Des semaines durant, l’absence de Paul Biya du théâtre des opérations de lutte contre le Nouveau Coronavirus a animé la controverse publique en général et politique en particulier au Cameroun.
D’un côté, ceux qui trouvaient inadmissible qu’un chef des armées s’inscrive aux abonnés absents au moment où l’on avait le plus besoin de lui, ce qui est indiscutable, et de l’autre ceux qui s’efforçaient de se convaincre et de convaincre leurs vis-à-vis qu’il est tout à fait normal que des citoyens d’un pays fassent avec les absences répétées et injustifiées de leur président, qu’il n’y avait rien de plus républicain et patriotique qu’un peuple applaudissant des quatre fers, la disparition sans motif valable ou sans motif tout court, de son serviteur le plus utile.
Puis, vint le jour où Paul Biya, sauvé par le gong sonné par Maurice Kamto, sortit de sa cachette. Pas pour tenir un Conseil des ministres ; pas pour s’entretenir avec son Premier ministre au sujet de la façon dont ses « Hautes instructions » tweetées contre le Coronavirus étaient effectivement appliquées ; même pas pour parlementer avec le ministre de la Santé publique afin que le pauvre lui explique pourquoi il en est réduit à ne plus donner que les chiffres des guéris du Covid-19… mais pour parler avec l’Ambassadeur de France de la manière dont se déroule la lutte contre la terrible pandémie au Cameroun… et quelque chose du genre.
Eh, quoi!? Le président de la république aurait dû laisser cette besogne-là au ministre de la santé, ou au ministre des Relations extérieures, lui qui est si grand qu’entre un Ambassadeur et lui il y a tout un monde ? Pardon ? Qu’un Ambassadeur, fut-il celui des Etats-Unis, ne peut pas aller directement rencontrer Macron à l’Elysée, quand ça lui chante, pour parloter de rien et de n’importe quoi ? O.K. ! Mais c’est pour vous là-bas ! Pour les journalistes mille-collinards, ce qui importe, c’est que quelqu’un dont on a dit qu’il n’y a rien d’aussi précieux et présidentiel que son absence se fasse présent ! Et là alors, c’est le journalisme des loups sortis du bois et prêts à dévorer du Kamto que vous voulez voir ? Suivez le tweet ci-après. Exemplaire à pleurer !
Si ça pouvait seulement dénoter la divergence des opinions! hélas!, malheureusement, c’est d’un appel à la haine, à la castration, au meurtre des “autres”, les adversaires du régime. Dans un pays où on menace de fermer des chaines de télé et des journaux parce qu’ils ont relayé régulièrement des informations vérifiées et dépouillées de tout parti pris.