C'est la quintessence d'une alerte publiée dimanche par le cyber journaliste Boris Bertolt sur Facebook
Selon notre confrère, le régime qui est confronté au terrible dilemme de laisser les marches dites blanches se dérouler comme prévue par ses organisateurs pour laisser les Camerounais s'exprimer au risque de donner l'impression qu'il s'est affaibli ou de réprimer dans le sang comme d'habitude et faire monter davantage sa côte d'impopularité, aurait trouvé une solution médiane : à savoir semer la zizanie au sein de la coalition constituée autour de Maurice Kamto depuis la présidentielle d'octobre 2018, et qui a survécu à l'issue scandaleuse de cette élection soldée par le “vol” réel ou présumé de “la victoire” de Maurice Kamto.
Cette tentative de casser la dynamique qui passerait par des pressions faites sur certains membres de la coalition ou des avantages miroités à d'autres, serait en train de porter des fruits, suggère l'alerte de Boris Bertolt.
« À cet effet, au-delà d'Akere MUNA qui a indiqué que la coalition était circonstancielle, Paul Éric Kingue se désolidariserait également et s'apprêterait à se lancer seul dans sa circonscription. Autour de KAMTO les irréductibles qui ont rejeté toute forme de discussions avec le pouvoir quelque soit les pressions sont: Christian Penda Ekoka et Albert Ndzongang ».
Faute d'un recoupement adéquat aux fins de vérification de cette information parvenue tard dimanche soir, Cameroonvoice n'est pas en mesure de la confirmer ou infirmer. Des indices permettent cependant de se faire une petite idée de ce qui pourrait avoir été déployé par le régime paniqué comme stratégie pour faire échouer la grande manifestation au Cameroun et dans la diaspora programmée pour le samedi, 26 janvier 2019.
Si par le passé des pontes du régime brandissaient astucieusement l'épouvantail du bain de sang en arguant que les opposants voulaient envoyer les Camerounais aller se faire tuer pendant qu'ils se terraient chez eux ou avaient placé leurs familles en sûreté –généralement hors du Cameroun- ils se sont rendus compte par la suite qu'ainsi libellée, leur méthode de dissuasion verbale desservait leurs intérêts, dans la mesure où cela signifiait que le pouvoir ne pouvait gérer la contestation qu'en tuant.
Aujourd'hui, le stratagème qui aurait été remanié consisterait à alimenter des journalistes réputés pour leur activisme contre le régime en fausses “informations” de première main sur des dissensions internes imaginaires au sein de l'opposition. Ce n'est donc pas un hasard si l'information donnée par notre confrère émane « De sources gouvernementales ». Ce qui nous ramène à un fait plus ou moins récent anecdotique à plus d'un titre : alors que les Camerounais manifestaient leur volonté de voir l'opposition proposer un candidat unique contre le président sortant Paul Biya à la présidentielle de 2018, c'est l'un des collaborateurs de celui-ci et haut cadre du parti au pouvoir, le ministre Grégoire Owona, qui s'était fendu d'une surprenante accusation contre Maurice Kamto, en faisant valoir que le Cameroun allait une fois de plus manquer le rendez-vous de l'alternance au pouvoir parce que le leader du MRC n'avait pas permis la candidature unique de l'opposition. Intelligent comme à son habitude, Kamto qui avait flairé le coup bas avait répliqué en demandant à monsieur Owona de démissionner du Rdpc (au pouvoir) et de rejoindre le camp du changement pour y contribuer à la résolution de l'épineux problème du candidat unique. Non sans s'étonner que ce soit un soutien de Biya qui se préoccupe du manque d'adéquation entre la stratégie employée par l'opposition et son objectif de défaire son champion à lui.
L'histoire est-elle en train de se répéter à présent où l'on signale –sous forme de “fuites” enrobées de vraisemblances- des dissensions au sein de la coalition Kamto alors que celle-ci l'ignore complètement ? Peut-être ! Chez les disciples de Machiavel, seule la fin justifie les moyens.
Sauf qu'il y a un petit hic, car hormis le fait qu'il est difficilement imaginable qu'une personnalité comme Akere Muna puisse œuvrer à faciliter les choses au régime de Biya en faisant un tacle irrégulier à Kamto, Paul Eric Kingue, l'un des candidats présumés à l'abandon du navire Kamto, a réagi quelques heures après la publication de l'alerte, en rejetant l'idée même d'un schisme au sein de la coalition qui serait de son fait.
Avant sa réaction, quelques utilisateurs de ce réseau social et une certaine opinion épidermique très pressés d'aller en besogne au risque de liguer définitivement ceux qu'ils veulent voir unis les uns contre les autres, avaient déjà commencé à déverser leur fiel sur sa personne.
Illustrations sur facebook :
Ludia Fomani Je ne suis pas trop surprise de la.decision de Eric Kingue c’était prévisible. Pour Akere oui c’était juste une coalition pour les presidentielles
|
Comme quoi, les journalistes doivent faire de plus en plus attention aux informations obtenues de sources sûres (…gouvernementales), voire prendre le temps d'analyser froidement l'information obtenue et les motivations des sources au risque de perdre en audience –puisque le caractère “périssable” de l'information et la nécessité de la servir tout chaud est un prétexte brandi régulièrement depuis l'ancrage de la cyber information dans les mœurs, pour justifier toutes les fake news. L'information est certes une denrée très importante pour la santé intellectuelle notamment quand elle est consommée en flux très considérable. Mais mal cuite, elle peut se révéler dangereuse et exposer son consommateur à une intoxication mentale mortelle.