C’est à une véritable levée de boucliers contre l’autorité préfectorale accusée de faire droit aux spoliateurs fonciers nantis au détriment des populations du village que l’on assiste au village Diwom situé entre les points kilométriques 32 et 35 dans l’arrondissement de Yabassi, dont le chef de 3ème degré, Sa Majesté Nyame Raymond Pascal a été destitué par le préfet du Nkam (région du Littoral).
Cette destitution continue d’autant plus d’estomaquer aussi bien les populations des céans que les observateurs qu’elle est faite « sous la forme d’un pied de nez, mieux d’un défi lancée aux populations de Diwom par une autorité préfectorale peu soucieuse de la paix et de la cohésion sociales, puisque sans motivation probante ou du moins officiellement avancée », pour reprendre les termes d’une élite de la localité.
En effet, plusieurs semaines après son éjection de la tête de la chefferie de Diwom où il a brillé pendant ses dix ans de magistère par son intégrité et son combat sans faiblesse ni relâche contre la mafia des immatriculations foncières orchestrée par des puissants se prévalant de leurs entrées dans les milieux de l’administration préfectorale et autres, ce sont les populations de Diwom et les élites de ce village jadis Îlot de paix mais devenu un véritable enfer pour ses fils et riverains depuis le début des années 2000 à cause de sa richesse foncière qui aiguise des appétits aussi gargantuesques que criminels, y compris de la part des personnalités au-dessus de tout soupçon qui sont vent debout, contre les manigances des prédateurs fonciers et de leurs soutiens haut placés.
Des ennemis de la paix.
On en veut pour preuve l’exaspération manifeste des populations présentes à la Sous-préfecture de Yabassi en mars dernier suite à une convocation du sous-préfet qui les avait convoquées pour des consultations en vue de la désignation d’un nouveau chef du village.
Beaucoup n’y sont pas allés du dos de la cuiller pour signifier à l’administrateur civil leur surprise face à la décision du préfet du Nkam dont le Sous-préfet se faisait pour la circonstance le héraut, de prendre un arrêté de destitution de leur chef, qui plus est, sans en expliciter les motivations.
On en voudra aussi pour preuve cette correspondance intitulée « la déclaration des notables et forces vives du village Diwom » (co-signée par 215 personnes) adressée au Ministre de l’Administration territoriale avec copie au Préfet du Nkam et au Sous-préfet de Yabassi dans laquelle les notables et forces vives de Diwom expriment leur indignation face à l’initiative du préfet de destituer sans avoir consulté les notables et forces vives de Diwom, et sans que cela soit la résultante d’une plainte quelconque de l’un ou de plusieurs administrés du chef destitué. Bien plus, les notables s’indignaient du fait que la décision du préfet mentionne que c’est à leur demande, alors qu’ils ignoraient tout de sa démarche.
cette lettre est la traduction en fait concret du courage des habitants de Diwom qui sont sortis de leur réserve pour fustiger l’arbitraire de l’autorité qui, au lieu de faire droit à un subalterne œuvrant pour la préservation de la paix et d’un vivre ensemble harmonieux, a opté de sacrifier Sa Majesté Nyame Raymond Pascal sur l’autel de la voracité de ceux qui, du fait de leur puissance, montrent de plus en plus de résolution à s’accaparer –au prix de rien-, des centaines d’hectares de terre dans un pays où la terre reste le dernier rempart vital des démunis, autrement dit la majorité des populations pressurisées par l’extrême pauvreté.
A cette rencontre du sous-préfet avec les populations sus évoquée, un habitant nommé Noé Lemsa a pris la parole pour dévoiler les tenants et les aboutissants de la chasse aux sorcières contre le chef destitué Nyame Raymond Pascal.
L’on apprendra ainsi de son témoignage que la propension au hold-up foncier de certains fils du village qui vendent ou bornent des espaces ne leur appartenant pas était la cause des tensions prévalant au village Diwom. Une situation que seul le tact en matière de gestion des hommes du chef Nyame avait permis jusqu’ici de contenir dans les limites des colères sourdes pour ne pas en arriver à une explosion que beaucoup ont maintes fois redoutée.
On se souvient qu’en 2019, avisé de la prolifération ce que l’on qualifie ici d’ »actes de prédation des terres », le chef Nyame Raymond Pascal avait saisi le ministre des Domaines, du cadastre et des Affaires foncières aux fins d’annulations des titres fonciers établis en violation des procédures, à l’instar de la descente sur le terrain de la commission présidée par le Sous-préfet en l’absence des représentants du village dont le chef qui en est un membre de référence. Selon, Lemsa, c’est depuis que le chef Nyame Raymond a réussi à faire annuler ces titres fonciers qu’il est devenu l’ennemi déclaré des prédateurs de terrains.
