Nul n’est prophète chez soi? Voire! Chassé d’Ebolowa avec des seaux d’(…)eau, interdit à Yaoundé par la police et l’armée, Kamto célébré en grandes pompes à l’Ouest.
Le déplacement de Bafoussam n’avait pas de visée politique. N’empêche que la venue dans la ville sinistrée de Bafoussam de l’homme politique récemment sorti de prison, a été l’occasion pour les populations de l’Ouest en général, et de Bafoussam en particulier de lui témoigner leur indiscutable adhésion.
Maurice Kamto s’en serait bien passé, lui, personnage délicat, pour ne pas donner le sentiment d’exploiter à des fins politiciennes le malheur d’autrui. Mais les populations n’ont pas résisté à l’envie de montrer leur satisfaction, d’accueillir la bête noire du régime Biya, sorti en un seul morceau d’un séjour carcéral de neuf mois dans la gueule de l’ogre politico-judiciaire qui tient les Camerounais sous sa coupe réglée.
Des seaux d’eau (urétrale ?) d’Ebolowa à la standing ovation de Bafoussam en passant par les coups de crosse et rangers de Yaoundé
Chaleureuse donc aura été la rencontre entre la délégation du “président élu” et la population de l’Ouest, sans doute inspirée par les outrages et l’injustice dont ont été victimes Maurice Kamto et ses partisans dans deux villes réputées faire partie du « socle granitique » du président Biya (Ebolowa chef-lieu de la région du Sud dont est originaire Paul Biya, où un seau d’eau ou d’urine a été déversé sur un journaliste ayant adhéré au MRC de Maurice Kamto, et Yaoundé, capitale du Cameroun, où des militants il faut montrer patte blanche, en terme de soutien indéfectible au régime, pour pouvoir organiser une manifestation politique publique).

L’accueil réservé à Kamto ce 7 novembre sur fond de revanche des fils de l’Ouest, région d’origine de l’ancien prisonnier politique (https://youtu.be/219by0J70jI), tranchait radicalement avec les modiques performances électorales attribuées au leader du MRC à l’Ouest par la coalition RDPC-ELECAM-Conseil Constitutionnel au lendemain de la présidentielle de l’année dernière.
L’accueil chaleureux de Kamto qui rappelle que le contentieux électoral de 2018 ne peut être clos aussi facilement
Et dire, même si Kamto n’y allait pas pour une exhibition politique(1) sur l’affaire, que pas plus tard que la veille, 6 novembre, date du 37ème anniversaire de la nomination de Paul Biya à la tête de l’État, les partisans du chef de l’État ont dit avoir conquis l’Ouest au détriment de ses adversaires. Pour illustrer leurs dires, ils n’ont pas hésité à évoquer justement les résultats de la présidentielle de 2018 qui avaient vu Paul Biya engranger officiellement 61,75% des voix contre 30,56% des voix à Maurice Kamto dans la région de l’Ouest dont celui-ci est originaire, et 10,40% à Adamou Ndam Njoya, un autre candidat originaire de la même région. Des résultats qui ont rendu très étonnants les accusations de tribalisme qui ont fusé par la suite contre les ressortissants de l’Ouest à l’instigation du régime et de ses partisans, contre les ressortissants de l’Ouest, alors que dans la région du Sud Paul Biya décrochait à lui seul 92,91% contre 3,14% pour Maurice Kamto (2,15%) et Adamou Ndam Njoya (0,99%) réunis.
La réaction politique avait été faite par Maurice Kamto le 30 octobre même, à travers un communiqué signé par son porte-parole, Olivier Bibou Nissack, qui indiquait alors :
« cette énième catastrophe survient à la suite de nombreuses autres similaires qui sont essentiellement le fruit d’une urbanisation anarchique de nos villes due à la démission depuis 37 ans au moins des personnes tenant sans partage, voire illégitimement, les pouvoirs publics étatiques et municipaux. C’est là aussi une des conséquences tragiques palpables d’une décentralisation ratée notamment avec la nomination des délégués du gouvernement qui, parce que ne tenant pas leurs pouvoirs des populations, ne s’en soucient guère dans la mise en œuvre des politiques de développement local. ».
Maurice Kamto (porte-parole)
Il ajoutait :
« Le Président Élu souligne donc plus que jamais l’urgence de la mise en place d’une gouvernance locale fondée sur une véritable démocratie locale permettant aux populations de choisir librement leurs dirigeants à tous les niveaux, et aux dirigeants ainsi choisis de savoir qu’ils doivent rendre compte de leur gestion aux populations qu’ils sont appelés à servir. ».
Maurice Kamto (porte-parole)
A la suite de cette réaction, le MRC avait dépêché sur place à Ngouache, une délégation de ses cadres au plus haut niveau, conduite par la 2ème Vice-présidente de son Directoire National, Tiriane Balbine Noah.