Après deux quinquennats, âgé de 78 ans, le président ivoirien a annoncé qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle d’octobre 2020, pour laisser une nouvelle génération prendre la relève. C’est au nom du « respect de ses engagements », qu’il a justifié sa décision.
« Je vous annonce solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », a lancé Ouatara devant les parlementaires du Sénat et de l’Assemblé nationale réunis en Congrès extraordinaire. Cette annonce faite à la fin d’un discours d’une trentaine de minutes a été accompagnée par un tonnerre d’applaudissements de la part de l’assistance qui a repris en chœur « Prési ! Prési ! Merci ! Merci prési ! ». Mais le bonheur de la démission d’Alassane Ouattara est un leurre, peut-être pour fuir les ruines d’un pays au climat politique tendu. Agé de 78 ans, M. Ouattara avait été élu d’abord en 2010, puis en réélu en 2015. Le politologue ivoirien Sylvain N’Guessan estime que « C’est une annonce à prendre avec des pincettes. Cette décision pourrait donner du temps à la formation politique d’Alassane Ouattara d’arrondir les angles en internes, à savoir amener Marcel Amon-Tanoh et Albert Toikeusse Mabri à s’aligner derrière Amadou Gon Coulibaly, premier ministre et dauphin du chef de l’Etat. Elle vise aussi à prendre de court Laurent Gbagbo et Henri Konan Bedié », commente l’analyste. Tout en rappelant que cette présidentielle d’octobre se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui a causé la mort de plus 3 000 personnes, il est aussi à signaler que les violences et les fraudes, sont entre autre les points d’ancres des élections municipales et régionales de 2018.
C’est le soulagement au sein du FPI de Laurent Gbagbo. Pascal Affi N’Guessan « Beaucoup de nos compatriotes pensaient que la réforme constitutionnelle allait viser à trafiquer les conditions de l’élection, éliminer certains candidats. Rien de tout cela ne s’est produit. Le président veut créer les conditions d’une compétition transparente. Nous ne pouvons que saluer ce geste », a-t-il conclu. Dans le flonflons des messages de félicitations et autres motions de soutiens des membres et alliés du RHDP de Ouattara Jean Bonin Kouadio, le secrétaire générale du FPI s’interroge « Avec ce retrait de Ado (78 ans), verrons-nous encore d’autres septuagénaires et octogénaires briguer la présidentielle de 2020 alors que dans leurs propres camps une nouvelle génération, moins conflictogène, compétente et plus au fait des nouveaux enjeux socio-économiques qui gouvernent le monde actuel manifestent le désir de prendre les choses en main ? » Pour l’instant, il n’y a que l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro – actuellement en France et sous le coup d’un mandat d’arrêt en Côte-d’Ivoire – qui s’est déjà déclaré candidat. Après l’annonce il a indiqué « Je m’adresserai à la nation à la suite du discours du Président de la république de Côte d’Ivoire. » sans plus de précisions. Henri Konan Bédié, ancien président et qui aura 86 ans lors du scrutin, n’écarte pas l’idée de se présenter une nouvelle fois à cette élection.
Yvan Ngon