L’Afrique, le nouveau carrefour géopolitique du nouvel ordre mondial !

Pennsylvania, USA, 02/14/2023 – Du 13 au 15 décembre 2022, un grand sommet s’était tenu à Washington entre les Etats-Unis d’Amérique et le continent africain. 49 Etats furent représentés, l’Union Africaine aussi bien que le secteur privé et la société civile avaient tous été présents au cours de ces trois jours de discussion. Qu’est ce qui a été discuté ?

Au cours de cet important sommet stratégique, plusieurs sujets vitaux furent discutés. Au cours de la première journée, on s’accentuait « sur le rôle vital de la société civile et la force de nos communautés de la diaspora africaine aux États-Unis. »

La deuxième journée était consacrée « sur l’augmentation du commerce et des investissements bilatéraux lors du Forum des affaires États-Unis-Afrique. » 300 sociétés américaines et africaines se penchaient sur « les investissements dans des secteurs critiques, notamment la santé, les infrastructures, l’énergie, l’agroalimentaire et le numérique. »

« La troisième et dernière journée a été consacrée à des discussions de haut niveau entre les dirigeants, le président Biden ouvrant la journée par une session sur le partenariat sur l’Agenda 2063, la vision stratégique de l’Union africaine pour le continent. » Le sommet a été clôturé par le président Joe Biden lui-même, tout en prenant soin de déclarer que « Le succès de l’Afrique est le succès du monde ».

A rappeler que ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis organisaient ce genre de sommet avec des pays africains. Le premier remontait à 2014, sous le leadership de Barack Obama. Cependant, celui-là revêt un caractère spécial et urgent lorsqu’on tient compte de la poussée « Sino-Russe » sur le continent africain et des grands bouleversements du monde.

Au cours de l’année 2014, j’avais publié « Flash ! Les rapaces sont de retour dans les rues Africaines » un article qui m’avait ouvert la voie au continent africain. Depuis lors, un pont est établi entre moi et des intellectuels africains autour des fréquentes mutations continentales en cours. Ainsi, en 2020 j’ai publié « La Chine, du nationalisme à l’impérialisme », un autre papier qui mettait en contexte l’évolution de la Chine dès sa fondation en 1949…à ses velléités impérialistes.

Aujourd’hui, l’enjeu est beaucoup plus profond et clair, il ne s’agit plus d’interventions économiques et financières de la Chine en Afrique, mais d’un assaut bien coordonné.  Elle est rejointe dans cette cavalcade géopolitique par la Russie. Maintenant, il n’est pas ridicule de parler d’un couple Sino-Chinois. On dirait que cette alliance est scellée de manière que Pékin s’approprie de l’économie, pendant que Moscou se charge du militaire et de la politique.

La Russie s’implante agressivement en Afrique. Cependant, Vladimir Poutine a pris soin d’utiliser les services militaires du groupe « Wagner ».  Quoique « Moscou a fourni 44 % de toutes les importations d’armes africaines de 2017 à 2021, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. »

« Le groupe Wagner est censé être une entreprise militaire privée ayant des liens avec le gouvernement russe. Mais de nombreux responsables et universitaires occidentaux pensent qu’il n’existe pas, étant donné l’absence d’entreprise enregistrée sous le nom de Wagner. Au lieu de cela, le terme a été utilisé pour décrire un assortiment de groupes de mercenaires et d’entreprises qui utilisent les mêmes réseaux logistiques et dont les propriétaires se chevauchent. La cheville ouvrière de ce réseau mondial est Yevgeny Prigozhin, un oligarque russe qui entretient des liens de longue date avec le président russe Vladimir Poutine. Il est largement admis que n’ayant aucune formation militaire, M. Yevgeny est une façade ou un intermédiaire pour l’organisation, travaillant pour le compte de l’État russe. »

Ce groupe est présent dans plusieurs pays, en particulier africains. On l’avait trouvé pour la première fois en Ukraine au cours de l’année 2014. Plus tard, le « Groupe Wagner » a été opérationnel en Syrie en 2016 main dans la main avec l’armée Russe. Il est aussi présent au Mozambique depuis des années en support technique à l’armée et aux milices proches du pouvoir. La forte présence des agents du groupe en Libye ne peut être passée inaperçue, ils sont au nombre de 7000. Au soudan, ils sont aussi en action aidant à la formation de l’armée, au moins c’est la version officielle. Depuis un certain temps, le « Groupe Wagner » opère aujourd’hui au Mali.

