Pas de répit pour Isabel depuis le départ du pouvoir à Luanda de papa ! La fille de l’ancien président angolais qui n’en finit plus de ses démêlées avec la justice de son pays pour divers motifs, tous liés à la gestion de l’argent, l’argent du pétrole notamment, a désormais maille à partir avec la justice portugaise qui a annoncé vendredi, l’ouverture d’une enquête la visant.
A l’origine de l’action judiciaire la plainte de l’ex-député européenne socialiste Ana Gomes qui accuse Isabel dos Santos de blanchiment d’argent, autrement d’avoir utilisé de l’argent public angolais pour acquérir 75 % des actions de la multinationale portugaise d’Efacec, (énergie et mobilité), ainsi que la majorité des actions de l’opérateur de téléphonie mobile NOS.
La belle ou la grande criminelle… financière ?
Le parquet général de la République qui confirme avoir la réception de ladite plainte, a affirmé selon l’AFP, l’avoir « transmise pour enquête » au département du ministère public chargé de la grande criminalité financière.
Au stade où l’on en est actuellement, le ministère public devra vérifier que les « éléments » mis à la disposition du parquet et des autorités fiscales par l’Eurodéputée pour soutenir son accusation selon laquelle les fonds investis au Portugal par l’ex-Première fille du pays classé deuxième pays pétrolier d’Afrique (avec une production de 1707 000 barils/jour) derrière le Nigeria (2037 000 barils/jour), étaient d’origine douteuse.
Jalousie ou juste retour de manivelle
Si l’affaire qui remet Isabel dos Santos sur les devants de l’actualité, exhale des senteurs d’aigreur ou de règlement de comptes, puisque se déroulant cette fois-ci au Portugal, pays ayant colonisé l’Angola dont son père, Jose Eduardo dos Santos fut une des figures éminentes de la libération, il n’en demeure pas moins que celle qui a été couronnée « première femme milliardaire d’Afrique » en 2013 par le magazine américain Forbes (compte tenu des investissements considérables qui lui sont attribués aussi bien dans son pays qu’au Portugal, dans les secteurs des télécoms et des finances) n’a pas toujours bonne presse, y compris dans son propre pays, où en décembre dernier, un tribunal angolais a annoncé le gel de ses comptes bancaires et actifs.
Si au temps de son père beaucoup critiquaient à travers elle le népotisme qui faisait le lit de l’enrichissement “exponentiel” de la famille régnante, tandis que d’autres se pâmaient bruyamment d’admiration pour son dynamisme, personne n’avait songé à y toucher. Mais à peine le père dos Santos dépourvu du parapluie et des godasses du pouvoir d’Etat, c’est un déluge d’attaques le plus souvent sous forme judiciaire mais quelquefois carrément politique, qui s’est abattu sur l’ancienne patronne de la compagnie pétrolière Sonangol, dont on s’est subitement rendu compte à Luanda, qu’elle avait détourné massivement -avec la complicité de son conjoint congolais, le richissime diamantaire et homme politique Sindika Dokolo- quelque un milliard de dollars des caisses des compagnies publiques Sonangol (pétrole) et Sodiam (diamants) pour s’en servir dans leurs affaires personnelles.
Outre l’affaire mise en mouvement par le parquet général de Lisbonne, elle ferait également face à une autre difficulté, celle-là pouvant toucher directement ses actifs dans la banque portugaise EuroBic. C’est la Banque du Portugal qui a annoncé, début janvier, qu’elle s’intéresserait à tout « fait nouveau » susceptible d’être révélé par la justice angolaise et pouvant mettre en cause l’éligibilité de madame dos Santos en tant qu’actionnaire de la banque EuroBic.
En attendant Isabel qui a pris la nationalité suisse et qui s’est réfugiée aux Emirats Arabes Unis, a attaqué la députée portugaise en justice pour “diffamation”