Cameroun : 20 millions à un ministre pour payer les miliciens chargés de s’attaquer aux manifestants pro-Kamto

Après les menaces de mort et d’arrestation des dirigeants de l’opposition et des populations qui oseront manifester demain contre la perpétuation de la guerre dans les régions anglophones et le maintien d’un système électoral inique, le régime a opté pour des manœuvres politiques plus douces mais toutes aussi sordides, consistant à corrompre des Camerounais pour qu’ils s’opposent, au besoin par la force, aux manifestations pacifiques convoquées par le Pr. Maurice Kamto.

Dans la capitale économique, Douala, on a vu des autorités administratives, censément au service au service de l’Etat, prendre parti pour le régime, non seulement en interdisant les manifestations de l’opposition, mais aussi en s’investissant auprès des conducteurs de taxi-moto auxquels ils ont offert gracieusement des sommes d’argent équivalant au double des recettes journalières de ces derniers, soit environ 5000 francs (environ 9 US Dollars) pour qu’ils puissent rester chez eux le 22 septembre et donc ne participer à aucune manifestation. Cette générosité a été assortie de graves menaces à l’encontre de « ceux qui, après avoir pris de l’argent, n’honoreront pas leur engagement ».

Cameroonvoice a appris l’existence à Yaoundé, depuis quelques jours, de groupes armés d’autodéfense constitués de jeunes “autochtones” et sponsorisés par des ministres du régime, avec pour mission de s’attaquer aux manifestants du 22 septembre  en mettant en exergue le fait qu’ils « ne peuvent pas tolérer que des opposants viennent semer le désordre dans la capitale qui est leur ville natale ». Les échauffourées qui en suivront serviront entre autres de prétextes aux forces de répression pour s’abattre sur les manifestants pro-Kamto repérés du  même coup, et de « leur faire la fête ».

C’est dans cette même veine que l’on apprend  que le ministre d’Etat Secrétaire Général de la Présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh, a instruit au ministre des Finances (MINFI), Louis Paul Motaze, ce lundi même, et par courrier confidentiel, la mise à la disposition du ministre Philipe Mbarga Mboa -un des plus tribalistes faucons du régime, dont les mauvaises langues disent qu’ils nourrissent des projets génocidaires contre les “allogènes” bamilékés soupçonnés d’opposition radicale contre le pouvoir perçu par ces tribalo-fascistes comme étant une propriété inaliénable de l’ethnie Ekang-beti- d’une somme de 20 millions de francs CFA. 

Officiellement, du moins à en croire l’objet en marge du courrier  du ministre d’Etat SGPR au MINFI, les 20 millions devront servir pour « des opérations spéciales de communication ».

Pour les analystes les plus optimistes et les plus équilibrés, il s’agit de l’argent destiné à motiver les populations de ne pas sortir dans la rue le 22 septembre. Ce sur quoi ils ne s’accordent avec des observateurs quant à eux plus avisés, voire exigeants, qui estiment que 20 millions c’est d’une dérision à faire pleurer s’il s’agit de corrompre les populations d’une ville estimées à quelque deux millions d’âmes, et qui plus est, à 24 heures des manifestations. Selon eux, il s’agit de l’argent qui permettra, dès ce soir du lundi 21 septembre, d’intéresser les personnes qui ont accepté de se battre demain dans le sillage et aux côtés des forces de défense et de sécurité pour faire payer leur audace à ceux qui veulent renverser le régime du patriarche Ekang-beti, Paul Biya, quoique de nombreux Camerounais issus de ce grand ensemble sociologique.

En fait, le régime est pris de panique depuis qu’il se murmure qu’une frange de l’armée et de la police nationales, inspirée par le récent précédent malien,  n’est plus prête à se livrer à des actes de répression, et pourrait profiter, en cas de répression violente des manifestants, pour se retourner contre le régime dont on dit qu’il est mur et pourri et peut être cueilli ou tomber à tout moment à condition que les Camerounais daignent secouer le cocotier.

Le recrutement des miliciens pour faire un travail jadis confié aux policiers et militaires visent à prévenir contre la surprise désagréable du lâchage du régime par les militaires  que le régime a cependant fortement mobilisés pour les besoins de la cause.

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