Crise postélectorale au Cameroun : La France réaffirme son soutien à Biya, et déclare officiellement la guerre aux Camerounais

Alors que  le Cameroun s’enlise depuis pratiquement un semestre dans un grave crise politique menaçant la stabilité même du pays, lequel se trouve  désormais au bord d’une guerre civile dont le régime ne cesse d’ailleurs d’attiser le feu du bien-fondé, à travers une répression sauvage et aveugle de la contestation pacifique des résultats de la dernière élection présidentielle par le président véritablement élu mais arbitrairement écarté  par le Conseil Constitutionnel,   Maurice Kamto,  La France, pays occidental le plus proche historiquement du pays, fait des pieds et des mains pour conforter dans sa posture autoritariste, le régime quarantenaire de Paul Biya, considéré par une importante frange de la  population comme illégitime

On a encore en mémoire cette scabreuse et abracadabrantesque déclaration en novembre dernier du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, au début de la crise postélectorale née au Cameroun du grossier trucage des résultats de l’élection présidentielle. Au journaliste Patrick Fandio de France 24 qui lui pose la question : « Parlons d’un pays voisin de la République Centrafricaine, le Cameroun où, une élection présidentielle très contestée a eu lieu le 07 octobre dernier. Le président Paul Biya a été déclaré réélu le 22 octobre dernier par le Conseil constitutionnel avec des accusations de l’opposition de fraude. Est-ce que de votre point de vue, ce scrutin au Cameroun était une élection libre et transparente ? », le chef de la diplomatie française répond avec un sans-gêne qui a le don de déconcerter ceux qui ont vu la France agir en Côte d’Ivoire, en Syrie, au Venezuela…, voire récemment en République démocratique du Congo après la proclamation de la victoire de Félix Tshisekedi par la CENI  : « Moi je n’ai pas de capacité à juger puisqu’il n’y avait pas une mission de contrôle et de vérification initiée où la France était présente. Je constate qu’il y a eu une élection qui s’est déroulée néanmoins dans le calme même s’il y a eu quelques difficultés dans les régions anglophones. Je constate qu’un président a été déclaré élu, Paul Biya. Il a été déclaré élu donc je le constate par les institutions républicaines camerounaises, je le constate. Nous avons à l’égard de Paul Biya une relation de confiance, une relation très exigeante. Je pense que je ne réfléchis pas en termes d’alliance. Je réfléchis en termes de responsabilité politique des différents pays africains qui assument eux-mêmes leur responsabilité politique et qui font leur choix. ».

Propos d’un homme politique français installé dans le déni intégral d’une réalité crevant les yeux de son évidence,  la déclaration de monsieur Le Drian se voulait une démarche maladroite de défendre l’indéfendable, mais surtout l’illustration indéniable de la dangerosité de la France gouvernante pour les aspirations à la  démocratie des peuples africains  en général, et du peuple Cameroun en particulier. 

Que les Camerounais aient vivement réagi à travers chroniques, tribunes et autres moyens de protestations, n’a pas fait varier d’un iota la posture pro-dictature de cet homme dont les manières de nostalgique du passé colonialiste de la France  ont été confirmées par son comportement après la publication des résultats de la présidentielle en RDC en janvier dernier.

En effet, à travers Jean-Yves Le Drian, et sur ses conseils -visiblement inspirés des rapports pro-régime Biya de l’Ambassadeur de France au Cameroun, Gilles Thibault,  à la fois chef de mission diplomatique et conseiller le plus écouté de Paul Biya-, la France affiche de plus en plus son soutien à un régime Biya qui, même s’il n’était pas illégitime en soi, brille par des méthodes d’une autre époque qui révulseraient n’importe quel citoyen ou homme d’Etat d’un pays démocratique comme la France, et  bien évidemment, son antipathie pour Maurice Kamto, porteur des espoirs des Camerounais, mais malheureusement emprisonné depuis aujourd’hui 77 jours en compagnie de plus de 150 autres personnes, et accusé comme ces dernières,  des   crimes les plus horribles allant de l’hostilité à la patrie à l’insurrection et l’incitation à l’insurrection, pour avoir simplement  appelé ses compatriotes à protester le plus pacifiquement du monde contre une situation qu’il considérait injuste et imméritée pour son pays.

