Cameroun : Le prisonnier politique anglophone Tangem Thomas meurt menotté sur un lit d’hôpital

Cameroonvoice en avait alerté l’opinion et les autorités compétentes dans un article publié le 1er août dernier sur nos pages. Et si le public en avait été particulièrement choqué, les responsables de cet état de choses n’ont pas manifesté le moindre frémissement.

Jusqu’à ce que l’on apprenne hier, 5 août le décès sur son lit d’hôpital où il était menotté depuis son internement, du prisonnier politique anglophone  Tangem Thomas, incarcéré sans jugement depuis 2017, après avoir été arrêté -comme des centaines d’autres personnes- lors des manifestations des populations des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest (NOSO) contre la marginalisation et la maltraitance de la minorité anglophone du Cameroun.

Comme tous ses congénères incarcérés, l’ingénieur en tôles métalliques aujourd’hui défunt, faisait l’objet d’une accusation pour hostilité à la patrie et de sécession.

L’aggravation de son état de santé déjà sérieusement détérioré par un diabète très avancé avait conduit à son hospitalisation à l’hôpital central de Yaoundé où il restera menotté sur son lit malgré les objections du personnel médical qu’insupporte ce type de traitement infligé par leurs geôliers à tous les prisonniers étiquetés pro-sécessionnistes anglophones qui y sont internés.

Le décès dans les conditions que l’on sait, et ce malgré l’alarme donnée par la presse et de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme constitue un sérieux élément parmi une foultitude, justifiant que beaucoup continuent de douter d’un possible retour à la normale dans les régions anglophones aujourd’hui résolument sécessionnistes.

Il faut rappeler que l’idée même de sécession est née dans les esprits des Camerounais du Nord-Ouest et du Sud-ouest à la suite de la violente répression fin 2016-mi-2017, soldée par des morts et des arrestations, des manifestations corporatistes pacifiques  des avocats et enseignants anglophones.

La perpétuation de cette répression, le refus de juger les personnes arrêtées ou de permettre à leurs proches d’avoir de leurs nouvelles, la déclaration de guerre faite le 30 novembre 2017 par le président camerounais Paul Biya à « des terroristes se réclamant d’un mouvement sécessionniste », ainsi que l’arrestation au Nigeria en janvier 2018, l’extradition et l’enfermement au Cameroun, des leaders sécessionnistes Sissiku Julius Ayuk Tabe et autres, et surtout les nouvelles plus ou moins fondées de tortures atroces à eux infligées, avaient poussé des anglophones à former des groupes armés pour donner la réplique aux forces de défense et de sécurité camerounaises considérées dès lors comme des “oppresseurs”.           

Depuis, ce que l’on avait appelé « la crise anglophone » est devenue une véritable guerre civile, avec à ce jour un bilan tout simplement catastrophique : 12.000 morts officiellement (plus de 40.000 morts selon les populations et des ONGs de défense de droits de l’homme, au moins 200 villages incendiés par l’armée, près d’un million de déplacés internes (anglophones ayant fui leurs localités d’origine pour se réfugier dans des villes francophones), près de 60.000 autres exilés au Nigeria, en Afrique du sud et dans d’autres pays du globe, plus d’un demi millions d’enfants et de jeunes personnes privés de scolarité.

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