Environ la moitié des entreprises de presse en activité en Côte d’Ivoire ont été suspendues pour non-respect de la réglementation, a annoncé lundi l’autorité de régulation, voulant “assainir” ce secteur au coeur de la grave crise politique qu’a connue le pays.
Sur une soixantaine d’entreprises en activité évaluées, 34 ont été suspendues pour violation de leurs obligations (concernant notamment la carte de journaliste professionnel et la rémunération des journalistes), a déclaré dans un communiqué le Conseil national de la presse (CNP).
Parmi ces entreprises de presse figurent le groupe publiant L’Intelligent d’Abidjan, quotidien aux positions souvent proches du régime du président Alassane Ouattara, et celui qui édite Le Nouveau courrier, classé dans l’opposition fidèle à l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo.
Vingt-six autres entreprises de presse ont été mises en demeure de “régulariser leur situation” et ont une quinzaine de jours pour le faire, a indiqué le CNP. Dans cette catégorie figurent le groupe éditant Le Patriote, quasi-organe du parti au pouvoir, le Rassemblement des républicains (RDR), et celui qui publie Le Temps, un quotidien favorable à M. Gbagbo.
Seules neuf entreprises de presse ont été jugées en règle par le CNP, dont le groupe publiant le quotidien d’Etat Fraternité-Matin et celui qui édite Notre voie, journal du Front populaire ivoirien (FPI), parti de Laurent Gbagbo. Le CNP a expliqué les sanctions, qui pourront être levées quand les journaux rempliront les critères fixés, par la
nécessité d'”assainir le marché de la presse” et d’imposer le respect des règles, notamment sociales.
Economiquement très fragile, la presse ivoirienne est connue pour ses partis pris très marqués et son ton souvent virulent, qui en ont fait une caisse de résonance essentielle pendant la longue décennie de crise politico-militaire qu’a traversée la Côte d’Ivoire depuis la fin des années 1990.