Des scènes comme celles-ci, où l’on voit des populations prendre la route de l'exil pour le Nigeria parce que leurs villages ont été incendiés par l'armée, sont devenues récurrentes dans les régions anglophones du Cameroun
Le village Boa Bakundu (arrondissement de Mbonge, département de la Meme) dans la région du “séparatiste” du Sud-ouest du Cameroun a été à son tour victime des violentes représailles de l'armée camerounaise, qui y a incendié dans la nuit de vendredi à samedi de nombreuses habitations, tué une femme âgée et violé une jeude dame.
Quoiqu'il soit impossible pour l'instant de chiffrer avec exactitude le bilan humain de cette barbarie perpétrée par les forces gouvernementales, il est établi qu'une femme âgée connue ici sous l'appellation “mamy” Frida Ndumu à été brûlée vive dans sa maison où elle dormait à cette heure tardive de la nuit, et qu'une autre dame a été violée par les militaires.
Témoignage
Samedi, un militaire natif du village qui débarque à Boa Bakundu -et qui a requis l'anonymat- a l'impression que le dieu du feu est passé dans tous les quartiers de la localité avec des intentions strictement hostiles. C'est à peine, affirme-t-il au reporter de Cameroonvoice, s'il ne se meut pas seulement sur les cendres d'un village dont quelques survivants qui n'ont pas encore fui disent qu'au petit matin de ce jour, il avait tout l'air d'un buisson ardent.
Attaqués simultanément entre 2 heures et 5 heures du matin, les quartiers Bakassi, Carrefour Tombel, Melina, et Ngolo qui composent le village ont été complètement dévastés par le feu. Les boutiques ont été pillées par les hommes en armes avant d'être incendiées, les motos qui sont dans ce village le moyen de transport par excellence on subi le supplice du feu, et les populations sommées de quitter les lieux par les militaires qui les accusent de ne pas coopérer avec eux dans leur entreprise de traque des éléments sécessionnistes armés. « Vous comptez sur les machins qu'on appelle droits de l'homme ? Sachez qu'ils ne sont pas supérieurs à ceux qui nous ont donné l'ordre de tuer tous les anglophones pour qu'ils se plient devant l'autorité de l'Etat », aurait ironisé un des assaillants à l'intention d'un habitant qui rechignait à vider les lieux alors que les militaires lui demandaient de sortir de sa maison pour qu'ils y mettent le feu.
Cycle infernal
Une déclaration maladroite qui corrobore des rumeurs faisant état de ce que des officiels du ministère de la Défense auraient donné aux hommes envoyés dans les régions anglophones la consigne stricte de ne pas faire de quartiers, mieux de tuer systématiquement dans toutes les localités qui leur sembleraient receler des poches de résistance armée du mouvement sécessionniste ou des groupuscules militaires qui se sont constitués tout autour.
Ce dernier drame laisse croire que l'armée camerounaise et les sécessionnistes sont engagés dans le cycle infernal provocation-réaction. Provocation et réaction qui viennent de tous les côtés.
Par exemple, alors que les sécessionnistes sont soupçonnés de travailler pour des organisations secrètes qui leur commandent des organes humains, raison pour laquelle des organes (les yeux notamment) auraient été prélevés ces derniers temps sur les corps des gendarmes tués dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, les militaires ont dernièrement réagi en tuant un civil anglophone qu'ils ont ensuite donné à manger à des chiens policiers, tandis qu'un autre, nommé Charles Obola Bovet, était tué et brûlé par des forces de l'ordre dans la localité de Banga Bankundu. Sans compter d'autres atrocités encore plus innommables
En effet, si pour l'instant ce sont les forces gouvernementales qui l'emportent en termes de civils anglophones (pour la plupart) et de sécessionnistes tués ou de villages et biens détruits ou brûlés, les sécessionnistes quant à eux n'ont pas l'intention de se comporter comme des victimes résignées : des sources ont par exemple annoncé samedi l'assassinat de trois gendarmes samedi par ces derniers à Mundemba, ville chef-lieu du département du Ndian dans la région du Sud-Ouest, ainsi que de deux autres gendarmes à Muyunge, un village du département du Fako, toujours dans la région du Sud-ouest.
Vu l'apathie de la communauté internationale vis-à-vis du drame dit “de basse intensité” qui est en train de se nouer dans ce pays, il faudra une intervention divine pour que ce pays ne se déchire pas en petits morceaux et se retrouve plus facilement à la merci des puissances internationales qui ont tout à gagner dans cette désagrégation du pays du “Char des dieux”