La candidate à la présidentielle du 9 octobre dernier dit recevoir des messages lui promettant la prison ou l’invitant à retourner au Rdpc.
On la sentait déjà ébranlée au cours de la campagne électorale. Elle affichait en tout cas, l’air tangué lorsque de nombreux journalistes venaient à sa rencontre à son domicile du quartier Bastos à Yaoundé pour comprendre la raison de l’annulation de son meeting public de lancement de campagne dans la capitale camerounaise le 28 septembre 2011. La candidate du Bloc pour la reconstruction et l’indépendance économique du Cameroun (Bric) ne faisait alors aucun mystère sur les causes de ce rendez-vous manqué. En cela, elle évoquait des appels téléphoniques anonymes la menaçant de mort si elle se présentait en public.
Plusieurs semaines après ces admonestations, des cadres du Bric signalent d’autres menaces en direction de leur candidate. Ils citent d’abord une demande d’un autre genre venue de quelques chefs traditionnels du département du Mbam et Inoubou dont Esther Dang est originaire. Le président de cette formation politique explique que ces dignitaires traditionnels lui avaient presque enjoint de se désister avant le jour du scrutin et surtout d’appeler ses partisans à voter Paul Biya si elle voulait s’éviter des représailles. Illustration ? « Tu gagnerais à rentrer dans le Rdpc et faire de l’agriculture. Créer une école ; et non engraisser des escrocs qui ternissent ton image déjà noire. L’histoire et la jeunesse ne te feront pas de cadeaux», c’est la teneur d’une des flopées de messages allant dans ce sens. Naturellement, le Bric n’a pas cédé à ces menaces. Puisque Esther Dang faisait bien parti des 23 présents sur les starting-blocks à la compétition électorale du 9 octobre dernier.
Gestion de la Sni
Cette échéance passée, la menace se serait faite plus accrue. Tant la candidate elle-même dit avoir reçu une kyrielle de sms qui lui prédisent un destin carcéral. Ses interlocuteurs, toujours inconnus, mais se présentant comme des inspecteurs d’Etat, lui confient que de nombreux dossiers à charge en rapport avec sa gestion de la Société nationale d’investissement (Sni) sont bouclés. Leur mise en route se ferait dès le lendemain de la prestation de serment de Paul Biya. L’un des sms qui l’illustrent est destiné à sa fille. Il indique ceci : « Fais tout pour sortir discrètement ta mère du pays avant la prestation de serment. Sinon on va l’arrêter. Epervier Sni (sic) ».
A ces fulminations s’ajoutent des appels d’inconnus prévenant Esther Dang elle-même d’une arrestation imminente par la gendarmerie au sujet de nombreuses casseroles qu’elle traînerait depuis son départ, en 2003, de l’entreprise qui gère le portefeuille de l’Etat dans nombreuses sociétés camerounaises.
Interrogé par Le Messager sur la manière dont elle gère ces différentes agressions, l’ancien patron de la Sni dit être cloîtrée à son domicile en attendant que les gendarmes signalés prêts à l’assaut par de nombreuses sources, viennent l’interpeller. Mais prévient qu’elle a passé tous les contrôles de gestion au moment de son départ de la Sni de même qu’elle a une « bonne connaissance des dossiers, même huit ans après son départ pour bien se défendre ». Affaire certainement à suivre.
Rodrigue N. TONGUE