par la générosité et la charité des contribuables européens”, a-t-il ajouté.

Pour le président ghanéen, l’heure est venue pour l’Afrique de s’appuyer sur ses avoirs, ses forces vives, afin de devenir elle-aussi, un vivier d’aide non seulement pour ses populations, mais aussi pour d’autres partie du monde en difficulté.

“(…) Ce continent, avec tout ce qui arrive est toujours le réservoir d’au moins 30 % des plus importants minéraux du monde. C’est le continent des vastes terres fertiles. Ce continent a la plus jeune population de tous les continents au monde. Donc il y a une énergie nécessaire, il y a le dynamisme, on l’a déjà constaté”, a-t-il expliqué, prenant en exemple des nations asiatiques qui ont su gagner leur autonomie.

“La Corée, Singapour, la Malaisie, ces pays ont eu leur indépendance dans la même période que nous, on nous dit même que au temps de l’indépendance, le revenu par habitant du Ghanéen était supérieur à celui de la Corée. Aujourd’hui, la Corée fait partie du monde développé. C’est pareil pour la Malaisie et Singapour (…) Qu’est ce qui s’est passé ? Pourquoi ont-ils fait cette transition ? Et 60 ans après notre indépendance, nous sommes toujours à ce point-là. Voilà les questions essentielles qui devraient être notre préoccupation, en tant qu’Africains, en tant que Ghanéens”, a poursuivi le dirigeant.

Sur les réseaux sociaux, cette intervention est déjà qualifiée de mémorable. Les internautes louent le courage de l’homme d’Etat, certains le présentant comme le nouveau porte-voix d’une Afrique qui veut en finir avec les pratiques néocoloniales.

À l’aube de la visite du président français, certains médias présentaient cette visite, la première d’un président français au Ghana, comme une “main tendue” à ce pays anglophone. Visiblement, le président ghanéen a une autre lecture de la situation. Et peut-être bien le président Macron qui annonçait lors de sa visite au Burkina Faso, quelques jours plus tôt, que la France n’avait plus de politique africaine.

Carole KOUASSI

*Titre originel de l’article est “Macron au Ghana : le discours mémorable du président ghanéen sur l’autonomie africaine viral sur les réseaux sociaux”

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