Afrique centrale : Biya et ses pairs recherchent 16.5 milliards

Les chefs d’Etat de la Cemac ont décidé d’user de toutes les voies de droit pour récupérer l’argent perdu par la Beac dans un placement hasardeux auprès de la Société Générale.

Mauvais placement: La Cemac réclame 16,5 milliards à la société générale

Les chefs d’Etat de la Cemac ont décidé d’user de toutes les voies de droit pour récupérer les 16,5 milliards perdus par la Beac dans un placement toxique et maquillé de la Société générale.

On croyait l’affaire des placements risqués de la Beac close, avec la décision prise par les chefs d’Etat de suspendre les placements jusqu’à nouvel ordre et, plus récemment, celle de nettoyer le gouvernement de la banque centrale. Pourtant, une autre phase de l’affaire est en train de naître, avec la décision prise pas les six chefs d’Etat de la Cemac, lors de la conférence des 16 et 17 janvier à Bangui, de mener les procédures nécessaires pour récupérer les sommes perdues, à savoir les 16,5 milliards de moins values enregistrés au moment de retirer le placement, après un an. Ce placement effectué en décembre 2007 par l’ancien gouverneur de la Beac et visant à fructifier une partie des réserves de change de la sous région ; n’avait soulevé aucune vague au cours des premiers mois.

Les premières inquiétudes n’apparaissent que courant 2008, lorsqu’une mission conjointe Fmi-Banque mondiale, qui d’ordinaire s’intéresse aux agrégats macro économiques, essaie d’ausculter la situation de la banque centrale.

Simple formalité, pensent alors les responsables de ces institutions, car ils ont l’habitude de tels diagnostics à la banque centrale, et ces revues n’ont jamais donné matière à inquiétude. Sauf que cette fois, ils s’apercevront que la banque centrale a fait un placement d’environ 530 000 euros sur les places financières européennes, via la Société générale en France. Cette somme est surtout issue de la révision, en 2007, du quota de réserves de changes à placer en compte d’opérations auprès du Trésor français.

Règles non respectées

Les autorités communautaires s’étant entendues pour ponctionner désormais 50% des réserves de changes et de n’en laisser que la moitié sous le contrôle du Trésor français. Le problème que décèle le contrôle du Fonds monétaire est que ce placement n’est pas tout à fait conforme aux règles statutaires de la Banque des Etats de l’Afrique centrale. Le Fmi faisant remarquer que, de surcroît, les produits financiers dans lesquels ces sommes ont été investies étaient des valeurs volatiles, susceptibles de causer des pertes importantes en cas de fluctuation.

En fait, comme l’expliquera l’ancien gouverneur, Philibert Andzembe, « il s’est avéré que le produit contracté, géré par ailleurs avec opacité par la Société Générale n’était pas totalement conforme aux prescriptions des Statuts de la Banque, et la décision d’en sortir a été prise le 29 avril 2008, confirmée le 1er octobre de la même année, avec effet au 28 décembre 2008 afin d’éviter le paiement d’importantes pénalités contractuelles ».

En avril 2008, au moment où cette décision est prise, le placement lui-même est plutôt fructueux, et la décision de retrait ne se justifie que parce que les règles n’ont pas été respectées. Fin décembre, au moment du retrait des fonds, la crise financière internationale a déjà fait son effet et les pertes sont importantes : au moins 16,5 milliards F Cfa de moins value par rapport au montant global placé.

Si la responsabilité administrative de Philibert Andzembe a été retenue du fait qu’il était aux commandes et n’avait pas observé toute la collégialité requise dans la décision d’investir, il est également apparu que le gouverneur de la banque centrale s’était trompé de bonne foi. Car, le dépôt à terme indexé qui lui avait été présenté par l’émissaire de la Société Générale était en réalité un produit financier maquillé, vraisemblablement, croient savoir les chefs d’Etat, dans le but de tromper la vigilance des responsables de la Beac.

Les patrons de la Société Générale ont-ils dissimulé exprès des informations qui auraient permis à la Beac et prendre une décision en connaissance de cause ? Les chefs d’Etat de l’Afrique centrale le pensent et devraient, selon notre confrère Jeune Afrique L’Intelligent, tenter un arrangement à l’amiable avec la Société Générale. Et si une entente n’est pas obtenue, saisir les tribunaux compétents.

Mesures de sécurité
En attendant, après avoir suspendu les placements, la Beac a pris d’autres mesures pour limiter au mieux ce type de placements aussi hasardeux que risqués. Des mesures sont prises en interne pour améliorer la capacité de veille de la Beac. Au nombre des mesures permettant de limiter de telles pertes à l’avenir, on cite « une première série de mesures de renforcement des capacités opérationnelles de la Direction des Opérations Financières ont été déjà prises par le Gouvernement de la Banque.

Ainsi, sur le plan organisationnel, un mouvement d’effectifs a été effectué, avec notamment le renforcement de l’unité en charge du suivi des risque~ de la salle des marches, par l’affectation d’un nouveau cadre supérieur. De même, la direction des opérations financières a été réorganisée avec la mise en place d’un nouvel organigramme dotant l’unité de suivi des risques ci-dessus d’une indépendance accrue. Une révision de l’ensemble du manuel de procédures est également envisagée ».

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