Après avoir accepté pendant une bonne demi-dizaine d'années de leur servir de terre d'asile, le Cameroun voit désormais d'un mauvais œil la prolifération sur son sol des réfugiés nigérians fuyant les attaques terroristes de Boko Haram.
Si depuis le début de l'année en cours les autorités du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés ont évoqué des cas de rapatriements forcés, des sources parlent de plus en plus de l'usage de la violence par des éléments des forces de défense camerounaises pour atteindre cet objectif de réduire au maximum le nombre desdits réfugiés, estimé à 91.000 âmes.
Un chiffre qui fait d'ailleurs peur au Cameroun, d'autant plus que les deux tiers de ces réfugiés sont abrités dans le camp de Minawao qui n'a été conçu que pour recevoir 30.000 personnes au plus, tandis que le tiers restant est dispersé dans les villages proches de la frontière Cameroun-Nigeria, d'où partent justement certains assauts du groupe djihadiste Boko Haram.
Jusqu'ici, les autorités camerounaises ont démenti les accusations de rapatriement forcé, vantant au contraire toutes les dispositions qui ont été prises jusqu'ici pour le confort des réfugiés, et la sollicitude constante du gouvernement vis-à-vis des réfugiés. Une version officielle battue en brèche par des témoignages faisant état de villages complètement militarisés ou se produisent en catimini des arrestations, des renvois en direction du Nigeria, voire des assassinats.
La situation est certes déplorable, mais ne demande pas qu’on soit aussi alarmiste, affirme cependant un militaire camerounais pour qui, malgré les quelque rapatriements observés, il y a toujours environ 90.000 réfugiés nigérians en terre camerounaise, ce qui implique qu’il y en a toujours qui arrivent.
Selon le site d’information en ligne Koaci.com, “De janvier à juin, environ 4 317 réfugiés ont été reconduits à la frontière par les autorités camerounaises. Parmi ceux-ci, un total de 887 réfugiés a été embarqué depuis Kolofata par les forces de sécurité camerounaise et nigériane le 27 juin, en direction du camp des personnes déplacées de Banki au Nigéria.”
Cette situation aurait poussé d'autres réfugiés à entreprendre spontanément de retourner au pays natal, en advienne que pourra. Ces quatre derniers mois, environ 13 091 réfugiés nigérians ont spontanément quitté le camp de Minawao pour un retour dans leurs zones d'origine, principalement à Banki et Pulka.
Ces retours spontanés avaient été décidés et organisés par les réfugiés eux-mêmes, sans consultation ni appui du HCR et de ses partenaires, mais certains de leurs convois ont été escortés par des militaires ou gendarmes camerounais.