Cameroun : L’armée aurait voté pour le parti au pouvoir dans le Nord-ouest et proclamé les résultats en sa faveur

Le Cameroun est définitivement sur une pente si … délicate que ce qu’il pourrait en advenir risque de repousser de plusieurs milliers de lieues, les limites du pire telle qu’il est humainement envisageable.

Sous réserve qu’il s’agisse d’un canular organisé pour jeter le discrédit sur les récriminations des observateurs nationaux et internationaux relativement aux élections du 9 février 2020, un document en circulation montre qu’après avoir voté à la place des populations du Nord-ouest, les militants mêmes du parti au pouvoir ayant déserté les bureaux de vote pour ne pas s’attirer les foudres des séparatistes, l’armée aurait proclamé, dès le lendemain du scrutin municipal, les résultats des Municipales dans la région séparatiste du Nord-Ouest, donnant vainqueur le Rdpc au pouvoir

Les curiosités du dernier double scrutin législatif et municipal au Cameroun n’ont plus de cesse de s’égrener.

La dernière, c’est la proclamation dans un document attribué à l’armée nationale des résultats des élections municipales dans la région du Nord-ouest. Région où, mise en mission par le président Biya, les éléments des Forces de Défense et de Sécurité mènent une violente répression –un génocide selon certains observateurs et adversaires du régime en place- contre les populations anglophones, dans l’optique d’y éliminer les artisans et partisans de la sécession de ce qui fut jadis le Cameroun britannique.

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En effet, le document qui a fuité sur les réseaux sociaux, daté du 10 février et portant l’en-tête du ministère de la Défense (dont dépend la 5ème région de Gendarmerie) donne, en lieu et place de l’organe électoral, ELECAM, chargé de l’organisation des consultations électorales et référendaires, les résultats des élections municipales dans des localités du Nord-Ouest. Comme on pouvait s’y attendre, tous ces résultats sont favorables au parti au pouvoir, le Rdpc du chef de l’Etat Paul Biya.

L’extrait du document que Cameroonvoice publie en fac-similé présente les résultats de huit (8) communes réparties sur deux départements, à savoir le Boyo et le Bui.

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On voit par exemple que dans le Boyo peuplé d’environ 200.000 (deux cent mille) âmes dont le tiers a fui les affrontements entre l’armée camerounaise et les groupes armés anglophones, et comptant  57 945 électeurs inscrits en 2018, un peu plus de 2700 (moins de 5%) personnes ont voté. Dans le département du Bui, dont la population est estimée à quelque 400.000 habitants,  et qui affichait 107 461 électeurs inscrits en 2018, moins de 5.000 personnes (moins de 5% également) ont accompli leur “devoir de citoyen” républicain.

Mais ce ne sont pas ces informations donnant une idée assez précise sur ce qu’a été le taux de participation ou d’abstention dans cette autre région minée par la crise anglophone, qui captive les attentions quoiqu’elles constituent un démenti cinglant des proclamations officielles faisant état de la participation massive des populations à ces élections boycottées par le MRC, le CPP, le FDR et l’UPC-Manidem.

C’est plutôt le fait que les élections ont été ici une affaire de militaires agissant pour le compte du parti au pouvoir –l’histoire le retiendra sûrement-. Car pendant la campagne électorale, on a vu l’armée transporter et déverser dans les régions anglophones des milliers de ses éléments et ceux de la police, soi-disant pour sécuriser les opérations électorales. Des indiscrétions provenant des rangs faisaient pourtant état de la crainte de certains qui redoutaient des affrontements meurtriers avec les séparatistes anglophones et l’éventualité qu’ils y laissent la vie, nonobstant la puissance de leurs moyens. Déjà, lors de l’élection présidentielle de 2018, il avait été révélé que ce sont les militaires, en mission dans les villes anglophones dont ils ne sont pas originaires ou résidents, qui y avaient voté, et en faveur du candidat président sortant, Paul Biya, conformément à une rigoureusement consigne donnée par le Haut Commandement de l’armée qui y veillait au grain.

Et voici qu’en 2020, sans que le Nord-ouest soit placé sous Etat d’urgence, l’armée, après avoir votéà la place des populations, proclame les résultats à la place d’ELECAM.

Le Cameroun est définitivement sur une pente si … délicate que ce qu’il pourrait en advenir risque de repousser de plusieurs milliers de lieues, les limites du pire telle qu’il est humainement envisageable.

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