Depuis que le régime de Yaoundé a épuisé toutes ses stratégies de camouflage de ses activités meurtrières dans le NOSO, il y a unanimité sur le nombre de morts vertigineusement élevé dans le NOSO aussi bien parmi les civils (plus de 30000 morts) que parmi nos forces de défenses (plus de 1700 morts).
Depuis près de 4 ans donc, les Camerounais, comme dans un film d’horreur hors norme, se sont habitués à rêver debout, en se détachant d’une façon extraordinaire de ces images horribles qui traduisent la cavalcade meurtrière de l’armée camerounaise qui aurait pour mission d’infliger aux populations du Nord-Ouest et Sud-Ouest des souffrances insoutenables avec une violence et une barbarie tellement aveugles que cela dépasse tout entendement.
C’est donc naturellement qu’en ce weekend du 15 Février 2020, la réaction des Camerounais au niveau national et international, face aux massacres de Ngarbuh, a été d’une surprise tellement violente que l’on se demande si ce n’est pas le résultat d’un festival d’humour généralisé organisé au Cameroun.
Certes, le massacre de ces 32 personnes, aux rangs desquelles 14 enfants, qui ont perdu leurs vies dans les conditions horribles au village Ngarbuh par Ntumbo, s’est déroulé un 14 février 2020, jour où le monde entier célébrait l’Amour sous toutes ses formes. Mais en quoi cela a plus d’importance que les plus de 30 000 civils Camerounais déjà morts dans cette région sans compter les plus 1700 jeunes soldats Camerounais sacrifiés sur l’autel de la bêtise et de l’oisiveté ?

En tout cas cette indignation subite est tintée d’un humour noir tellement contagieux que cela pourrait vraiment vous faire rire si vous n’y prêtez pas un tout petit peu d’attention. Cela nous amène à poser à ceux que cette situation amuse, la question suivante : Peut-on rire de tout ? L’humoriste Français Pierre Desproges, en répondant à cette question disait : “On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui.”
Alors, à tous les thuriféraires du régime, à tous ces républicains qui accompagnent Paul Biya dans sa mission macabre, à tous ces Anglophones de maisons qui ont condamné leur frères du NOSO, à cette communauté internationale qui contribue tous les jours à armer Paul Biya, je leur dit que cette situation ne fait pas du tout rire les Camerounais Anglophones et Francophones qui ont encore un minimum de sens de l’humain. Nous ne pouvons pas nous marrer du génocide que vous perpétrez dans le NO-SO.
Je vous présente, à titre d’illustrations, le florilège d’indignations qui nous rappellent la générosité des artistes lors de ce festival d’humour d’un 14 Février 2020 au Cameroun. Chacun y a mis son talent pour marquer cet humour diabolique, immoral, macabre, malsain, pervers et pourri:
- Les Camerounais sont les principaux animateurs de ce festival de rire car voilà un peuple, plongé dans un état éthylique permanent et profond, qui se réveille un matin du 14 Février 2020 et trébuche dans l’embouteillage des indignations parce qu’on a mis en avant un échantillon non représentatif des multiples massacres et souffrances insoutenables que l’armée Camerounaise est en train d’infliger à son propre peuple dans le NOSO.
- Un grand représentant de l’église, qui avait, à lui tout seul et en un seul voyage, rétabli la paix dans le NOSO, est dans un mutisme dont l’apparence peut vous faire mourir de rire. Même les militaires qui commentaient les crimes sur le terrain ont du se pincer pour s’assurer que le prélat s’essayait à la comédie.
- L’état Camerounais s’est taillé la palme d’or du festival. Mutisme total. Il n’était pas au courant du massacre (sans rire). Acculé de toute part il va déclencher sa blague favorite en démentant les faits et en parlant de manipulation. La réaction du chef de guerre Paul Biya n’est pas attendu avant trois semaines (date de sa prochaine sortie du coma).
- L’armée Camerounaise déclare que c’est l’œuvre des Amazoniens et avec une ironie tinté de moquerie, elle ajoute : Notre rôle est de protéger les biens et les services des Camerounais.
- La communauté internationale qui forme, équipe et conseille Paul Biya dans sa mission coloniale a affiché une mine déplorable face à cette tragédie du 14 Février. Elle est en état de choc. Dans une posture comique, elle affirme qu’elle croyait que Paul Biya avaient déversé sur le NO-SO toutes les promotions de l’armée 2017, 2018 et 2019 pour aller décorer les maisons brûlées.
- Le RDPC, le parti au pouvoir, est officiellement resté silencieux, expliquant qu’ils sont occupés par la célébration de leur victoire écrasante dans le NOSO. Mais les mentors du parti, dans un humour noir tel qu’ils savent en concocter, rejette la responsabilité sur les Ambazoniens. En effet ces derniers se retourneraient contre ceux qui ont voté à 100% pour les RDPC.
