Paul Biya met en douceur certains généraux hors du circuit

“Le président de la République décrète : sont pour compter de la date de signature du présent décret, admis à la 2ème section du cadre des officiers généraux des forces de défense… ”. Ce texte d’une importance majeure, le premier d’ailleurs lu sur les antennes de la Crtv , ne figure pas sur le site de la présidence, curieusement. Et pourtant, il est le centre d’intérêt de l’ensemble des textes signés par le chef de l’Etat, vendredi, 11 mars dernier, en ce qu’il concerne les pionniers de l’armée camerounaise ; des légendes vivantes des forces de défense du Cameroun. Ils sont quatre : le général de corps d’armée de la gendarmerie nationale, Oumarou Jam Yaya (général depuis 1983) ; dans l’Armée de terre : le général d’armée Semengue Pierre (général depuis 1973), le général de corps d’armée Nganso Soundji Jean et le général de division, Tataw Tabeh James (général depuis 1983). Affaiblis par un état de santé chancelant et fragile, abîmés par “ l’enfer du devoir ”, on les savait “ à la touche ”, depuis qu’on les a écartés des responsabilités techniques, pour les confiner au “ Pentagone ”.

En choisissant de ne pas prononcer le vocable “ retraite ”, pour se séparer de ces icônes de l’armée camerounaise, le président Paul Biya, par sa qualité de chef suprême des armées, soufflerait sur deux leviers. Le président ne veut pas se faire des “ problèmes ” avec ses généraux ; mais pourtant il faut les envoyer à la “ retraite ”, dans le sens où, il faut ouvrir des perspectives d’ascension de grade aux jeunes colonels. Depuis quelques années, on avait atteint une forme de saturation, que d’aucuns ont considéré comme le plafond. Tant que les anciens ne bougeaient pas, rien dans la hiérarchie militaire ne bougeait. Dans les annales des forces de défense, on a rarement parlé de “ la 2ème section du cadre des officiers généraux des forces de défense ”. Par ses prérogatives de chef suprême des armées, Paul Biya vient d’en créer une. Des indiscrétions proches de la présidence de la République affirment qu’un texte portant organisation de cette structure est en préparation et va être présenté dans les prochains jours au chef de l’Etat. Ledit texte précise ce à quoi vont servir ces généraux envoyés en douce à la retraite ; quelle serait leur nouvelle vie et de quelle nature seront leurs avantages…

Les hommes du président

En outre, René Claude Meka qui jusque-là, était encore général de division, devient le vrai patron de l’armée camerounaise de par ses fonctions et grade de général de corps d’armée et chef d’Etat major. Deux promotions parmi les “ hommes de main ” de la proximité présidentielle, semblent révéler que Paul Biya veut s’en débarrasser. C’est le cas du capitaine de vaisseau Fouda Joseph : ombre du président, l’aide de camp promu général de brigade sera “ certainement ” casé ailleurs, à moins que le chef d’Etat veuille avoir un général comme aide de camp pour lui ouvrir la portière. La seconde promotion concerne le capitaine de vaisseau Mendoua Jean qui est bombardé contre-Amiral. Recasé au poste de chef d’Etat major à l’Etat major de la marine, pendant combien de temps “ ce nouvel homme fort ” de la marine nationale va-t-il continuer à cumuler sa nouvelle fonction avec celle de Commandant de la garde présidentielle ? Wait and see. 

Focal: Garage ?

Si l’on exclu les généraux René Claude Méka(photo),  Baba Souley et Sali Mohamadou  (respectivement chef d’Etat-major des armées, chef d’Etat-major  de l’armée de terre et commandant de la 2e région militaire) qui gardent  des postes techniques dans la vague de ce que la chronique mondaine taxe de “ vieux généraux ”, les récentes nominations de certains généraux à des fonctions relevant de l’administration centrale des armées peuvent être vues sous le prisme d’une mise au garage  voilée. Ce, notamment avec les départs enregistrés  aux postes de chefs d’état-major de l’armée de terre, de l’air, de la marine nationale, du commandement du corps national des sapeurs pompiers et de la coordination centrale de la gendarmerie, tous  occupés depuis longtemps par des généraux ayant au moins 70 ans qui s’en vont  pour le Mindef.

Ces fonctions purement techniques  sont désormais occupées par des “ jeunes ” loups aux dents longues qui étaient jusqu’à jeudi dernier encore pour la plupart des colonels. Il s’agit  entre autres du désormais général de brigade, Mahamed Hamed au corps national des sapeurs pompiers  en remplacement du général de division Baba Souley. Comme ce dernier, plus jeune que Camille Nkoa Atenga prend sa place de patron de l’armée terre. Il est secondé par  Hyppolite  Ebakal (moins de 60 ans). Celui-là même qui s’était illustré au cours de l’exercice interarmées pendant les cérémonies du cinquantenaire de l’armée. L’ancien chef d’Etat-major de l’armée de terre retrouve le poste de coordonnateur général des armés. Le désormais  général de brigade, Calvin Momha occupera les airs.

Ce poste n’avait pas été pourvu depuis la mort, en 2006, de son titulaire, le général  Yakana. Le général de brigade (contre-amiral) Jean Mendoua, jusque-là commandant de la garde présidentielle (Gp) nagera dans les eaux de la marine à la place du vice-amiral Guillaume Ngouah Ngally envoyé au repos au poste d’Inspecteur général des Armées. A la gendarmerie nationale, Daniel Njock Elokobi nommé général de brigade, remplace le général de division Mambou Deffo.  D’autres congénères de ces “ vieux ” généraux, comme  Benoît Asso’o Emane  (jusque-là commandant de la 1ere région militaire) Oumarou Djam Yaya, Mambou Deffo, Tataw Tabe James et Ngouah Ngally  sont soit sans postes, soit nommés à ce qu’on appelle dans les couloirs de ministère de la Défense , des garages.

Commandement

Mieux, pour leur assurer un “ repos sans frustration ”, Paul Biya leur a donné des grades sans pour autant les nommer à des postes techniques. Certains qui étaient généraux de brigade sont devenus des généraux de division. Des généraux de division ont été élevés aux grades de généraux de corps d’armée. Enfin, le général   Camille Nkoa Atenga retrouve le poste de contrôleur général des armées, initialement occupé par le général d’armée Pierre Semengué. Et le général Roland Mambou Deffo devient inspecteur général de la gendarmerie. Son frère d’arme, Laurent Angouand, se consacrera désormais à l’administration de la gendarmerie.

En gros, le chef des armées a procédé vendredi dernier à la nomination de huit nouveaux généraux et à l’élévation seulement de deux autres (Jean Pierre Nsola et Hamadjiko Mohamadou)  qui avaient déjà atteint l’âge de la retraite. Ce qui obère la volonté de rajeunissement au niveau du commandement militaire en droite ligne, expliquent certains observateurs avertis, avec les 21 décrets pris en 2001 en faveur la modernisation de l’armée camerounaise. Au total, le Cameroun compte 31 généraux, puisque 10 nouveaux hommes s’ajoutent aux 21 encore en vie sur les 25 nommés ou élevés dans la foulée des 21 décrets de 2011. Les quatre généraux décédés sont dans l’ordre, Oumarou Garoua, Bénaé Mpécké, Paul Yakana et Taka Songola.

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