L’avion ayant à son bord l’homme politique camerounais, a atterri à Paris mardi en milieu d’après-midi, provoquant l’exultation de quelques centaines, (des milliers selon certaines sources proches du Comité d’organisation de cette visite hexagonale) de ses partisans, pour la plupart ses compatriotes résidant en France, mais aussi des camerounais venus de plusieurs pays européens pour la circonstance.
L’arrivée mardi soir dans la capitale française du leader du parti camerounais Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), plante ainsi le décor d’un séjour qui durera officiellement jusqu’à samedi, et qui sera marqué par deux faits majeurs :
– Une conférence de presse qu’il donne jeudi 30 janvier 2020 dans un hôtel parisien, et à laquelle l’on ne participera que sur invitation ;
– Un meeting prévu samedi que les partisans en France de l’ancien candidat à l’élection présidentielle dans son pays en 2018 annoncent immense.
“Maurikascofield” et la diaspora camerounaise : cartes sur table
Il s’agit d’une part, d’un meeting de remerciement à cette diaspora camerounaise de France et d’Europe qui a soutenu de diverses manières la résistance nationale contre le hold-up électoral ayant débouché le 22 octobre 2018 sur la proclamation de la victoire du président sortant, Paul Biya à la présidentielle du 7 octobre 2018 vainqueur.
Une victoire que le Pr. Maurice Kamto avait effectivement contestée sur la base des documents électoraux réguliers en sa possession, demandant à l’occasion le recompte des votes. Ce qui lui valut ainsi qu’à ses alliés à la présidentielle (Penda Ekoka, Albert Dzongang, Paul Eric Kingue, Valséro…) et des centaines de militants du MRC et mouvements alliés (tels l’avocate Michèle Ndoki), un séjour de plus de huit mois derrière les barreaux, ou de lourdes peines de prison pour certains à l’instar du 1er Vice-président du MRC, Mamadou “Mota” Yacouba qui est toujours emprisonné .
D’autre part, il devra expliquer aux Camerounais de la diaspora le sens de sa démarche politique essentiellement pacifique alors que la situation déroutante du pays incite plutôt à une opposition plus énergique contre le régime Biya qui semble avoir besoin d’être davantage bousculé pour accéder à la moindre revendication fondée et de bon sens. L’une des illustrations de cette stratégie des petits pas est la décision de la direction du MRC de ne pas participer aux élections législatives et municipales du 9 février 2020, alors que ses militants étaient prêts à en découdre.
Pour convaincantes qu’elles ont été dans les esprits des militants du MRC au point de ramener la sérénité au sein du parti que des observateurs disaient en passe d’imploser, les raisons avancées par le leadership du parti “bête noire” du régime sont perçues par d’autres camerounais, non militants du MRC (et Dieu sait s’il sont plus nombreux que les militants, aussi bien au pays qu’au sein de la diaspora) comme de la pusillanimité mal ou non assumée par Maurice Kamto et ses camarades du Directoire du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun.
Du pain sur la planche pour le “président élu”
C’est dire que Maurice Kamto a des explications à donner aux Camerounais de la diaspora, soucieux quant à eux de tenir les comptes de leur soutien à la campagne de résistance nationale contre le hold-up électoral – malgré quelques reniements du MRC qui ne sont pas souvent passés inaperçus -.
Une aubaine presque, pour cet homme politique interdit de meeting dans son pays par le régime en place, qui n’hésite pas à recourir à l’extrême violence policière et… tribale, pour le museler et confiner ses partisans au silence.