La peur n’a pas encore véritablement changé de camp au Cameroun, si tant est d’ailleurs qu’en dehors du clan Biya et de ses partisans, il puisse y en avoir en face qui veulent reconduire les pratiques ignobles du régime actuel. Ce qui n’est ni imaginable, ni possible, le leitmotiv ici étant « après Biya, plus jamais ça ! ». Mais à en croire la nouvelle du voyage que le président de l’Assemblée Nationale du Cameroun Cavaye Yeguie effectue actuellement en France sous un prête-nom, il est de plus en plus clair que la terreur tend à s’équilibrer.
En effet, si le régime Biya détient pour l’instant le monopole de la violence… armée d’Etat pour museler les oppositions politiques intérieures régulièrement constituées, à défaut de la faire taire définitivement par une politique de répression militaro-policière, brutale et sanglante des manifestations, les emprisonnements arbitraires et autres menaces de suspension ou dissolution des partis politiques, la diaspora camerounaise d’Europe et des Amériques, en l’occurrence sa branche active plus connue sous la dénomination Brigade Anti-Sardinards, (BAS) est résolue à ne pas lui faciliter la tâche.
On va faire abstraction des manœuvres réussies de ladite BAS qui ont pu jusqu’ici empêcher des membres du régime et leur chef de se livrer à leur jeu favori que sont les voyages privés particulièrement dispendieux en Occident.
La puissante BAS a même fait peser des menaces sur l’honneur du président Biya, considéré par les Camerounais comme ayant été élu uniquement par le Conseil Constitutionnel, l’organe électoral (ELECAM), la commission de recensement des votes et le ministère de l’Administration territoriale, au point ou par pratiquement trois fois, celui-ci a dû annuler des voyages qu’il voulait effectuer soit en France, soit en Suisse, notamment dans ce dernier pays où il a ses habitudes hospitalières et touristiques.
Le Comble, c’est que l’action en rétorsion de la BAS contre les meneurs et entrepreneurs de la répression au Cameroun a fini par toucher le président de l’Assemblée Nationale du Cameroun, Maurice Djibril Cavaye Yeguie, une des voix qui aime à tonner pour menacer les Camerounais des affres de la répression s’ils ne se confondent pas en génuflexions à la face de Biya.
Aujourd’hui, ce vieillard approximant les 80 balais, à la tête de la Chambre basse du parlement depuis 27 ans, se sentirait obligé d’adopter une fausse identité pour voyager en France. Selon des indiscrétions difficilement vérifiables de son propre entourage qui donnent cependant des indices pouvant les créditer, l’homme d’Etat camerounais aurait utilisé une pièce d’identité autre que la sienne, avec l’accord des autorités françaises, pour que les éléments de l’administration qui sont devenus ces derniers temps experts en fuite de documents confidentiels, ne communiquent pas la nouvelle de son voyage à la BAS qui pourrait repérer son hôtel et se lancer à ses trousses.
Et voilà donc la fuite qu’il voulait éviter qui se produit, car désormais tout le monde est au courant de sa présence à Paris, même si pour dérouter les éléments de la BAS qui pourraient chercher à en découdre avec lui, l’information a été lancée selon laquelle l’homme serait descendu à l’Hôtel Pullman Paris Montparnasse alors que la réouverture de cet établissement est prévue pour mai 2020.
D’ailleurs, comme si cela ne suffisait pas, il lui est attribué la signature personnelle d’une réaction de l’Assemblé Nationale du Cameroun à la résolution du Parlement Européen mettant le Cameroun en cause dans la repression par la violence des crises politiques et sécessionnistes dans le pays.