Basses manoeuvres: Le BIR « négocie » avec les étudiants

« Tu as humilié l’Armée camerounaise en donnant des informations et les photographies à la presse. Apprêtes-toi à répondre de tes actes ; car contre toi, tu as toute une armée ». Le jeune Augustin Mbougba vient à peine d’achever cette complainte devant Jean Tabi Manga, Recteur de l’université de Yaoundé II, dans la banlieue de Soa, qu’il s’effondre en larmes. Apeuré. Les mots qu’il reprend vocable par vocable, lui ont été proférés en guise d’avertissement et de menaces par l’un des colonels du BIR. Celui-ci estime que le jeune étudiant n’a pas respecté les « accords » et le mutisme qu’il fallait observer après la confiscation des appareils électroniques contenant les images poignantes, révélatrices des épreuves de torture  subies par les étudiants dans leur mini cité.   Rappelons que avant la diffusion par voie de presse (la chaîne de télévision Canal 2 et le quotidien Le Messager), des informations relatives à la torture et la maltraitance infligées par des éléments du bataillon d’intervention rapide (BIR) à  Bayia Yves Samuel, Dalle Bebey Eugène Boris, Ndoye Simon Pierre, Saag Wassoumi Lionel et Nguindjol Gabriel Cyrille, tous étudiants à l’université de Yaoundé II, à Soa et locataires de la mini cité « 2K la Grâce  », Augustin Mbougba et les autres victimes avaient été approchés et ordre leur avait

Selon des informations dignes de foi, tout s’est passé dans la nuit de samedi, 12 juin, dans le bureau du sous-préfet de Soa, qui curieusement, en ce jour non ouvrable a quand même mis à contribution son bureau administratif, pour permettre entre les bourreaux et leurs victimes, une négociation que les étudiants jugent plombée et menée de façon unilatérale. « En plus des étudiants ayant été tabassés et torturés, il y avait dans la salle, un colonel sans doute l’un des plus hauts gradés du BIR qu’on disait venir spécialement de Douala ; à se cotés se trouvait le colonel qui était venu vendredi tenter de recoller les morceaux après le dérapage de ses éléments ; ils étaient accompagnés des deux officiers (un Capitaine et un Lieutenant) auteurs des sévices contre nous. Prenaient également part à ce coup « tordu », le sous-préfet de Soa qui avait cédé son bureau, son adjoint, le commissaire spécial et le commandant de brigade de la gendarmerie… Il n’y a pas eu de négociations, ni même quelques regrets de la part de nos bourreaux. Les hauts responsables du BIR ne nous ont même pas dit comment ils pensaient réparer les torts que nous avons subis. Seules les intéressaient, les images enregistrées dans nos appareils » explique en larmes, un des étudiants.  Devant la résistance de certains étudiants violentés, le colonel du BIR, aurait procédé par des méthodes d’intimidation et des menaces.

Résultat des courses, des sommes d’argent oscillant entre 80.000fcfa et 250.000fcfa ont été distribuées aux étudiants agressés, contre la confiscation de leurs matériels électroniques. « Ils nous ont intimé l’ordre de ne rien mettre sur Internet, ni même de nous confier aux médias » affirme un étudiant.

Des faits aussi grâves

Informé sur le tard de la situation, le Recteur de l’université de Yaoundé II, n’a pas caché sa colère et son indignation de savoir que les éléments du BIR ont pris trop de libertés, dont celles de faire irruption dans un milieu universitaire interdit d’accès aux militaires, pour brutaliser armes aux poings, des étudiants sans défense. Jean Tabi Manga  est d’autant plus retourné que les initiateurs de la « fameuse négociation » n’ont pas pensé associer les responsables de l’université. Mis au parfum de la séance de vaudou organisée sous les auspices du sous-préfet de Soa, il a ténu à voir clair dans l’affaire. Au cours d’une rencontre avec le commandant de brigade, plus tard avec les étudiants, toute la procédure a été démontée ; des révélations ont été faites de part et d’autres. Les étudiants ont pleuré toutes les larmes de leurs yeux devant le Recteur, lui montrant comment désormais, face à des éléments du Bir qui ne reculent devant rien, ils étaient en insécurité et comment depuis, certains, pris de panique et d’horreur, ont déserté leur chambre, pour des destinations inconnues. Le Recteur aurait saisi depuis hier, Edgar Alain Mebe Ngo’o, le ministre de la Défense et Jacques Fame Ndongo, le ministre de l’Enseignement supérieur. Alors qu’on peut s’interroger sur l’origine de l’argent que les colonels du Bir ont utiliser pour « acheter » le silence des étudiants violentés en confisquant leurs appareils, on peut également spéculer sur ce qui a pu guider ces hauts responsables de l’armée camerounaise à conduire une négociation suite à des faits aussi graves commis par leurs éléments, sans en référer à la haute hiérarchie. Reste à attendre que le ministre de la Défense saura démêler l’écheveau, restaurer la sécurité des étudiants en gardant ses militaires dans les casernes.

Focal : Canal 2 et Le Messager dans le collimateur du BIR

Il n’y a pas que les étudiants victimes de l’agression des éléments du BIR, armés jusqu’aux dents, et ayant fait irruption dans une mini cité à Soa, pour les tabasser, les torturer et les violenter dans leur chambres. N’ayant pu empêcher la diffusion de l’information, un plan stratégique est actuellement en préparation pour faire payer le prix fort à tous ceux qui, pour le colonel du Bir ont selon lui traîner l’armée camerounaise dans la boue. La menace est orientée à ce jour, vers l’étudiant Augustin Mbougba, pris désormais pour cible, est l’un des signes précurseurs de la tempête qui dans les prochains jours, va s’abattre sur  les journalistes de Canal 2 et Le Messager ayant diffusé l’information. Des sources proches du périmètre universitaire où les abus ont été commis, celles venant de certains confrères ayant des relations avec ces hauts responsables, sont unanimes pour indiquer que l’affaire est loin de s’arrêter là. « Le colonel nous a dit qu’il va utiliser tous les moyens de répression pour sévir et punir avec la dernière énergie, tous ceux qui ont jeté de l’opprobre sur l’armée. Aveuglé par ses émotions, il refuse d’admettre que les médias n’ont pas offensé l’armée, mais qu’ils ont décrié quelques comportements orduriers et insoutenables de certaines brebis galeuses qui outrepassent leurs missions » avoue un confrère. Les menaces du colonel contre Canal 2 et Le Messager sont à prendre au sérieux, d’autant plus qu’au cours d’une discussion d’après match à Soa, des agents du renseignement ont lancé dans la foule que le directeur de la publication, Bibi Ngota, décédé dans les circonstances que l’on connaît, n’avait pas fermé la route qui mène au cimetière. Bien au contraire.

été donner de tronquer leurs appareils photos et vidéos contre de modestes sommes d’argent que leur ont données les hauts responsables du BIR.

 

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