Mafia, népotisme, financement du Terrorisme : Kabila et Selemani (via BGFI-RDC) dans le collimateur des Etats-Unis


Kabila entouré par sa cour (Illustration -source: congovox.com)

Pour qui sait à quoi rime généralement les accusations de terrorisme ou de financement du terrorisme proférées contre les Etats faibles du Sud par les puissances occidentales et leur ONG, on peut  croire à une tentative de manipulation médiatique, prélude à une agression de la République démocratique du C ongo par les Etats-Unis. Mais comppte tenu du caractère mafieux du régime hors mandat de Joseph Kabila dont la cupidité vorace se passe de tout commentaire, et à bien cerner son modus operandi des dernières révélations de Jean-Jacques Lumumba, un ancien cadre du groupe bancaire panafricain BGFI (basé au Gabon)  aujourd’hui en exil, les accusations de l’ONG The Sentry (co-fondée par l’acteur et producteur de cinéma américain George Clooney) qui voie en la filiale congolaise  de la BGFI, « le trésorier de bailleurs de fonds liés au Hezbollah », les choses se tiennent.

Il ne fait plus de doute que les lendemains du départ de Joseph Kabila du Palais de la Nation ne seront pas du tout paisibles. Et pas seulement à cause du massacre des centaines de Congolais à travers le pays dont il s’est rendu coupable tout au long de son magistère, mais surtout à cause de son affairisme débridé dans lequel l’ont aidé son clan de “népotes ».

Et pour parler de népotes dont l’association avec le président illégal et illégitime de la RDC constitue la source de graves ennuis à venir pour le dernier nommé, on voit en première ligne, Francis Selemani Mtwale, ci-devant Directeur Général de la filiale de la BGFI pour la RDC, dont la promotion en mai dernier au poste de Directeur du Développement du holding du groupe au Gabon, a alimenté la controverse, interprétée par beaucoup comme une promotion-sanction, et par certains comme une volonté de sa hiérarchie de l’éloigner du feu de l’actualité à scandales à un moment où pleuvaient sur lui, non seulement des accusations de détournements massifs mis au jour depuis 2016  par son ancien collaborateur Jean-Jacques Lumumba.

Selemani, personnage trouble et bras séculier financier de la “Kabilie” ?

Francis Selemani Mtwale, il faut le dire est un personnage trouble en soi.
Présenté officiellement tantôt comme un ami d’enfance de l’actuel président du temps où tous les deux, plus jeunes,  étaient en Tanzanie, tantôt comme un des frères adoptifs de Joseph Kabila, aurait pour véritable nom, selon  des activistes congolais qui ont la prétention de mieux connaitre la famille du défunt président Laurent Désiré  Kabila (géniteur et prédécesseur de l’actuel chef de l’Etat), Francis Selemani Kabila, et serait rien moins que le demi-frère (frère consanguin) de Joseph Kabila. Il faut noter que sur la question, la ressemblance morpho-physionomique des deux personnages ne les aide pas vraiment à démentir ces allégations plus ou moins fondées.

 Pas plus qu’il n’aide à remettre valablement en cause l’affirmation  faite par ceux qui ont toujours contesté véhémentement les liens de filiation naturels entre Joseph Kabila et le défunt “Mzee” congolais. Car selon ces derniers, Francis Selemani porterait originellement le nom de Francis Selemani Kanambe, comme son frère Hyppolite Kanambe, dont le nom aurait été changé en Joseph Kabila Kabangue pour les besoins d’une certaine cause, et serait effectivement le frère consanguin du président de la RDC, mais plutôt par leur vrai père commun, l’opposant rwandais Adrien (Christopher) KANAMBE, assassiné dans le maquis du Sud-Kivu à la fin des années 1980 pour trahison, sur ordre de Laurent Désiré Kabila.

 
 
C’est donc ce personnage qui avait été parachuté à la tête de la BGFI Congo en 2010   où ses principaux faits d’armes se seraient déclinés en malversations de toutes sortes, estimées à des « dizaines de millions de dollars venant de plusieurs institutions d’Etat » à l’instar de la Commission électorale nationale indépendante du Congo (CENI),  selon Jean-Jacques Lumumba, cité par le site lalibre.be.

Ancien cadre de la BGFI ayant démissionné il y a quelques années pour des raisons d’éthique, le lanceur d’alerte Jean-Jacques Lumumba (petit neveu du père de l’indépendance congolaise, Patrice Emery Lumumba)avait même  évoque le silence éloquent  de la éloquent de la Banque centrale du Congo (BCC) au sujet des détournements imputés à monsieur Selemani : « Vous remarquerez que la BCC n’a pas démenti ce versement de 7,5 millions » (op.cit), explique-t-il à nos confrères qui rappellent que dans son édition du 16 mai 2016, le magazine Jeune Afrique révélait déjà que « La BCC a effectué un virement de 7,5 millions de dollars  sur un compte de la BGFI au nom de Sud Oil Immo. Le libellé de la transaction précise que le donneur d’ordre est la banque centrale elle-même, ce qui suggère que cet argent provient de ses fonds propres. ».

