C’est dans la liesse que bon nombre d’Africains ont accueilli cette réforme par laquelle désormais la zone monétaire de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) va s’engager dans un processus de substitution du Franc CFA par l’ECO avec un maintien de la parité fixe avec l’Euro; tel que indiqué par la France le 20 mai. Un cri de victoire précipité lorsqu’on se rappelle une assise tenue le 16 janvier dernier à Abuja. Dans le cadre de la Zone monétaire ouest-africaine (ZMAO), le Nigeria et cinq autres pays de la CEDEAO y avaient condamné la décision de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de renommer « unilatéralement » le franc CFA en ECO.
Entre les lignes d’un communiqué conjoint des gouverneurs de banques centrales et ministres des Finances des cinq pays anglophones de la CEDEAO (Nigeria, Ghana, Liberia, Sierra Leone, Gambie) plus la Guinée avaient reconnu la non conformité de cette déclaration aux décisions de la CEDEAO visant à adopter une monnaie unique pour tous les 15 pays de la région. Sur la table des négociations de la CEDEAO depuis près de 30 ans, le projet de la monnaie unique ECO qui sonnait théoriquement le glas du très contesté FCFA en Afrique de l’Ouest, avait été maintes fois reporté; en effet de nombreux observateurs y voient juste d’une manœuvre pour perpétuer le FCFA et pour l’étendre à l’ECO.
La réticence des pays de la zone monétaire ouest- africaine (ZMAO),partie prenante du processus de la création de la nouvelle monnaie Eco, en retard par rapport aux principaux critères de convergence définis pour adhérer à l’Eco laisse planer le doute sur la réussite de cette mascarade organisée par la France. Ce d’autant plus qu’ils sont des acteurs de poids dans la zone. Le Nigéria représente à lui seul 70% du PIB de la région. Il y a donc une nécessité impérative pour tous les membres de la CEDEAO d’adhérer aux décisions de l’autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO concernant la mise en œuvre de la feuille de route révisée du programme de monnaie unique.
Il faudra donc qu’en dernier ressort les pays de la zone monétaire ouest- africaine se réunissent pour se prononcer sur ce chèque en blanc mal caché que le Conseil des ministres français propose à cette sous-région, et bientôt à toute l’Afrique.