Chose promise, chose due ? La situation politique au Cameroun a tout l’air, depuis 24 heures, sinon d’une boite de pandore dont le seul frémissement du couvercle laisserait sortir d’innombrables démons, du moins d’un remake de ce qui s’est passé il y a quelques semaines au Mali.
Alors que de nombreux Camerounais disent depuis des semaines leur détermination de voir le régime tenir compte de leurs aspirations dans la marche des affaires du pays au lieu de leur dicter uniquement ses quatre volontés, la convocation, lundi 7 septembre 2020 par le président de la république du corps électoral en vue des élections régionales, apparait aux yeux de ceux qui y avaient posé des conditions préalables du reste justifiées, comme une déclaration de guerre en bonne et due forme. Un défi que bon nombre de ses compatriotes, sous la houlette de Maurice Kamto, se disent déterminés à relever, au prix de leurs vies ou de leur liberté.
Les clarifications relatives à cette disposition ont été faites lundi, par le porte-parole du leader du MRC, Olivier Bibou Nissack, qui accordait un entretien à nos confrères en ligne Afrik Inform.
A la question du journaliste de savoir à quoi il faut s’attendre concrètement après la mise en garde du président national du MRC qui, lors d’un point de presse donné le 24 août dernier, a menacé de mobiliser les Camerounais au cas où le régime en place était décidé à “organiser les élections régionales sans révision au préalable du code électoral et sans le règlement du conflit qui prévaut en ce moment dans les régions en crise”, le cadre du MRC répondait : « Quelle que soit l’élection pour laquelle le moindre corps électoral sera convoqué, il faut s’attendre à ce que cela opère comme le lancement d’un mot d’ordre en vue d’organiser des manifestation dont le slogan est “Paul Biya doit partir” » (Cliquez ici pour lire la déclaration de Bibou Nissack faite à partir de 17’18’’ jusqu’à 19’43’’).
Il faut tout de même préciser que l’entretien de monsieur Nissack est intervenu avant la publication du décret présidentiel .
Prévisible ?
On voyait venir la chose depuis la sortie publique, le 24 août, du président du Directoire national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), le Pr. Maurice Kamto, qui avait clairement et formellement appelé les Camerounais à se lever sans plus attendre un mot d’ordre quelconque, pour demander le départ de Paul Biya, si le pouvoir passait en force en convoquant les élections régionales avant qu’une solution soit trouvée à la situation intenable qui ravage les deux régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun, avec des conséquences innommables sur le reste du pays dont chaque région compte désormais sa part de dizaines de “morts de la crise anglophone”, d’une part, et d’autre part, avant une révision consensuelle du système électoral du Cameroun, présenté depuis la nuit des temps comme taillé sur mesure pour uniquement entraver l’alternance au profit du régime.
Or lundi, 7 septembre 2020, justement, à travers le décret N° 2020/547 du 07 SEPT 2020 portant convocation des corps électoraux en vue de l’élection des Conseillers régionaux, le président de la République a effectivement convoqué le corps électoral pour la date du 6 décembre 2020.
Une décision dont la publication a fait monter le sang dans les veines des responsables du MRC, poussant le porte-parole de Maurice Kamto à monter au créneau lundi soir pour annoncer la date exacte du départ des manifestations, essentiellement pacifiques, il faut le préciser, en vue d’obtenir le départ définitif du pouvoir du président Paul Biya : le 22 septembre 2020.
a-t-il écrit sur son mur Facebook.
Atanga Nji en embuscade
Bien évidemment, le régime n’entend pas tolérer la moindre manifestation de type à perturber sa quiétude. Aussi a-t-il pris les devants par la voix du ministre de l’Administration territoriale, Atanga Nji paul, qui s’est lui aussi fait très menaçant dans sa mise en garde subséquente à la convocation du corps électoral par le président Paul Biya.
Le ministre qui a fait savoir que « Ces menaces ne sont pas tombées dans des oreilles de sourds », a écrit dans un communiqué qu’il tenait une fois de plus, « à rappeler que le ministère de l’Administration Territoriale est chargé du maintien de l’ordre et de la protection des personnes et de leurs biens, de l’encadrement des activités des partis politiques, des ONG entre autres. ». « Aucun écart de comportement ne sera toléré de quelque parti politique que ce soit ou de qui que ce soit », a conclu monsieur Nji.
Ceci étant, pour qui connaît la détermination de Kamto et des siens à faire en sorte que les Camerounais se réapproprient leurs droits civiques, d’un côté, et celle du régime dont Atanga Nji est l’une des figures représentatives à faire en sorte que prévale le statu quo, nul doute qu’il y a de graves échauffourées en perspectives.