Or Sud Oil Immo qui est présenté par Jeune Afrique comme « une discrète et mystérieuse société pétrolière » appartenant exclusivement à des personnalités  proches du président congolais pourlequel elles joueraient le rôle de prête-nom, à savoir dont 20% du Capital sont détenus par Gloria Mteyu, demi-sœur de Joseph Kabila, et 80% par Aneth Michaël Lutale (parfois appelée Aneth Dorah Lutale), épouse de Francis Selemani Mtwale qui est également actionnaire à 40% de la BGFI Congo, n’est qu’une entreprise, du reste privée, dont le financement ne rentre pas en ligne de compte des missions de la BCC : « Mettre en œuvre la politique monétaire, assurer la stabilité des prix, gérer les réserves officielles de la République… »

Ce scandale qui aurait fait l’objet d’une enquête au siège de la BGFI ne pouvait pas rester impuni. Mais la BGFI Congo pouvait-elle, sans courroucer le satrape de Kinshasa, envoyer paître son homme de main ? Que non ! Il a donc fallu lui changer de poste et le mettre là où il n’aurait pas de contact avec de l’argent, quitte à donner l’impression de l’élever.

De sources internes à la BGFI relayées par lalibre.be, la hiérarchie gabonaise de Selemani aurait en réalité les mains liées pour ce qui est de le sanctionner : « Le Gabon a laissé faire parce qu’il était en face de quelqu’un qui a beaucoup de pouvoir. Maintenant que ça craque de toutes parts, le grand patron de la BGFI, M. Oyima est obligé de sortir du bois. C’est la vie de son groupe qui peut être en danger. Il faut écarter Selemani mais ça ne peut pas apparaître comme une sanction, il a donc fallu organiser en toute hâte ce transfert au Gabon. Le fait que le clan Kabila ait accepté ce mouvement démontre bien qu’ils ont pris conscience de la gravité de ce qui plane au-dessus de leur tête. C’est un peu du sauve-qui-peut. »
 

Mais combien de temps tiendra cette promotion ? Difficile à dire ! Car les révélations de l’Ong américaine The Sentry sur la possibilité que la filiale congolaise de la banque BGFI  ait financé le terrorisme via des hommes d’affaires libanais proches du Hezbollah et actifs en RDC, du temps où Francis Selemani en tenait les rênes, risque de la mettre sérieusement à mal (Lire le rapport complet Élections en RDC : reports et signaux d’alarme). 

Mais Selemani n’est pas le seul à devoir payer les pots cassés des accointances  de la BGFI Congo avec des financiers présumés du Hezbollah libanais dont le fonctionnement ne pouvait être ignoré de Joseph Kabila lui-même.

En fait le lanceur d’alerte affirme dans son rapport que la BGFI « aurait, en connaissance de cause, continué à abriter des comptes en banque de la société Congo Futur, visée par des sanctions américaines pour ses liens avec le Hezbollah, considéré comme un groupe terroriste par Washington. ».

C’est d’ailleurs pour cette raison que, surfant sur l’hostilité sur l’hostilité que vouent les Etats-Unis et leurs alliés européens au mouvement souverainiste libanais soutenu par la Syrie et l’Iran,  The Sentry adjure l’Union européenne et les Etats-Unis de prendre des sanctions contre la banque et ses responsables. Même si selon Jean-Jacques Lumumba, la BGFI aurait pris des dispositions pour que sa filiale congolaise ne soit pas en relation étroite avec les milieux soupçonnés de proximité avec le Hezbollah : « Je sais que c’est un dossier sensible, que la banque n’est pas innocente. Mais je sais aussi que le groupe avait interdit formellement toute transaction avec certaines sociétés liées au milieu libanais des affaires au Congo, comme le groupe Congo Futur. Il y a des écrits qui attestent ce que je vous dis ».

En d’autres termes, la décision de passer outre l’interdiction de s’accoquiner avec les milieux d’affaires proches du Hezbollah participeraient de la seule volonté de Francis Selemani, qui savait pouvoir compter sur la protection de son mentor. Suivez notre regard.

Et Jean-Jacques Lumumba de relever : « C’est très simple, il faisait ce qu’il voulait. Il a berné toute la structure du groupe. En interne, il ne cachait pas qu’il n’aimait pas les Gabonais. Il a même fait chasser plusieurs délégations gabonaises. Il était directeur général de la BGFI en RDC, c’est lui qui avait et qui ne respectait pas la délégation de pouvoirs de la holding en matière de crédit. »

Sauf que bien souvent, le beau temps précède les pluies les plus orageuses.

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