Cameroun. Fête nationale de l’unité: L’Andp crée la panique à Bertoua

Le déploiement massif des militants du parti d’Amadou Moustapha au défilé au lendemain de la nomination de Marlyse Aboui au Sénat fait trembler le Rdpc.

La grande attraction de la 41ème fête nationale de l’unité à Bertoua dans le chef-lieu de la région de l’Est, était sans doute le défilé massif des militants de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp). Après le passage des carrés des unités des forces de défense, des jeunes des établissements scolaires et des structures de formations diverses, le tour est revenu aux partis politiques de se déployer devant la tribune officielle. L’ordre de passage arrêté, l’Add, l’Ums, l’Andp, l’Undp, le Sdf et le Rdpc. Si dans la foulée, d’aucuns parlaient d’une belle parade dans le sens général, le fait marquant de cette célébration du 20 mai 2013 à Bertoua, reste ces applaudissements, youyous et autres félicitations du public aux militants de l’Andp, qui défilaient en toute sérénité.

Pour Adamou Issa, nouvellement élu vice-président de la section Andp du Lom-et-Djerem-Sud, « ces militants sont venus des huit sous-sections de la ville, pour non seulement célébrer avec magnificence et joie l’Unité nationale, mais aussi la nomination au Sénat de leur coordinatrice régionale, Georziane Marlyse Aboui ». Pour cette parade historique, ils ont constitué trois carrés de 50 militants chacun. « Les pagnes du défilé nous ont été envoyés par notre président national, Amadou Moustapha. Au niveau local, au-delà de cette mobilisation grandeur nature, nous avons consenti quelques moyens pour fêter cet évènement de fort belle manière » a-t-il ajouté.

Cette mobilisation tous azimuts des militants de l’Andp, pour les observateurs de la scène politique locale crée la frayeur dans les rangs du Rdpc surtout avec « l’annonce d’un grand meeting d’Amadou Moustapha à Bertoua dans les prochains jours ». Le parti du flambeau de Paul Biya, qui a défilé en toute sobriété, semblait cacher ses plaies au lendemain du décret présidentiel nommant Georziane Marlyse Aboui au Sénat. Les douleurs de ces blessures ont été observées par le silence des responsables du Rdpc qui projetaient une marche et une motion de soutien pour savourer le carton plein des sénateurs Rdpc de l’Est.

La ruse de Paul Biya

Bien que fille du département de Lom-et-Djerem, la nomination de Marlyse Aboui, issue d’un parti dont la présence effective sur le terrain à l’Est n’était pas jusque-là visible, comparativement à l’Undp de Bello Bouba Maïgari qui a eu des députés dans les départements du Lom et Djerem, de la Kadey et la Boumba et Ngoko entre 1992-2002, ou encore au Sdf qui a également eu à partager les conseillers municipaux à la défunte commune urbaine de Bertoua avec le Rdpc de 1996 à 2002, et dont les présences sur le terrain sont significatives. « Comment imaginer que l’on nomme une sénatrice de l’Andp alors que ce parti n’a même pas présenté une liste lors des élections à l’Est. Quelle est le rapprochement de cette sénatrice avec la base, étant entendu que le Sénat est une chambre qui représente les intérêts des collectivités locales », s’interroge Alfred Blaise Ndinga, de la société civile à l’Est.

D’autres analystes politiques estiment qu’ « en nommant Marlyse Aboui originaire de Belabo comme Charles Salé, Paul Biya voudrait par là mettre fin à la bataille de leadership entre Charles Salé et Badel Ndanga Ndinga dans le département du Lom et Djerem ». On se rappelle qu’au lendemain de l’investiture des candidats du Rdpc à l’Est, les voix s’étaient élevées dans la base du Rdpc pour contester la présence de certains candidats. Conséquences, malgré l’affirmation de l’élite Rdpc selon laquelle l’Est constitue un bastion « imprenable » du parti au pouvoir, 25 bulletins nuls avaient été enregistrés lors du vote du 14 avril dernier, et avec 14 bulletins dans le Lom et Djerem. Ne voulant pas créer une troisième faction au sein du Rdpc, la nomination de Georziane Marlyse Aboui, « neutre » dans la même aire géographique que Charles Salé, sonne donc comme une solution à la bataille de leadership qui opposait les deux protagonistes.

Ange-Gabriel OLINGA B.

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