Dialogue National/ Claude Abe : « Ce sont des assises inutiles »

Alors que le Grand dialogue National Sans exclusive annoncé par Paul Biya rendra bientôt sa copie, le sociologue s’appuie sur des irrégularités liées à son  organisation pour prédire une issue incertaine.

Le Pr Claude Abe n’est en rien contre l’initiative du Président de la République. L’universitaire regrette juste la tournure prise par les pourparlers. « Quand vous regardez la plupart des populations dites anglophones qui sont touchées par la crise, et que vous observez les participants,  vous vous rendez compte que la plupart des personnes qui sont touchées par la crise et qui sont engagés dans les luttes sont des jeunes, mais que ceux qui les représentent sont plutôt du troisième âge. C’est à se demander à quoi tient ce dialogue-là, sur quoi il repose. On dialogue finalement avec qui dans ces circonstances-là ?» .

Ce déficit de représentativité lors des plénières au Palais de Congrès de Yaoundé interroge l’enseignant, qui n’y voit pas moins un déficit important pour la résolution des problèmes réels. Loin de là, Pr Claude ABE estime que l’une des entraves majeures à la réussite de cette initiative présidentielle réside dans la forme même donnée au dialogue nationale. « On ne peut s’attendre à rien de bon. Pour ma part, ce sont des assises inutiles. Inutiles parce que si l’on voulait avoir des résultats, on  n’aurait pas opté pour cette méthodologie qui empêche d’obtenir des résultats probants et entretenir proprement une crise. Ça relève de ce que j’ai appelé de la gesticulation institutionnelle, qui est un art de faire semblant d’être en mouvement tout en étant sur place » commente l’universitaire au micro de Cameroon Voice. 

Une dynamique participative

A lui en croire, pour la réussite du Grand dialogue National, il aurait fallu dès la base « laisser les choses ouvertes. De permettre que tout le monde qui ne parle pas de séparatisme puisse participer à ces échanges-là. Et  que ceux qui ont de problème avec la justice résolvent leurs problèmes avant de prendre part aux assises. De mon point de vue, la dynamique participative est une approche méthodologique horizontale encourageant le caractère participatif de cette rencontre-là et aurait permis que tout le monde puisse se sentir à l’aise. On aurait pu commencer par l’adoption de l’agenda plutôt que cela soit imposé. On aurait pu ensuite communément avec l’ensemble des participants décider des commissions. On aurait pu permettre que les commissions fassent l’objet d’un consensus. Tout au moins, que leur élaboration soit participative. On aurait aussi pu élire les présidents des commissions et les rapporteurs de manière participative, sans que cela soit imposé. De mon point de vue, à partir du moment où on a adopté une attitude autoritaire, il est claire qu’on n’est plus dans le dialogue, on est dans une affaire où les dés sont pipés ; les résultats et les résolutions sont probablement connus à l’avance. » Conclut le Professeur. 

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