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On pouvait craindre le pire. Tant des organisations de la diaspora camerounaise en France et au-delà avaient laissé entendre qu’elles feraient tout pour perturber, dès le premier jour, la visite du président de la République, Paul Biya, en France. Des communiqués avaient inondé des rédactions et des boîtes électroniques de journalistes, mettant le chef de l’Etat camerounais et les autorités françaises en garde. Le Collectif des organisations de la diaspora (Code) de Brice Nitcheu avait même appelé à manifester dès 15 heures, hier après-midi, Porte d’Auteuil dans le 16ème arrondissement de Paris, où se trouve l’Ambassade du Cameroun en France. Des menaces apparemment prises « très au sérieux » par les services de renseignement et les autorités à Paris si l’on en juge par le déploiement des forces de l’ordre Porte d’Auteuil, depuis les bouches du métro (ligne 10), jusqu’aux Boulevards Murat, Exelmans, Suchet et même la rue Auteuil aux abords de la représentation diplomatique du Cameroun.
A tel point que nombre des passants, Français et étrangers, qui n’étaient pas au courant de la venue du locataire d’Etoudi à Paris, ont eu finalement cette information par la force des choses. Et lorsque la dizaine de manifestants se sont présentés, porte voix et drapeau à la main, pour protester contre la venue de Paul Biya, ils avaient l’air un brin ridicule. Surtout que, parallèlement, des centaines de militants du Rassemblement du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir, expressément mobilisés pour la cause, affluaient des quatre coins de l’Hexagone en tenue officielle du parti. Mais aussi du Cameroun, comme Françoise Foning et Onana Marius qui ont rejoint Paris hier matin.
Un saut à Bordeaux
Il est un peu plus de 15h 45, quand les six bus climatisés, couleur grenat, qui étaient stationnés Boulevard Murat, pleins à craquer de militants du parti des flammes, démarrent. Direction, aéroport international d’Orly. C’est là que, moins de trois heures après, ils vont enfin témoigner de leur accueil chaleureux au président Biya. En attendant, les groupes de danse sont en place. D’impressionnantes forces de l’ordre aussi. Il y a là, les Compagnies républicaines de sécurité (Crs), la Police de l’air et des frontières (Paf), la garde républicaine dans sa somptueuse tenue des grands jours. Visite officielle oblige! L’Ambassadeur du Cameroun en France, M. Mbella Mbella Lejeune, en profite pour aller vers les militants, histoire de tâter le poul et galvaniser les troupes: « Rdpc oyé! Paul Biya oyé! » Bien sûr, les militants répondent en choeur: « Oyé! Oyé! »
Il est 18h 25, Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement de Nicolas Sarkozy, débarque. Il fait un signe de la main et un large sourire aux militants Rdpc amassés le long du muret du côté gauche de l’entrée principale de l’aéroport d’Orly. Les you-you redoublent d’intensité, les danseurs se déchaînent, les banderoles se font plus visibles: « Paul Biya le meilleur candidat pour 2011 », ou encore « Jeunesse européenne du président Paul Biya, la diaspora est unie derrière vous ». Le Conseil des Camerounais de la diaspora (Ccd), le Code ou encore le Rassemblement démocratique pour la modernité du Cameroun (Rdmc) de Pierre Mila Assouté, apprécieront.
En provenance de Génève
18h 35, l’avion qui transporte Paul Biya attérit sur le tarmac. Le président de la République est accompagné d’une forte délégation. On reconnaît notamment le nouveau ministre de la Communication, M. Issa Tchiroma, habillé d’une gandoura bleu ciel, ou encore Jean Nkuété, le vice-Premier ministre en charge de l’Agriculture, dans un costume terne. Puis le couple présidentiel, Chantal et Paul Biya, sort à son tour. Il est 18h 55. La foule des militants Rdpc est en délire. Paul Biya après quelques minutes d’hésitation, décide tout de même de s’avancer vers ses militants, encouragé visiblement par Brice Hortefeux. Quelques minutes de marche, puis le couple présidentiel regagne le véhicule mis à sa disposition: « C’était bien. Mais que c’est passé vite! », s’exclamera une militante. Peu de militants savent alors que Paul Biya a quitté le Cameroun depuis le 20 juillet et qu’il provenait en réalité de Genève, où il a passé la nuit.
Le chef de l’Etat doit aller se reposer. Son programme s’annonce des plus chargés. Il est attendu par Alain Juppé à Bordeaux ce 22 juillet (même si le site de la présidence de la République du Cameroun ne précise pas de date), et devrait rencontrer Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères et européennes, avant l’entretien que son homologue Nicolas sarkozy lui accordera à l’Elysée, vendredi 24 juillet à 13 heures. Si l’on en croît le site de l’Elysée.
Jusqu’à hier soir, les demandes d’accréditation effectuées auprès de l’Ambassade du Cameroun en France n’ont pas toutes reçu de réponse. L’Ambassade dit avoir déposé ces demandes auprès du Quai d’Orsay qui n’a pas encore donné suite à toutes les requêtes. Le Messager, en tout cas, attend toujours la sienne.