L’emprise du franc français (rebaptisé pour ses anciennes colonies) est impressionnante à l’observation de la coopération monétaire franco-africaine. En effet, la zone franc comprend sept pays de l’Afrique de l’Ouest dont : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte-d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo ; et six pays de l’Afrique central à savoir : le Cameroun, la République centre africaine, le Congo, le Gabon, la Guinée-Équatoriale, et le Tchad. Dans le même temps, la zone franc s’étend aux départements et aux territoires d’outre-mer de la France.
La « fidélité » sinon la dépendance à cette monnaie dont les premières émissions sur le continent remontent à 1920, n’est pas pour s’en réjouir. L’ouvrage révèle que le franc français ne constitue que 3% des réserves de change des pays développés et 1,9% de celles des pays d’Afrique. A contrario, sur le même plan, le deutche mark constitue 14,4 % et 10,9 % ; la livre sterling 2,3 % et 4 %. Le franc suisse participe pour 2,5 % aux réserves de changes des pays en développement. Avec méthode et précisions, l’économiste de formation relate les entraves à la liberté financière du continent africain.
La complicité non dissimulée des dirigeants africains participe à pérenniser ce climat de dépendance coloniale ; la coopération monétaire franco-africaine. À la lumière d’un raisonnement logique, l’auteur propose une incursion au cœur des fondements de la Zone franc (PARTIE I) et son impact réel sur les dynamiques africaines, non sans explorer les marges de manœuvres d’une Afrique sous le coup de cette dépendance financière qui se renouvelle sur la forme (en témoigne l’ECO) mais rarement sur le fond, au regard de la situation économique du continent (PARTIE II).
Si les Africains habités par le désir d’une indépendance financière sont en permanence découragés par les théories alarmistes sur l’échec incontournable d’une monnaie africaine (cas du Mali et de la Guinée) sur le marché international, l’économiste rassure par l’exemple qu’une fin sans regrets à la coopération monétaire franco-africaine est envisageable. Il s’arrête notamment sur quelques expériences africaines d’indépendance monétaire, tout en esquissant le schéma qui permettra de réaliser ce vœu (PARTIE III).
Publié en 1995, l’ouvrage de 115 pages préfacé par l’économiste de renom Jean-Michel Servet garde toute son actualité et sa pertinence. Le livre de Jean-Baptiste Wago se veut une clé de choix pour inverser la tendance en ce qui concerne la coopération monétaire franco-africaine. Il est titulaire d’un diplôme d’Etudes Supérieures en Economie et en Douanes. il aussi obtenu un Master II en propriété intellectuelle.
