La vie d’un haut fonctionnaire camerounais est en danger (nous disons “est en danger” car au moment où nous publions, nous n’avons pas connaissance d’une information signalant le pire) du fait de l’enlisement de la confrontation entre le gouvernement camerounais et les sécessionnistes anglophones du pays, mais surtout à cause de l’entêtement du premier à ne pas faire droit aux adjurations des sécessionnistes et des hommes de droit qui exigent que soient présentés au public, vivants, les leaders du mouvement séparatiste arrêtés début janvier au Nigeria et extradés au Cameroun le 26 janvier.
Depuis dimanche, les Camerounais retiennent leur souffle. C’est ce jour-là qu’ils ont eu connaissance de l’existence sur les réseaux sociaux d’une vidéo d’une durée d’une minute portant le logo de l'Ambazonia Defense Forces, sur laquelle monsieur Aaron Ankiambom, le Délégué Régional des Affaires Sociales pour le Nord-Ouest dont le kidnapping le 24 février dans la localité de Batibo (région anglophone du Nord-ouest) avait été revendiqué par le groupe rebelle dénommé Ambazonia Defense Forces (ADF, en français Forces de défense de l’Ambazonie), plaidait auprès de la ministre des Affaires Sociales, Pauline Irène Nguene, afin que celle-ci use de son influence auprès de ses collègues du gouvernement, dans le but de faire présenter au public les sécessionnistes supposés incarcerés au Secrétariat d’Etat à la Défense, mais dont personne, même pas leurs avocats, n’ont de nouvelles à ce jour, soit un mois et demi après leur “transfert” au Cameroun.
Le fonctionnaire camerounais qui aurait agi sous la menace des sécessionnistes qui, dit-il, l’exécuteraient si cette demande n’est pas prise en compte par le gouvernement, a affirmé que ses ravisseurs ont donné un délai de 48 heures au Gouvernement pour donner singe de vie des sécessionnistes extradés au Cameroun en janvier 2018.
On peut ainsi le voir et l’entendre dire, mi-serein, mi-inquiet: « Je suis Animbom Ankiabom Aaron, délégué régional des Affaires Sociales pour le Nord-Ouest. Je suis en train de plaider auprès du ministre des Affaires Sociales pour que les leaders de l'Ambazonie qui avaient été arrêtés et extradés soient présentés au public s'ils sont en vie ». L’otage ajoute :
« Ils ont donné un délai de 48 heures pour présenter ces leaders sinon, je serai sacrifié. Je demande à mon ministre de plaider auprès du Gouvernement pour que ces leaders soient présentés pour que ma vie soit sauvée ».