- Les partis républicains du Cameroun, après avoir gagné des sièges de Maire et de député dans une région dont ils ne connaissent même plus la position sur une carte géographique, n’ont pas manqué de pointer leur note de dérision. Leur représentant, Cabral Libii, aurait lancé avec une grimace digne de Hitler, un ton menaçant et de façon péremptoire : «Je demande avec insistance au Gouvernement et aux organisations des droits de l’homme nationales et internationales, de faire toute la lumière sur ce massacre. Que les coupables soient rapidement identifiés, interpellés et présentés à la justice pour y subir la rigueur de la loi». Et il ajoute « Il n’est pas question que nous perdions nos sièges chèrement gagné dans la bataille électorale dans le NOSO. Il est adorable ce bonhomme. Le régime est certainement en train de trembler.
- Grégoire Owona, l’un des rares membres du gouvernement qui s’exprime librement, n’a pas manqué d’ajouter son grain de sel à la mouture. Dans une sortie classique où il mélange la confusion à son style tragi-comique, il demande de ne pas s’attaquer au messager Ernest Obama qui a sniffer un peu de farine à Paris. Certes, Ernest Obama a appelé à dératiser le NOSO, mais ce n’est pas lui qui était au village Ngarbuh par Ntumbo puisqu’il était à Paris pour les qualificatifs aux 100 m. La blague aurait été d’un autre gout si la sélection s’était faite à Paris après le 14 Février.
- Maître Akere Muna, un vibrant représentant des Camerounais Anglophones qui sont bien installés dans les zones Francophones, est très attristé. Il déclare, dans un humour de 3eme degré « Nous devons tous rechercher la paix avant que ce pays ne perde son âme ». Me Akere Muna, qui est le dernier, je dis bien le dernier homme politique, à avoir mis les pieds dans le NOSO sait très bien que ce pays a déjà perdu son âme. D’ailleurs, il écrit sur son compte Twitter : « La souffrance, les tueries et la mort sont désormais la norme ». Me Akere dans ce style d’humour contradictoire nous fait rire en insistant qu’un pays où « La souffrance, les tueries et la mort sont désormais la norme est un pays qui n’a pas encore perdu son âme ». Non maitre ! C’est fait ! Cette âme est perdue. Maintenant il faut la reconquérir en stoppant Paul Biya.
- Les anesthésistes (les journalistes Camerounais), qui ont acceptés docilement l’interdiction d’accès dans cette zone, sont sortis de leur gong en criant à l’indignation pour 22 morts, effaçant ainsi d’un coup de micro la mort de nos 1700 soldats et des plus de 30000 civils. Je vous assure qu’ à les écouter ou les regarder, on se demande comment est-ce qu’ils font pour ne pas pleurer. Il faut ajouter, qu’en plus de l’interdiction de se rendre dans cette zone, les journalistes Camerounais n’ont jamais fait l’effort d’interviewer sur ce sujet le président de la république, le premier ministre, le ministre de l’administration territoriale, le ministre de la défense et le ministre des affaires sociales. Et cela depuis 2016. Et avec tout cela, dans leur lamentations, ces gens peuvent vous arracher une larme. De vraie comédiens !
On va s’arrêter là car fort heureusement, malgré le talent incontesté et incontestable de ces comédiens, et malgré la diversité des leurs humours aussi bien en genre, en couleur qu’en degré, il demeure quelques Camerounais (Anglophones et Francophones) qui tiennent la tête haute pour ne pas sombrer dans cet océan d’aveuglement. Un océan d’aveuglement qui continue à faire croire à un seul homme qu’il peut infliger à tout un peuple toute les formes de sévices affreux et inimaginables et cela en buvant du champagne.
Je voudrais ici saluer ces Camerounais-là, en les invitant à ne pas baisser la garde et à rejoindre l’appel de toutes les personnalités, tous les mouvements, les organisations des droits de l’homme et les partis politiques (MRC, le CPP, le FDR et l’UPC-Manidem) qui aiment le Cameroun et qui refusent cette forfaiture.
La mobilisation est de mise car nous ne sommes pas encore au bout de notre amertume face à cette autodérision mortifère généralisée car le pire reste encore à venir. En effet, lorsque Paul Biya va sortir de son hibernation de Genève, et va apprendre les agitations de ce nouvel exploit de ses sbires, il fera, à coup sûr, la déclaration suivante : « Que ce soit de l’humour noir, de troisième degré, de la dérision ou de la moquerie, c’est une question de sémantique, l’essentiel est de neutraliser et détruire les Anglophones ou, faute de mieux, les chasser de leur territoire ».
Une déclaration dont les anesthésistes (journalistes de la CRTV, Canal 2, etc…) vont se saisir immédiatement pour organiser des débats pendant des semaines, en soulignant la magnanimité humoristique du grand Machiavel. Oui ! Le ridicule tue. Bref, il faut avoir les côtes solides pour résister a toute cette avalanche d’humour morbide.
Face à cette aventure macabre, les Camerounais n’ont pas plus d’une option : Il faut stopper ceux qui commettent ces massacres comme le préconisait Paul Kagamé. Ce n’est même plus une option pour les Camerounais. C’est une obligation, C’est une question de survie de notre nation.
Pour tous ceux qui veulent nous faire rire en exigeant une enquête, nous leur rappelons que nous ne demandons pas d’enquête. Nous exigeons la fin immédiate de cette guerre absurde.
Douala Ngando