Le vice-président sud-africain Kgalema Motlanthe, le 2 mars 2010 à Durban
dimanche un appel à renoncer aux manifestations violentes qui ont marqué le début de l’année, alors que le pays commémorait dimanche les massacres de Sharpeville et Langa où 69 personnes ont péri, il y a 50 ans.
“Le 21 mars 1960, les habitants de Langa et Sharpeville ne s’exprimaient pas en mettant le feu à des bibliothèques ou en pillant des bâtiments publics. Au contraire, ils ont marché pacifiquement vers les postes de police pour se faire arrêter”, a déclaré le vice-président devant des centaines de personnes rassemblées dans le stade de Sharpevillle, à 50 km au sud de Johannesbourg.
Depuis le début de l’année, plusieurs villes sud-africaines ont connu des affrontements violents entre la police et la population qui manifestait pour réclamer des services de première nécessité comme de l’eau potable, des logements ou l’électricité.
“Dans un contexte démocratique, je vous demande instamment de confier au gouvernement le soin d’utiliser les institutions démocratiques pour répondre à vos demandes et vos doléances”, a ajouté M. Motlanthe.
Auparavant, avec plusieurs membres du gouvernement ils avaient déposé une gerbe et assisté à une messe en l’honneur des morts du 21 mars, décrété en 1966, journée internationale contre le racisme par l’ONU.
La police a indiqué que 29 personnes avaient été arrêtées au cours du week-end, après que le feu eut été mis à trois immeubles lors de manifestations qui ont commencé jeudi pour réclamer des services de première nécessité dans la province de Mpumalanga (est du pays).
Samedi, des manifestants ont bloqué une route, lancé des pierres sur des véhicules et détruit des bâtiments et des voitures de police, a annoncé le porte-parole de la police de cette province, Leornard Hlathi.
A Sharpeville et Langa, le 21 mars 1960, les policiers avaient tiré sur une manifestation pacifique de protestation contre la détention obligatoire du passeport en application d’une loi du régime d’apartheid.
Soixante-neuf personnes avaient été tuées et au moins 180 blessées, dont un grand nombre dans le dos, par la police qui avait tiré sur les manifestants, y compris sur ceux qui cherchaient à s’enfuir. Cet événement constitua un tournant dans la lutte pour la libération du peuple noir.
“Les massacres de Sharpeville et Langa ont fait basculer les choses, dans le sens où ils ont entraîné rejet et dégoût au niveau local et au niveau international”, a ajouté M. Motlanthe. Un mois après ces massacres, le gouvernement de l’apartheid a interdit le parti du Congrès national africain (ANC, actuellement au pouvoir).
Ces massacres ont également contribué à l’isolement de l’Afrique du Sud sur le plan international.
“… promettons de montrer au monde notre aversion des actes racistes et pleins de haine, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance (…) rappelons nous que les vies perdues en ce jour funeste et les nombreux blessés ne l’ont pas été en vain”, a lancé le vice-président sud-africain.
De son coté, la responsable du principal parti d’opposition l’Alliance démocratique (DA) Helen Zille, a demandé dans un communiqué à l’Afrique du Sud de “réfléchir à ce qui menace réellement les droits de l’Homme et à ce que nous pouvons faire pour combattre ces menaces”. “Nos droits constitutionnels sont menacés par l’avidité, le copinage, la corruption et l’abus de pouvoir”, a-t-elle ajouté.