La revanche des truands
Le chef Nyame avait à cet effet dénoncé auprès du ministre des immatriculations directes parfois sur la base des autorisations spéciales, et autres concessions frauduleuses ou émaillées d’irrégularités flagrantes perpétrées par des personnes disposants d’importants moyens financiers tirés du reste de la vente illicite des espaces à Diwom. La suite favorable donnée à la saisine du chef par le ministre Eyebe Ayissi avait alors eu le double mérite, d’une part, de permettre à de nombreux villageois de reprendre possession de leurs terres arrachées, et d’autre part, de sortir de leurs gonds les prédateurs fonciers qui qui ont alors promis de prendre leur revanche par tous les moyens, quitte à user de leurs prestigieuses relations dans les arcanes de l’administration, de la magistrature et des milieux du maintien de l’ordre pour lui faire payer cet affront.
Entrée en scène de la MAETUR
C’est sur ces entrefaites qu’arrive la Mission d’Aménagement et d’Équipement des Terrains Urbains et Ruraux «MAETUR», société publique à caractère Industriel et Commercial spécialisée dans l’aménagement des espaces, avec pour objectif de signer avec les populations une clause d’appropriation d’une partie de leurs terres. En bon défenseur de ses populations, le chef Nyame, après avoir pris connaissance de ses propositions, se rendra compte que le village irait perdant dans l’affaire si la proposition de la de la MAETUR était acceptée en l’état. Pis qu’il ne restera quasiment pas de terre pour satisfaire aux besoins d’habitation, ou pour l’activité agricole, seule source de revenus des populations riveraines. Le chef Nyame a suggéré à la MAETUR de procéder de sorte que les populations de Diwom affectés par ce projet de la MAETUR tirent pleinement profit du dudit projet, ainsi qu’il apparait clairement dans l’esprit et la lettre des textes de la république relatifs à la conformité sociale des projets au contenu de la DUP et les correspondances ministérielles l’accompagnant, aux lois et décrets concernant l’environnement.
Des irrégularités même dans le processus de désignation d’un nouveau chef
Alors, l’occasion faisant le larron, ceux qui avaient juré la perte du chef Nyame ont saisi le prétexte de ses réserves, du reste motivées au sujet de l’espace désiré son refus de laisser la MAETUR disposer n’importe comment des terres de Diwom, pour le faire passer pour «un rebelle qui empêche l’Etat de faire son travail». Comme dans la fable des «animaux malades de la peste », il ne restait plus qu’à crier haro sur le baudet et liquider cet empêcheur d’entourlouper en rond, quitte à enfariner des populations qui se sentaient pourtant bien avec leur chef et qui n’hésitent pas à le faire savoir malgré les menaces multiples.
Mais la liquidation même du chef Nyame Raymond Pascal ne va pas sans mal, comme on a pu le constater lors de la deuxième réunion de consultation initiée par le Préfet du Nkam et présidée par le Sous-préfet de Yabassi à la Sous-préfecture de Yabassi dans le cadre du processus de désignation de son successeur.
En effet, la réunion du 03 mars a commencé elle aussi par une surprise bouleversante, à savoir l’annonce par le Sous-préfet de l’exclusion du corps électoral des neufs notables du Chef destitué par le préfet. La raison, un simple fait du prince de la part du préfet qui aurait très mal apprécié « la déclaration des notables et forces vives du village Diwom » adressée au Ministre Paul Atanga Nji le 1er mars 2024, avec copie au Préfet du Nkam et au Sous-préfet de Yabassi. En d’autres termes, ces 9 personnes ne prendront pas part à l’élection du successeur du chef Nyame Raymond Pascal.
A un villageois curieux de savoir si cette autre décision remplissait les exigences administratives qui veulent qu’elle soit écrite, le Sous-préfet de Yabassi a enjoint à son interlocuteur de considérer cette décision comme étant une décision d’autorité.
AU dernier épisode de ce feuilleton à suspense à Diwom, le ministre de l’Administration territoriale, par Message porté en date du 16 avril 2024, a demandé de surseoir à toute consultation en vue de la désignation d’un nouveau chef traditionnel dans ce village, en attendant les recoupements en cours. Dans ce bras de fer entre la force du droit et la force de la mafia, qui aura le dessus ?
Affaire à suivre