L’art d’ignorer l’essentiel
Difficile de parler de la rencontre entre Paul Biya et Macron le 26 juillet dernier sans s’intéresser aux errements de Paul Biya durant l’une des rares fois où il s’est retrouvé face aux journalistes. L’actualité et les rapports désormais chancelants de la France et du Cameroun étaient au menu de et échange. Plus d’une fois le président Paul Biya a prétexter ne pas saisir les questions qui lui étaient adressées. Emmanuel Macron qui était pourtant sur la même estrade que lui s’est vu obligé de jouer les traducteur pour le président camerounais.
Paul Biya a joué les sourds à dessein ? De nombreux observateurs avertis des stratégies de communication le pensent pour deux raisons principales. La première, avoir suffisamment de temps pour répondre aux questions gênantes comme le renouvellement des accords entre le Cameroun et la Russie sans permettre que l’abstention de son pays dans les votes dans le cadre de la Guerre d’Ukraine ne soit scrutée. La gêne des journalistes étaient perceptibles. Normal lorsqu’on se reprend plus de deux fois dans une salle calme et parfaitement sonorisée.
Dans le même temps, Paul Biya a voulu éviter certaines questions tout simplement. Une journaliste française a relevé le fait que les parts de marché des entreprises françaises sont passées de 30% à 10% au Cameroun. Un chiffre évocateur qui n’a suscité aucun commentaire de la part de Biya grâce à son art d’ignorer l’essentiel pour la France.
Biya présente son successeur à Macron ?
Les raisons officielles de la visite d’Emmanuel Macron avaient été renseignées par l’Elysée, savoir : renouer le partenariat entre la France et le Cameroun. Les coulisses de la virée de Macron au Palais ont permis d’apprécier un moment symbolique où Paul Biya a visiblement introduit (peut-être une nouvelle fois) son fils Franck Biya au président français. Cela n’a rien d’anodin lorsqu’on sait qu’il ne s’agissait nullement dans ce contexte d’un échange avec les enfants du président âgé de bientôt 90 ans. Paul Biya a d’autres fils et filles qui n’étaient pas présents à cette rencontre.
C’est précisément celui de ses enfants qui est présenté comme son dauphin qui a brillé par sa présence à cette rencontre, couronné d’un échange initié par Paul Biya entre le deux hommes. Il n’y avait absolument aucune raison officielle pour Emmanuel Macron et Franck Biya aient un échange, ce d’autant que le second a fait l’objet d’une levée de boucliers avant l’arrivée de Macron.
Les signes avant-coureurs
Des banderoles à l’image de Frank Biya (portant le nom d’un mouvement qui veut le porter à la magistrature suprême) barraient plusieurs artères de la ville de Yaoundé avec des message d’accueil à l’endroit d’Emmanuel Macron. Sous le feu de la critique elles ont été retirées par les autorités camerounaises. Mais sans doute pour réitérer l’option d’un gré à gré incontournable, Paul Biya a montré qu’au delà des affiches retirées, Franck Biya peut avoir le privilège d’un entretien avec le président français. La quintessence de ce tête-à-tête demeure un mystère; du moins pour les dupes.