Richard Bona : «Je suis un rebelle silencieux»

Depuis deux ans, vous donnez des spectacles au pays en fin d’année. C’est devenu un rituel ?

J’espère que ça va devenir un rituel. Un an, c’est 365 jours et si on vient une fois au pays, je trouve que ce n’est pas assez. Je suis allé deux fois cette année au Japon. Il y a beaucoup plus de monde là bas qu’ici. J’aimerai bien revenir deux ou trois fois au Cameroun. Le pays à grand. Je veux bien aller à Douala, Yaoundé, Bamenda, Dschang et ailleurs. 

Vous chantez cette année pour les malades du Cancer. C’est une maladie qui vous touche personnellement ou vous avez perdu des proches suite à cette maladie ?

Je n’en suis pas personnellement touché mais je ne me sens pas libre quand je vois les autres souffrir. Même là où j’habite à New-York, je ne me sens pas souvent libre quand je vois un sans abri ou quelqu’un par terre.  Je ne me sens pas bien du tout. Je ne sais pas mais c’est ma nature. Et venir donner un élan ou une petite aide, je me sens moins coupable. Parce qu’on est plus ou moins coupable de certaines misères. 

Vous allez aussi présenter pendant les deux spectacles qui sont programmés à Douala et Yaoundé, présenter votre dernier album intitulé, «Bonafied». A quoi renvoie cette expression ?

Bonafied  est un jeu de mots. En fait Bonafide veut dire en anglais, original ou authentique. Mais je l’ai conjugué, Bonafied comme si c’était un verbe pour dire authentifier. Donc fais-toi authentifier quand tu l’achètes (Rires !). 

Vous avez dédié ce septième album à votre grand-père qui vous a initié à la musique…

Je lui avais dédié un premier album, le tout premier d’ailleurs. Une seconde fois parce que comme cette musique est très acoustique, elle me rappelle mes débuts quand il m’apprenait à jouer de la musique. Il me l’a appris sans rien du tout, comme on joue de la musique en Afrique. Juste un instrument et la voix. Et c’est le concept même de cet album, c’est pourquoi j’ai directement pensé à lui. 

Les onze titres de l’album sont très dynamiques mais vous disiez sur les antennes de Radio France internationale qu’ils sonnent la révolte. Contre qui au fait ?

Une révolte n’est pas systématiquement pas dirigée vers quelqu’un. Je ne fais pas les révoltes contre les gens. Je suis révolté contre un système. Je ne suis pas rebelle mais je fais de la guérilla en fait. Je fais de la guérilla silencieuse. Donc, c’est la guerre contre le système. Toutes les stars que vous voyez aux Etats-Unis. Huit sur dix ne font pas du live. Je te le dis parce que je suis dans le milieu et je le sais. Et même au Cameroun, vous le voyez, des artistes jouent en playback. Personnellement, je suis un ennemi du playback. Je ne suis pas contre le playback mais je pense qu’il faut dire aux consommateurs si c’est du poulet élevé en plein air ou élevé aux hormones (sourire !)…qu’il achète. C’est normal de le dire au public. Les gens vont dépenser pour les concerts en live alors que c’est du playback. Ce n‘est pas normal. 

Une question que les gens se posent renvoie au mutisme de M. Bona face aux questions du droit d’auteur au Cameroun. Est-il insensible à la souffrance de ses collègues artistes ?

Le droit d’auteur ? Il existe au Cameroun ? (Rires !). Non, je préfère être silencieux face aux problèmes de droit d’auteur au Cameroun surtout que c’est une lutte de personne et pas celle du droit d’auteur. C’est pourquoi je me détache complètement. C’est une bataille de A contre B…et puis le droit d’auteur au Cameroun, je m’en fous complètement. Le jour où il y aura des gens qui se battent vraiment pour le droit, je vais mener la bataille. 

Est-ce que Richard Bona serait prêt à accepter un poste de Ministre des Arts et de la culture au Cameroun ?

 (Rires !). Plus sérieusement, je respecte les lois de ce pays et jamais je n’accepterai d’occuper un tel poste. Parce que j’ai un passeport américain et je ne m’en cache pas. Et puis, quel sera ce ministre des Arts et de la culture qui ne sera jamais à son poste. Cette année qui s’achève, j’ai fait 99 spectacles. Ajoutés à ceux de Douala et Yaoundé, ça fera 101 spectacles en un an. Pensez-vous que je ferai un bon ministre de la culture ? je ne le pense pas !

 

Entretien avec Adeline TCHOUAKAK

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