A Alger comme au Caire, on ne plaisante pas sur ce dernier match qui oppose mercredi à 18 H 30 (heure française) l’Algérie à l’Egypte au Soudan. Il est d’importance nationale. Il pourrait être explosif. Car, c’est une sorte de finale que chacun des deux pays veut gagner à tout prix afin de remporter le ticket pour l’Afrique du Sud, au Mondial 2010. Depuis dimanche soir, la capitale soudanaise est envahie par des milliers de supporters algériens et égyptiens.
Quinze mille policiers pour assurer la sécurité. Survoltés, les supporters égyptiens comme leurs «frères» algériens sont gagnés par la fièvre nationaliste.
Même les présidents algérien et égyptien sont allés au charbon, chacun à sa manière. Abdel Aziz Bouteflika, le chef de l’Etat algérien, en «ordonnant» à Air Algérie d’organiser un pont aérien et de brader le prix entre Alger et Khartoum. Son homologue égyptien, Hosni Moubarak, fait de même depuis le Caire pour s’assurer d’un soutien total à l’équipe égyptienne.
«Pendant ce temps, on oublie le prix du mouton avant l’Aïd»
C’est que les deux chefs d’Etat ont tout à gagner de cette effervescence pour le football jusqu’au Mondial de juin prochain. «Pendant ce temps, on boit et on mange du ballon rond. Dans la rue et à la télé. Il n’y en a que pour les Verts. Et on oublie le prix des moutons à la veille de l’Aïd (prévu le 27 novembre)», ironise une mère de famille algéroise qui avoue toutefois son «admiration» pour l’équipe algérienne. Et qui prie Allah pour battre l’Egypte.
Vu d’Algérie, la victoire de l’Egypte samedi 14 novembre au Caire, précédée par le caillassage du bus des joueurs algériens, puis des violences contre les supporters et les folles rumeurs sur la mort de l’un d’entre-eux (même démentie officiellement par les autorités à Alger) a galvanisé les foules partout dans le pays. Tous veulent «taper» l’Egypte. A leur tour, les Algériens ont fait la chasse aux Egyptiens. Jeunes et vieux se sont empressés devant les stands d’Air Algérie pour gagner Khartoum.
L’appel à la prière pas diffusé
Et les télés d’Etat, égyptiennes comme algériennes, n’ont pas échappé à la règle pour galvaniser un public acquis d’avance. A coups d’emblème national, de chants patriotiques et de témoignages glorieux en faveur du onze national. Exemple de la télévision algérienne retransmettant le match du 14 novembre. D’habitude, l’appel à la prière est diffusé en direct interrompant tout programme, y compris le journal. Pour ce match décisif au Caire, l’appel n’a pas été diffusé en direct. Seul un bandeau rappelant qu’il était l’heure de la prière défilait au bas de l’écran pour ne pas interrompre la diffusion du match.
A la télé égyptienne, c’est une animatrice qui fait la leçon à ses compatriotes pour se «méfier» des Algériens. Ou encore, ceux qui affirmaient, haut et fort, que les joueurs algériens caillassés ont eux-mêmes «organisé» ce scandale. Provoquant l’ire des dirigeants algériens. Et sur Internet, le tour est vite joué. Le ton est aux insultes de part et d’autre. On relève ces deux réactions d’internautes dépassant largement le cadre sportif.
Ce qui pousse mercredi un important religieux musulman, cheikh Youssef Qardaoui, d’origine égyptienne, à lancer un appel au calme, en estimant que le football «n’est qu’un jeu». Mais vu les dérapages qui précèdent cette rencontre, les suporters des deux pays sont prêts à en découdre à Khartoum. Des incidents fâcheux pourraient survenir en Egypte, en Algérie et même en France,où des centaines de policiers sont mobilisés à l’issue de ce match.