Mouammar Kadhafi était-il le dernier rempart contre l’immigration clandestine ?

« Si je tombe, vous aurez l’immigration ! Des milliers de gens iront envahir l’Europe depuis la Libye. Et il n’y aura plus personne pour les arrêter. » C’est par ces propos que Mouammar Kadhafi tenait en joug la coalition internationale, en cas d’invasion, nous étions en mars 2011.

Depuis son exécution, la menace s’est manifestée très clairement, notamment ces derniers mois. De plus en plus d’immigrants se ruent vers la Libye pour rallier l’eldorado européen.

Une situation alarmante

Plus de 137.000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe depuis le début de l’année via la Méditerranée, d’après les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR).

En février, l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne (Frontex) soulignait déjà une très forte augmentation dans les flux de migration par rapport à la même période en 2014, notamment en raison des nombreux départs depuis la Libye vers l’Italie.

 Un total de 7800 migrations ont été recensées en janvier et février 2015, contre 5500 en 2014. Soit une augmentation de 47 %. La situation devrait empirer avec l’été, qui correspond à la période où les passeurs clandestins redoublent d’activité.

Venus essentiellement de la corne de l’Afrique (Somalie, Éthiopie, Érythrée). Les migrants sont prêts à braver tous les dangers pour trouver une vie meilleure en Europe, comme par exemple effectuer le voyage en mer sur des vieux rafiots excédant largement leur capacité d’embarcation.

En avril dernier, plus de 700 migrants ont trouvé la mort lors de la traversée et ce drame semble se répéter tristement. Ceux qui réussissent à passer entre les mailles du filet seront confrontés à la xénophobie et à la misère sociale.

Des solutions jusqu’à présent inefficaces

 Juguler un tel afflux de migrants est une opération presque impossible surtout pour un pays qui possède 1.770 km de côtes et 5.000 km de frontières terrestres poreuses dans des territoires essentiellement désertiques et très peu peuplés.

Entre 2008 et 2011, le flux des immigrés vers l’Europe a pourtant tari après la signature d’un traité entre Rome et Tripoli.

Kadhafi réclamait alors cinq milliards d’Euros par an à l’Europe pour pouvoir surveiller ses frontières et lutter contre l’immigration.

Depuis la chute de son régime, les autorités de transition ont chargé plusieurs milices de surveiller les frontières. Mais, selon des experts, ce sont ces mêmes miliciens payés et équipés par l’État qui s’adonnent au trafic.

Dans ce contexte, marqué par l’absence de tout cadre juridique ou humanitaire, les migrants sont devenus la proie des milices locales. « Il n’y a pas un gouvernement efficace en Libye pour limiter la traite des êtres humains ou même assurer un contrôle minimum des frontières », souligne Issandr El Amrani, directeur Afrique du Nord à Crisis Group. « Il est donc devenu beaucoup plus facile pour les trafiquants d’acheminer les migrants à travers le pays sans police ou l’armée pour les arrêter », précise-t-il.

Pour faire face à la situation, l’Europe a adopté des mesures qui sont loin de faire l’unanimité :
–    Des patrouilles et des navettes qui contrôlent les abords des côtes italiennes pour prévenir tout risque de naufrage.
–    Un système de solidarité visant à répartir le nombre d’immigrants de manière équitable.
–    Un durcissement des politiques de visas de travail et du droit d’asile. Comme disait Madame Merkel  « Si nous disons : vous pouvez venir d’Afrique, vous pouvez tous venir, nous n’y arriverons pas »

Le hic ? C’est qu’il y a « diverses lectures pour la solidarité ». L’Italie, un temps isolé, a longtemps menacé de délivrer des visas à tout le monde, avant de voir l’Allemagne et la France faire des concessions et accueillir 21.000 migrants.

Le salut se trouverait dans la mise en place d’une politique économique viable en Afrique, permettant la création d’emploi, ce qui motiverait certains « cerveaux » à investir leur talent sur le continent, car rappelons que 63 % des immigrés entrés en France en 2012 sont au moins titulaires d’un diplôme au niveau Baccalauréat.

Malheureusement, en temps de crise économique, la mode européenne est au repli sur soi et au brandissement de barrières culturelles et nationales. Le Colonel était-il devin ?

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