Par Jean-Marc Soboth
(Cameroonvoice) L’occasion a-t-elle fait le larron panafricaniste? Bien malin eût été quiconque aurait prédit l’incursion du Pr. Maurice Kamto dans le débat séculaire de l’État fédéral africain en plein Montréal.
Le Pr. Kamto a d’abord épilogué sur la querelle de la double nationalité au Cameroun. Le rejet des Camerounais ayant acquis une autre nationalité provient, en effet, d’une loi de 1968 qui empêchait le retour au pays des nationalistes fuyant la guerre de l’armée française au pays. Elle continue de servir, on le sait, d’instrument d’exclusion de la diaspora hostile au régime du président Paul Biya qui, justement, est l’un des architectes dudit code de nationalité.
« Pour nous, la diaspora n’est pas une menace ou un danger pour le pays, mais une chance. » Le Pr. Kamto l’avait déjà dit et répété à Paris. Il est allé plus loin : « Nous autres ne parlons pas de double nationalité, mais de multiple citoyennetés. »
Le Pr. Kamto encourage, pour ainsi dire, l’acquisition d’autant de nationalités que possible. Ce privilège est le meilleur moyen d’intégration. Pour lui, la condition c’est d’être ensuite utile à son pays d’origine, « sinon ça ne sert à rien. »
Dès que nous prendrons le pouvoir, nous n’allons pas attendre que 54 États signent pour faire l’État fédéral. Nous allons commencer avec ceux qui seront prêts. Même s’il s’agit deux ou plus, on commence. On n’attendra personne. » En effet, « si ceux qui étaient d’accord pour un État panafricain avaient commencé en 1963, on serait très avancé aujourd’hui.
Professeur Maurice Kamto
Pour ce Juriste qui se fit connaître dans la scène universitaire par un débat épique avec le philosophe du régime Hubert Mono Ndjana, tous les pays, sans exclusive, se sont construits au fil de l’histoire avec l’apport de leur diaspora. Dès lors, l’œuvre de la diaspora est comparée à la transmission du feu par Promethée, celui qui, dans la mythologie grecque, vola le feu de l’Olympe pour en faire don aux humains. Les gens de la diaspora sont, ainsi, invités à ramener la lumière dans les ténèbres de leurs origines.
Mais, au-delà de la nationalité plurielle de ses compatriotes « qui n’est pas un problème en soi », le Pr. Kamto promeut un idéal plus globaliste : le Cameroun ne va pas être ouvert uniquement aux Camerounais d’origine mais à tous les Africains de quelque nationalité que ce soit qui aimeraient joindre leur destin au nôtre, qui aimeraient travailler avec le Cameroun. Ça rappelle des précédents comme celui du Pr. Joseph Tchundjang Pouemi à la Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny.
Le Pr. Kamto scande, en effet, la nécessaire création hic et nunc de l’État fédéral africain. C’est une obligation de notre génération qui ne doit plus attendre. Le projet d’un continent sans frontières, disparu « parce que les États africains ne l’avaient pas envisagé dans son acception stratégique » reprend toute son importance dans le discours celui qui eut pour modèle le savant Sénégalais Cheik Anta Diop.
« Dès que nous prendrons le pouvoir, nous n’allons pas attendre que 54 États signent pour faire l’État fédéral, insiste le Panafricaniste. Nous allons commencer avec ceux qui seront prêts. Même s’il s’agit deux ou plus, on commence. On n’attendra personne. » En effet, « si ceux qui étaient d’accord pour un État panafricain avaient commencé en 1963, on serait très avancé aujourd’hui. »
Le projet panafricaniste figure-t-il dans le programme actuel de son mouvement, ou va-t-il simplement faire l’objet d’un aggiornamento programmatique? Question.
Jean-Marc Soboth