Ambiance morose à l’aéroport international de Yaoundé – Nsimalen, dans l’après-midi du lundi 19 avril 2010. Quelques dizaines de personnes arpentent silencieusement le grand hall de l’aéroport. Ce sont pour la plupart des personnes en service dans les représentations des compagnies aériennes et des agences de voyages. Quelques voyageurs sont aussi là. A force de recevoir des nouvelles à travers les médias, certains sont venus attendre directement à l’aéroport, au cas où des annulations de vols seraient levées. C’est le cas de Marie Louise Ebongo, qui devait s’envoler depuis le week-end pour l’Allemagne. « A plusieurs reprises, j’ai appelé l’agence de voyage qui d’habitude assure mes réservations. A chaque fois, on me demandait d’attendre. J’ai voulu moi-même venir à l’aéroport de sorte que si l’on annonce finalement l’effectivité du vol, je serai aux premières loges », explique-t-elle, avec un sourire en coin qui masque mal sa déception. Comme de nombreux autres voyageurs, l’expectative commence à être longue. « Nous avons des affaires importantes à faire pendant ces voyages. J’espère que nous n’allons pas tout louper », s’exclame de temps en temps un homme dont le vol par Air France a été annulé. En fait, la situation des voyageurs est désespérante depuis le début des perturbations du trafic aérien en Europe.
Mais, ce n’est pas seulement à eux que cela cause des désagréments. Les compagnies aériennes, ainsi que les agences de voyages qui sont leurs partenaires souffrent grandement de la situation. Assis dans son bureau, le chef d’agence de Moabi Voyages à Yaoundé, Pierre Agandeu, répond à longueur de journée aux coups de fil des clients. « Vous pouvez imaginer que cela nous perturbe énormément en tant que partenaire des compagnies aériennes. Depuis la semaine dernière, nous enregistrons de nombreuses plaintes et sollicitations des clients », confie Pierre Agandeu. Le manque à gagner dans ce secteur d’activités est important. Certes, au sein des agences parcourues à Yaoundé, aucun chiffre n’est avancé. « Nous allons avoir des estimations réelles des pertes dans quelques jours », déclare un cadre de l’agence Jully Voyages. Le vaste nuage qui couvre le ciel de l’Europe depuis bientôt une semaine a fait en sorte que beaucoup de voyages soient annulés, créant du même coup la reconduction de centaines de billets au Cameroun. « Nous avons vendu des billets qui ne vont pas être utilisés. Donc, comme intermédiaires, nous aurons d’énormes manques à gagner », expliquent Pierre Agandeu. Le problème en réalité se situe beaucoup plus pour ceux qui sont « coincés » sur le sol européen, ou pour ceux qui doivent faire escale en Europe avant de revenir au Cameroun. Et là, les pertes concernent beaucoup plus les compagnies de transport aérien. Selon une information de l’association internationale de transport aérien, le manque à gagner enregistrés par ses membres était d’un peu plus de 500 milliards F Cfa au bout de 5 jours. Les compagnies aériennes comme Air France et Swiss Air (qui couvrent le Cameroun) sont très touchées. En guise de compensation aux usagers, l’on y prévoit juste la reconduction des billets de voyage, si le billet a été périmé durant la période de perturbations. Aucun autre dommage à payer n’était à l’ordre du jour, puisque la catastrophe, naturelle, n’est pas de leur fait. Pour l’heure, l’incertitude continue de régner sur l’espace aérien de l’Europe. Hier soir encore, des compagnies avaient lancé des communiqués annonçant à leurs clients d’attendre jusqu’à 8 heures ce matin (heure du Cameroun) pour avoir la situation exacte sur les vols.