Il était accusé d’avoir non seulement outragé le président burkinabé Roch Marc Kaboré, et ses homologues nigérien, ivoirien et français, mais d’avoir également tenté de démoraliser les éléments de l’armée engagés dans la lutte contre le terrorisme.
« Je ne regrette absolument rien de ce que j’ai dit et j’assume chaque mot. Chaque lettre. Tant que nos présidents continueront à recevoir des ordres des forces néocoloniales françaises, il y aura une jeunesse africaine qui prendra ses responsabilités, peu importe le prix à payer. » Ainsi s’exprimait jeudi, le leader panafricaniste Kemi Seba, lors de son procès qui aduré trois heures dans l’enceinte d’un tribunal de la capitale burkinabé, Ouagadougou.
Le leader du mouvement Urgences Panafricanistes comparaissait ainsi suite à son interpellation samedi par la gendarmerie burkinabé, sous le motif « d’outrages à chefs d’Etats africains et français ».
Au finish, Kemi Seba a été condamné à deux mois de prison avec sursis et d’une amende de 200 000 francs CFA.
Ce énième procès du célèbre polémiste africain s’expliquait, selon ses accusateurs, le procureur en l’occurrence non pas à cause de son combat, mais à cause des qualificatifs outrageants dont il a affublé les chefs d’Etats du Burkina “passoire ou robot”), ivoirien (“dramatique“), français (“petit ou marionnettiste“), et nigérien (“fou”).
Aussi avait-il été interpelé après une conférence publique sur le franc CFA à l’université de Ouagadougou », puis amené à la compagnie de gendarmerie pour des raisons de sécurité pour échapper à des militants surexcités du parti au pouvoir le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
Son avocat, Me Prosper Farama, a dénoncé en ce procès un recul de la liberté d’expression au “pays des hommes intègres” . « Le régime en place aujourd’hui nous ramène trente ans en arrière. Il y a trente ans, on ne pouvait pas dire ce qu’on voulait du président Compaoré. Il y a trente ans, il fallait regarder à gauche et à droite avant de s’exprimer. Qu’il comprenne que ça ne continuera pas. Le symbole de ce procès-là, c’est qu’ils veulent nous faire reculer mais la jeunesse africaine, le peuple burkinabè n’acceptera pas ce genre de recul. ».
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