NEW YORK — Une proportion élevée des médicaments les plus efficaces contre le paludisme vendus dans trois pays africains sont de mauvaise qualité, notamment au Sénégal, faisant craindre une résistance accrue de la maladie aux traitements, selon une étude américaine publiée lundi.
Entre 16% et 40% des médicaments à base d’artémisinine vendus au Sénégal, à Madagascar et en Ouganda ont échoué aux tests de qualité, selon l’étude, conduite par le programme non gouvernemental Pharmacopeia, financé par l’Etat américain.
Ces mauvais résultats, qui s’expliquent par la présence d’impuretés ou une quantité insuffisante d’ingrédient actif, constitue une “tendance inquiétante”, a souligné Patrick Lukulay, directeur du programme Pharmacopeia. L’étude indique notamment que 40% des médicaments au Sénégal ont échoué aux tests.
Les médicaments à base d’artémisinine restent le dernier moyen abordable pour lutter contre le paludisme, d’autres traitements ayant déjà perdu leur efficacité à cause de la résistance accrue de la maladie à leurs molécules. Si les médicaments à base d’artémisinine cessent d’être efficaces, le bilan humain de la maladie, qui tue actuellement un million de personnes par an, risque d’augmenter fortement, avertissent les experts.
L’étude s’inscrit dans le cadre d’une enquête sur les traitements anti-paludisme en Afrique conduite par les Etats-Unis et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Des informations collectées dans la région frontalière entre la Thaïlande et le Cambodge ont déjà montré qu’il fallait plus de temps pour guérir les patients avec les médicaments à base d’artémisinine: il s’agit du premier signe d’une résistance aux traitements.
Les résultats pour les sept autres pays africains étudiés -Cameroun, Ethiopie, Ghana, Kenya, Malawi, Nigeria et Tanzanie-n’ont pas encore été rendus publics par l’OMS. Mais Clive Ondari, qui a travaillé sur l’enquête pour l’OMS, précise que les taux d’échec aux tests de qualité pour trois de ces pays sont particulièrement élevés.
Le Ghana a déjà retiré plus de 20 médicaments du marché après avoir reçu les résultats préliminaires, selon M. Lukulay.