Les récentes données de Global Witness révèlent que la demande en Caoutchouc de l’Union européenne est de plus importante. En cela, elle contribue à accentuer l’empreinte de la déforestation des forêts d’Afrique centrale et de l’ouest. Sont concernées par cette menace les forêts du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Ghana, du Liberia et du Nigeria.
Pour le corroborer, l’enquête de Global Witness précise que les plantations industrielles d’hévéa dans ces espaces sont liées à une zone de déforestation tropicale 16 fois plus grande que Bruxelles depuis 2000.
À l’évidence, l’industrie du caoutchouc représente de plus en plus une menace pour la terre, les moyens de subsistance et les droits des communautés locales. Dans le même temps, elle contribue à détruire un puits de carbone crucial.
La culture industrielle du caoutchouc en Afrique occidentale et centrale semble être responsable de près de 520 km2 de déforestation depuis 2000.
Global Witness
Selon les enquêtes de l’ONG de lutte contre le pillage des ressources naturelles des pays en développement et la corruption politique qui l’accompagne, la culture de l’hévéa est loin devant celle de l’huile de palme, présentée comme la plus grande menace concernant l’exportation pour les forêts d’Afrique centrale et de l’Ouest.
C’est du moins ce que confient les enquêteurs de Global Witness « Nous avons constaté que la culture industrielle du caoutchouc en Afrique occidentale et centrale semble être responsable de près de 520 km2 de déforestation depuis 2000, une superficie 16 fois plus grande que Bruxelles. Les écosystèmes touchés par l’hévéa vont des réserves forestières du Nigeria et du Ghana aux forêts équatoriales anciennes du Cameroun et du Gabon », ont-ils déclaré.
La quasi-totalité de ces forêts d’Afrique centrale et e l’Ouest où on note une déforestation accentuée sont exclusivement exploitées par seulement trois entités internationales : Olam, Halcyon Agri et Socfin.
Global Witness
Il est à noter que l’ONG a cartographié exactement 40 plantations industrielles d’hévéas dans six pays d’Afrique producteurs de caoutchouc en l’occurrence : le Cameroun, le Gabon, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Liberia. La quasi-totalité de ces forêts d’Afrique centrale et e l’Ouest où on note une déforestation accentuée sont exclusivement exploitées par seulement trois entités internationales.
Il s’agit notamment d’Olam et Halcyon Agri du Singapour, et la société française et belge Socfin, cotée à la bourse de Luxembourg.
Parlant des sociétés Halcyon Agri et Socfin, elles approvisionnent en Caoutchouc des grands groupes européens du pneumatique comme Michelin et Continental. « Olam nous a dits que leur principale plantation de caoutchouc à Bitam, au Gabon, comprend « 10 855 hectares de superficie plantée et 24 584 hectares… [de] forêts et zones humides protégées en permanence.
Ils ont ajouté que le gouvernement gabonais, un partenaire du projet a choisi son emplacement, une zone d’anciennes concessions forestières, de forêts secondaires et de zones dégradées et [le projet] a été développé conformément à un processus visant à équilibrer soigneusement les besoins de développement du Gabon avec l’impératif de conserver les paysages uniques du pays », révèlent les auteurs de l’enquête de Global Witness.
Et de souligner que cette société « s’est engagée à respecter les principes du CLIP et qu’elle travaille avec les villages locaux sur des activités génératrices de revenus, …. L’éducation, les soins de santé et l’amélioration de l’accès à l’eau ».
Élément incontournable de notre ère, car il sert à la production d’accessoires essentiels divers (chaussures de sport, préservatifs…), le caoutchouc est toujours un peu plus réclamé sur le marché. Avec la survenue de la pandémie du Covid-19, les commandes de gants médicaux en latex ont explosé et la demande reste importante.
Il est cependant déplorable de remarquer que 70 % du caoutchouc naturel tiré des forêts d’Afrique centrale et de l’Ouest sert à l’industrie. Il existe pourtant des alternatives synthétiques au caoutchouc sur lesquelles on peut se rabattre pour ralentir la déforestation qui s’accentue dans ces régions.
Mais le Caoutchouc naturel continue d’être privilégié parce que ces alternatives synthétiques ne sont pas autant durables que lui. Pour autant la densité de terres sur lesquelles planter des hévéas ne devrait pas diminuer de si tôt au grand malheur des forêts d’Afrique centrale et de l’Ouest.