Le soutien de la France à Biya ou plutôt la haine dont l’Hexagone dirigeante transpire contre Maurice Kamto, est encore mise en exergue par des informations en provenance des sources parisiennes dont notre confrère Boris Bertholt s’est fait l’écho, lundi, 15 avril.

«  Depuis l’arrestation de Maurice KAMTO, note d’entrée Boris, une chose différencie Paris des autres capitales européennes: elle ne demande pas ouvertement la libération des prisonniers politiques. Bien que selon plusieurs sources Macron aurait demandé à Biya Paul de lâcher du lest  pour obtenir un apaisement de la tension sociopolitique.  Car, la France reproche une chose à Maurice KAMTO et ses alliés : de n’avoir jamais reconnu la victoire de Paul Biya. L’ambassadeur de France au Cameroun, Gilles Thibaut et son conseiller N°1 ne se cachent plus. Ils demandent ouvertement aux responsables du MRC de renoncer au ” non au hold-up “. Ce à quoi Maurice KAMTO et ses alliés se sont fermement opposés jusqu’à ce jour. Paris ne l’a pas digéré et accepte la détention de 200 prisonniers politiques au Cameroun. »

Et pour étayer ses dires, le journaliste pointe du doigt  « l’attitude de Jean Yves Le Drian, l’actuel ministre français des affaires étrangères », qui en plus « d’être simplement très muet sur le dossier Cameroun », se montrerait également un fieffé mistyficateur.


Jean-Yves Le Drian. Le vieillard qui manipule Macron sur la politique africaine de la France ?

Boris Bettholt écrit : « Ainsi, dans une note datée du 4 avril 2019 adressée à un député français à laquelle nous avons pu avoir accès, Le Drian affirme que: ” Maurice Kamto a été traduit devant un juge dans un délai raisonnable après son arrestation “. »

Et le journaliste de fulminer : « Près de deux semaines de détention avant de voir un juge pour le français Le Drian, c’est raisonnable. Je ne vous parle pas des conditions inhumaines relatif à son traitement ou encore un mandat de perquisition devenu un mandat d’arrêt. »

Selon Boris Bertolt, Le Drian aurait ajouté pour l’information du député sus-évoqué,  en parlant bien sûr des désagréments connus par Maurice Kamto dans le cadre de la procédure pénale, qu’« il a pu avoir accès à ses avocats en dépit de certains aléas »  Une assertion qui s’il s’avérait qu’elle a été faite, ainsi que  l’a rapporté la source de notre confrère, justifierait que celui-ci en ait l’estomac retourné.  « Bon Dieu. Pendant près de 10 jours, personne ne savait où KAMTO Maurice se trouvait. Une violation grave des droits de La Défense. Pour le Drian c’est un “aléa” » s’étonne-t-il, suggérant au passageau public de se souvenir  « de la grève des avocats pour avoir accès à leur client. C’est simplement indécent pour mon cerveau les propos de ce ministre français des affaires étrangères. ».

Le Drian aurait fini sa correspondance en écrivant : « pour certaines audiences devant le tribunal militaire, il semble qu’il n’ait pas disposé du temps et des facilités nécessaires pour préparer celles-ci de manière. »

Boris Bertolt n’en peut plus :

« Là, c’est la finale on aurait dit le ministre de la Communication du gouvernement camerounais. Il ne fait de mon point de vue aucun doute. Les diplomates français sont suffisamment arrosés de mallettes d’argent par le régime de Yaoundé. Ça pue la corruption. ».

Et le journaliste de conclure : « Le candidat de la France au Cameroun pour l’instant c’est Paul Biya. Tout comme leur candidat en Algérie était Bouteflika, au Gabon ils soutiennent Ali Bongo. Ohhh pauvre France. Réduite à ça. ».


Au commencement du Biyaïsme était la France

Réduite à ça, la France ? Oui, mais il ne semble pas que  ses p^rotégés soient toujours logés à plus bonne enseigne. Vu Comment Bouteflika et Ali Bongo ont fini. Sur la paille ! 

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