Dans un discours prononcé lundi soir, Maurice Kamto montre sa ferme détermination à assumer les responsabilités qui sont les siennes depuis le 7 octobre 2018 : Protéger le Cameroun des atteintes de toutes sortes.
En refusant itérativement la main tendue de Maurice Kamto pour un dialogue sincère permettant de faire table rase de la controverse électorale de 2018, les auteurs du monumental holdup consacré par la proclamation de la victoire du président sortant le 25 octobre 2018 ont montré le peu de préoccupation qu’ils avaient pour la résolution de la crise politique qui, ajoutée à la guerre civile dans les régions anglophones, a fini par transformer le Cameroun en une véritable poudrière dont le cœur des citoyens ne bat plus désormais qu’au rythme de la crainte de son explosion.
En le diabolisant à chaque fois qu’il prend la parole ou initie une activité ou pose un acte politique, le régime a définitivement radicalisé celui qui, quoiqu’on dise, que l’on soit épris d’affection pour lui comme il déclare en avoir pour tous ses compatriotes, ou que l’on l’exècre comme s’y attèlent sans répit les poches de résistance du régime et leurs alliés de “l’opposition”, a le don de représenter pour les Camerounais fatigués d’un régime usé, moribond et incapable désormais du moindre changement dans le bon sens, le pouvoir en place au Camerounais a fini de radicaliser le plus pacifiste de ses adversaires.
C’est donc dans le costume du leader prêt à tout, que celui qui a revendiqué sa victoire à la présidentielle du 7 octobre 2018, et a séjourné pour cela en prison neuf mois durant avec près d’un millier de ses camarades et alliés politiques, dont certains croupissent encore dans différentes geôles du pays, est réapparu lundi soir, pour aviser ceux qui croient avoir réduit complètement les Camerounais au silence, que leurs manœuvre en vue de trouver une issue successorale bâclée afin de palier l’absence remarquée du président de la république –que Kamto est paradoxalement seul à vouloir sauver des griffes de ceux qui le cachent aux Camerounais-, qu’ils s’engagent là dans un bras de fer dont l’issue se dessine dores et déjà incertaine pour eux.
Dans sa lutte aux côtés des Camerounais contre une succession à la tête de l’Etat qui dérogerait à toutes les règles en la matière, Maurice Kamto affirme qu’aucune nouvelle élection ne saurait être possible au Cameroun « sans que soient remplis les deux préalables majeurs que sont la résolution du conflit armé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, et la réforme consensuelle du système électoral ».
Mais autant que son discours est une menace contre ceux qui se préparent à prendre une fois de plus les Camerounais par-dessous la jambe, le message présidentiel du 1er juin 2020 n’en est pas moins un appel pressant aux Camerounais dépositaires souverains de la légitimité du pouvoir, a faire le compte de ce que leur silence leur a coûté, pendant 60 ans de tolérer toutes les humiliations qui lui sont infligées par des individus initialement faits pour les servir, mais qui se prennent pour leurs maîtres, décident de ce qui est bon pour eux ou pas, de qui peut être leur président de la République, de quelle ethnie il doit être ou ne pas être, de quand et comment ils peuvent se lever pour défendre leurs vies si ceux qui sont censés le faire s’inscrivent aux abonnés absents…
Maurice Kamto invite les Camerounais à transcender la peur de la mort qui les ankylose pour s’affirmer comme les seuls maîtres de leur pays et de leur destin, pour qu’un sauveur embusqué ne surgisse de quelque part pour se battre pour eux en leur lieu et place et exige en échange de ses services un droit de préemption qui ramènerait dans une autre dictature dite “révolutionnaire” ce peuple déjà exténué par la tyrannie qui sévit à sa tête depuis 1960.
Et c’est ce qui fait la particularité des discours de Maurice Kamto. Même dans les pires moments où l’on perçoit bien que la ligne rouge est franchie, il sait garder la sagesse de la mère légitime de l’enfant qui préfère que l’enfant aille à celle qui la querelle, plutôt que de souffrir que son enfant soit découpé en autant de morceaux qu’il y a de prétendantes à la maternité ou à la propriété. « je ne marcherai pas sur les dépouilles des Camerounais pour accéder à la présidence de la république », clame-t-il sans cesse.
Ce n’est malheureusement pas le type de discours qui impressionne ses adversaires du régime, d’un naturel belliciste à toute épreuve qui, eux, préfèrent plutôt le langage que leur tient depuis bientôt trois ans les groupes armés « Ambazoniens ».