Au mois de juillet 2022, la Russie a eu son sommet africain par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, M. Sergueï Lavrov. Il a visité 4 pays africains : l’Egypte, le Congo, l’Ouganda et l’Ethiopie. Au cours de ce périple, les Russes entendaient renforcer ses liens africains et démontrer aussi, qu’en dépit de la réaction occidentale ponctuée de sanctions contre Moscou, ils conservent encore des amis. Nombre d’entre eux se trouvent sur le continent africain.

#ctaText??#  Quand l'Afrique veut se développer sans souveraineté

La Russie est toujours perçue favorablement en Afrique. Car, au cours des guerres de libération nationale des années 1960 contre le néocolonialisme occidental, les armes russes étaient gratuitement délivrées aux guérillas africaines. En ce sens, il y a toujours ce lien de reconnaissance qui se transmet de générations en générations. Ainsi, le président de l’Ouganda l’avait exprimé en ces termes : « Chaque fois que des questions sont soulevées et que certains veulent que nous prenions position contre la Russie, nous répondons : “mais vous, ces gens-là sont avec nous depuis 100 ans, comment pouvons-nous être automatiquement contre eux ? » Cette déclaration est liée avec la position des États africains qui ont toujours refusé de condamner l’invasion Russe en Ukraine, certains ont même exprimé leur soutien.

Donc, les Etats-Unis qui négligeaient l’Afrique depuis toujours doivent faire les bouchées doubles afin de parvenir à cette ruée vers le plus vieux continent. Ce sommet qui vient de s’achever s’inscrit directement dans le cadre de cette foncée américaine. Joe Biden, au cours de son allocution de clôture ne pouvait être plus clair quant au désir de l’Amérique de convoler en justes noces avec l’Afrique. Il a promis d’investir fortement, et je cite : « au cours des trois prochaines années, en étroite collaboration avec le Congrès des États-Unis, nous prévoyons d’engager 55 milliards de dollars en Afrique pour faire avancer les priorités que nous partageons et pour soutenir l’Agenda 2063. » Qu’est-ce que « L’agenda 2063 », qui ne cesse de revenir dans le texte ?

Le 31 janvier 2015, a l’occasion de la 24e assemblée générale ordinaire des chefs d’État et de gouvernement des membres de l’Union Africaine qui se tenaient à Addis-Abeba, « L’agenda de 2063 » a été signé par tous les participants. L’objectif de cet important document est d’arriver à développer le continent, pendant une période de 50 ans, à travers une série d’engagements stratégiques liés à l’éradication de la pauvreté, la sécurité régionale, la démocratisation, le renforcement du système judiciaire, la paix internationale…et de mettre en œuvre l’Idéal panafricain axé sur l’autodétermination des peuples.

C’est une reprise des grandes idées panafricanistes des années 1960, tout de suite après la période de la « décolonisation », prônée par : Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Mouammar Kadhafi, Gamal Abdel Nasser…

Au cours d’un entretien avec un penseur africain qui vit la réalité brutale des événements du continent, il pense que c’est le meurtre odieux de Kadafi qui est à la base de cette révolution panafricaniste. Les convulsions qui saccagent le continent corroborent l’opinion de cet ami, telles que : les événements du Mali, de Burkina-Faso…sont autant de substances sur lesquelles on peut se baser pour parler d’un réveil africain.

Toutefois, il faut noter l’agressivité de la Chine/Russie et des Etats-Unis/Occident pour récupérer et contrôler les mouvements en cours sur le continent. Ainsi, les largesses américaines vont en ce sens car, Joe Biden vient de demander au congrès de l’autoriser à prêter 21 milliards de dollars au Fonds Monétaire international-FMI pour financer les nations à faibles revenus du continent. Ensuite, 100 millions de dollars seront transités vers les institutions militaires en vue de renforcer la sécurité.

L’analyse ne s’arrêtera pas là, Boukan News viendra avec d’autres articles complémentaires. Le prochain article abordera le futur du nouveau panafricanisme en cours sur le continent.

Par Joel Leon

Reference

1- BBC : Géopolitique : que veut la Russie en Afrique ? 29 juillet 2022- Grigor Atanesian

2- Le Temps : En Afrique, quand les militaires s’agrippent au pouvoir- 4 janvier 2022- Simon Petite

3- Centre For Strategic And Contemporary Research-CSCR- Wagner Group In Africa- by Syed Zulfiqar Ali

4- The Conversation: US-Africa summit: four things African leaders should try to get out of it- December 12th.

5- The White House: Remarks by President Biden at the U.S.-Africa Summit Leaders Session on Partnering on the African Union’s Agenda 2063- December 15th, 2022

6- « La Chine, du nationalisme à l’impérialisme », www.cameroonvoice.com- 3 mai 2020 7- « Flash ! Les rapaces sont de retour dans les rues Africaines », www.cameroonvoice.com- 5 aout 2014

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