Première ministre noire d’un gouvernement italien, Cécile Kyenge fait face depuis sa nomination à des insultes racistes, essentiellement de la part de l’extrême-droite. Elle a reçu dimanche le soutien du célèbre footballeur d’origine ghanéenne, Mario Balotelli.
Les racistes n’auront pas attendu pour sortir du bois. Le 28 avril, Cécile Kyenge devenait la première ministre noire d’un gouvernement italien. Une semaine plus tard, la couleur de peau de la Congolaise d’origine lui a déjà valu une volée d’insultes racistes, essentiellement de la part de membres du parti xénophobe et régionaliste de la Ligue du Nord.
“Qui l’a dit, qu’elle est italienne ? Sa nomination a été une grande connerie”, a déclaré récemment à la radio un ex-sénateur de la Ligue, Erminio Boso.“La ministre Kyenge doit rester chez elle, au Congo. C’est une étrangère dans ma maison”, a-t-il poursuivi, s’assumant comme “raciste”. “C’est un choix de merde, un éloge à l’incompétence”, a tout aussi élégamment considéré le député européen de la Ligue, Mario Borghezio.
“Je suis noire et je le dis avec fierté”
La semaine dernière, le journal La Repubblica rapportait par ailleurs que lors de sa première apparition à la Chambre des députés en tant que membre du gouvernement, la ministre avait essuyé des insultes indignes, de “singe congolais” à “négresse”, en passant par “ministre bonga-bonga”. Sur la blogosphère et les réseaux sociaux, “zouloue” le dispute à “guenon congolaise”…
Les principaux dirigeants du pays et la presse ont pris sa défense après ces attaques. “Cécile Kyenge est fière d’être noire et nous sommes fiers de l’avoir dans notre gouvernement comme ministre de l’Intégration”, ont affirmé dans un communiqué conjoint le chef du gouvernement Enrico Letta (gauche) et son adjoint, Angelino Alfano (droite). “L’Italie n’est pas un pays raciste”, a utilement voulu préciser le Premier ministre.
De son côté, l’intéressée ne s’est pas démontée, demandant même aux médias italiens de cesser de dire qu’elle est une femme “de couleur” : “Je ne suis pas une femme de couleur, je suis noire et je le dis avec fierté”. Cécile Kyenge a en outre émis l”idée d’une campagne en faveur de l’intégration en Italie.
Dimanche, elle a reçu le soutien de Mario Balotelli : “Je suis disponible pour toutes les initiatives ou propositions provenant des institutions et dont l’objectif est de lutter contre le racisme et la discrimination”. Le célèbre joueur de foot d’origine ghanéenne, qui évolue à l’AC Milan, a lui-même déjà été victime, sur le terrain, de cris racistes de la part des supporteurs des équipes adverses.